dimanche 25 novembre 2018

"X-Men" : L'Intégrale 1984 (Panini Comics ; juin 2005)

Le huitième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en juin 2005 ; il compte douze numéros pour deux cent quatre-vingt-dix planches (approximativement). Cet épais recueil cartonné (avec jaquette) compile tous les "Uncanny X-Men" de l'année 1984, du #177 de janvier au #188 de décembre.
Chris Claremont a écrit tous les scénarios en solo, à l'exception du #186, qu'il a coécrit avec Barry Windsor-Smith. John Romita Jr. a illustré tous les mensuels, sauf le #186, qui a été confié à Windsor-Smith. Dan Green est l'encreur principal de la série ; le reste a été partagé entre Bob Wiacek, Brett Breeding, Terry Austin, et Romita Jr. Enfin, les mises en couleurs ont été réalisées par Glynis Wein, avec le concours de Christie Scheele sur le #186.

À l'issue du tome précédent, Callisto et Sunder promettent à Caliban d'exaucer son vœu, celui de faire revenir Kitty. Après une sacrée frayeur, l'hydravion de Scott et Madelyne finit par décoller.
Mystique se promène sur le site d'une fête foraine. L'endroit est étrangement désert. Elle se souvient qu'enfant, elle avait pour projet de fuguer afin de rejoindre les gens du voyage. Tandis qu'elle est plongée dans ses pensées, Wolverine l'attaque par-derrière. Elle parvient à esquiver son assaut, mais le mutant griffu la blesse quand même. Elle lui assène en pleine tête un coup de botte qui aurait abattu un homme ordinaire. Énervé, Wolverine reprend l'offensive ; son direct rate Mystique de peu et n'atteint que la vitre du guichet. Elle lui sectionne la carotide - son seul et unique point faible - du tranchant de la main gauche. Il devrait saigner à blanc ; son pouvoir d'autoguérison lui sera inutile. Un instant plus tard, Kitty Pride arrive sur les lieux. Apercevant le corps de Logan, elle court lui porter secours. Mais Mystique, qui a copié l'apparence de Wolverine, profite de l'inexpérience de l'adolescente, et la supprime d'une botte fatale avant de reprendre ses propres traits. Colossus entre en scène. La vue du cadavre de Kitty l'a plongé dans une redoutable colère...

L'équilibre de ces épisodes pâtit de la participation des X-Men à l'événement "Secret Wars" (mai 1984). À la suite de cela, Claremont semble éprouver des difficultés à recadrer l'univers des X-Men et à se connecter à un fil conducteur inspiré suffisamment riche pour lui permettre de l'exploiter pendant plusieurs numéros. L'année commence pourtant plutôt bien, avec quatre très bons chapitres ; le scénariste met ainsi en scène Arcade, la Confrérie des mauvais mutants, puis les Morlocks, et établit un parallèle entre un professeur Xavier ivre de bonheur après avoir recouvré l'usage de ses jambes, et une Ororo qui traverse une phase de déprime. Claremont essaie de gérer l'impact de "Secret Wars" ; le lecteur s'étonnera de retrouver les X-Men en train de combattre un dragon au Japon - sans intérêt. L'intrigue politique avance avec lenteur, bien que c'est de là que viennent les deux développements importants de l'année : la création de Forge, et Ororo perdant ses pouvoirs. La rencontre entre les deux êtres offre un numéro magistral avec de belles joutes émotionnelles, dans un chapitre qui combine science-fiction et horreur. Même si l'affrontement avec les Spectres noirs a des allures de déjà-vu, Claremont prouve que l'inspiration est toujours présente. Lui faut-il un artiste accompli afin de la déclencher, comme avec John Byrne ? L'auteur donne l'impression de s'éparpiller, avec un excédent de personnages tragiques à gérer dans ses scénarios : outre Tornade, il y a Malicia, Rachel Summers, et la relation entre Peter et Kitty, qui prend une direction inattendue. L'intrigue avec Séléné éloigne trop les récits de la question mutante. Graphiquement, c'est très satisfaisant. Le travail de Romita Jr. est largement inspiré du classicisme de l'Âge de bronze. Il produit un rendu très réussi sur les visages, bien que ces derniers demeurent lisses. Ses fonds de cases sont souvent rudimentaires. La différence de maturité et d'expressivité de trait avec le style de Windsor-Smith permet de jauger la distance entre ces deux dessinateurs.
La traduction de Geneviève Coulomb, dans l'absolu, pourrait être acceptable, s'il n'y avait ces fautes de français, ces onomatopées non transposées. Sa longévité au poste de traductrice de ce titre et la pauvreté de la maquette étonneront toujours.

L'année 1984, malgré quelques très bons numéros, pâtit d'une synchronisation après l'événement "Secret Wars", ainsi que d'un éloignement de la question mutante pour des intrigues plutôt tournées vers la magie. Le #186, en revanche, est un pur joyau.

Mon verdict : ★★★

Barbuz

4 commentaires:

  1. C'est en lisant ton commentaire que je me suis aperçu que je n'ai pas lu ces épisodes, à l'exception du 186 bien sûr. Du coup, je ne vais pas me lancer à leur recherche. Tes remarques sur Secret Wars montrent bien que déjà a cette époque l'extension de la franchise X-Men ne permettait plus à Chris Claremont d'assurer une cohérence au sein de la population de mutants toujours plus nombreuse.

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    1. Oui. À cause de cela, ou pour cela, il en délaisse les personnages déjà existants, à l'exception de Tornade, qui est devenue largement plus captivante que Diablo, Wolverine ou les autres. Ce type de format ne permet à Claremont de traiter tous les personnages avec la même attention.

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  2. Différentes interviews laissent à penser que Wolverine fut plutôt le chouchou de Byrne, et que par la suite Claremont a dû composer avec la popularité sans cesse grandissante du mutant griffu, et que Kurt Wagner fut le chouchou de Dave Cockrum qui réalisera une minisérie du personnage. Il y avait aussi un vraie volonté de la part de Claremont de ne pas figer l'équipe des X-Men dans une stase immuable et stérile, de faire évoluer sa composition régulièrement pour conserver de la nouveauté au fil des mois, des années, et des séries. Du coup les personnages relégués au second rang par Claremont se faisaient désirer ou pouvaient être développés par d'autres scénaristes dans d'autres séries.

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    1. En tout cas, en 1984-1985, s'il y en a une qui bénéficie d'un traitement de faveur, c'est Tornade. Elle aura un autre numéro coproduit avec Windsor-Smith en 1985. Et c'est tant mieux, parce que c'est sans doute le personnage pour lequel j'ai un gros faible.

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