dimanche 25 novembre 2018

Thorgal (tome 26) : "Le Royaume sous le sable" (Le Lombard ; novembre 2001)

"Le Royaume sous le sable" est le vingt-sixième volume de "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en novembre 2001. C'est la conclusion du cycle dit du "Viking errant", le septième.
L'histoire est de Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. Couverture, dessins et encrage sont réalisés par Grzegorz Rosiński, qui a annoncé quitter le titre en août 2018. La mise en couleurs est signée Graza Kasprzak. L'album compte quarante-six planches.

À l'issue du tome précédent, Armenos formule un antidote au Mal bleu, et Zarkaj partage le trône du royaume de Zhar avec Zajkar. Thorgal et sa famille reprennent leur périple itinérant.
Les Ægirsson se sont arrêtés sur une terre quasi désertique. Leur barque est ancrée à quelques brasses de là. Aaricia exprime son insatisfaction à son mari. Ils ont quitté leur île il y a plus de deux ans déjà, et cela fait plusieurs semaines qu'ils longent la côte de cette région sauvage. Aaricia tente de le convaincre qu'il ne trouvera jamais le pays idéal qu'il cherche, qui n'existe que dans les rêves de son époux. Elle souhaite rentrer chez les siens, au Northland, et veut que leurs enfants grandissent avec des compagnons de leur âge et qu'ils vénèrent les mêmes dieux. Thorgal rétorque que le Nord n'est plus leur patrie ; il y est hors la loi. Et puis, Aaricia et les enfants n'en ont-ils pas été bannis ? Jolan, qui a été chercher des brindilles pour le feu, intervient ; il répète ce qu'il a déjà raconté à son père, que Gunnar, le chef des Vikings du Nord, a annulé ce bannissement. Gunnar sait que Kriss de Valnor manipulait Thorgal lorsqu'il pensait être Shaïgan-sans-Merci. Le garçon alimente le feu, et termine en affirmant que s'ils le veulent, ils peuvent rentrer au Northland. Aaricia adresse un regard colérique à son époux, sous les yeux de leur fille. Ægirsson jette son épée au sol, marche jusqu'au bord de l'eau et se replie sur lui-même. Jolan le suit pour lui parler...

"Le Royaume sous le sable" est la conclusion du cycle du "Viking errant", le septième de la série, celui à l'issue duquel Thorgal est censé mettre fin à son errance et retourner au Northland à la demande insistante d'Aaricia, lassée d'être ballottée de contrée hostile en pays sauvage, d'autant qu'elle se soucie de la vie sociale et spirituelle de ses enfants. Ce récit commence avec une invraisemblance que d'aucuns auront des difficultés à accepter comme un caprice divin ; les Ægirsson posent pied à terre dans une région désertique, et ils y rencontrent - comme par enchantement - les derniers survivants du Peuple des Étoiles. Cela ne s'améliore guère lorsque Thorgal fait la connaissance de Sargon et Orchias. Le premier est un petit homme vieillissant, fielleux et tyrannique affublé d'un nez hypertrophié et irréaliste qui lui confère un aspect indéniablement ridicule. Son bras droit, Orchias, est un grand dadais barbu autoritaire et brutal qui ne brille pas par son intelligence. Hélas, ce matériau peu prometteur s'enfonce dans la platitude tandis qu'est dévoilé le projet de Sargon, qui n'est autre que conquérir la planète au nom de la race atlante, la race supérieure de l'humanité, afin que les Atlantes redeviennent les maîtres du monde. S'ensuit une série de poncifs et de banalités, de la prise d'otages au chantage en passant par l'inévitable évasion, sans oublier les rebondissements à profusion. La scène du lac souterrain ressemble fortement à celle de la rivière du tome précédent. En fin de compte, il n'y a guère d'émotion et peu de surprises qui émergent de ce volume, dont le dénouement laisse supposer une crise d'inspiration. Ce scénario ne compte finalement que quelques éléments intéressants : la volonté des Ægirsson de rentrer chez eux (surtout Aaricia), et la création de deux nouveaux personnages qui restent avec Thorgal et les siens, Ilenya et son frère Tiago. La réussite de la partie graphique permet plus ou moins de racheter cet album, et elle doit beaucoup à la mise en couleurs de Graza. Les paysages désertiques sont de toute beauté, comme les scènes du labyrinthe avec ses jeux d'ombre et de lumière. Les visages des personnages sont peut-être moins réguliers, moins soignés que par le passé. Rosiński nous gratifie cependant d'une magnifique double planche qui résume les grands moments de la série. Les ruines du royaume atlante favorisent l'onirisme.

"Le Royaume sous le sable" est sans doute l'aventure la moins intéressante et la moins convaincante de toute l'ère Van Hamme. Le filon du Peuple des Étoiles est épuisé depuis "Le Cycle du Pays qâ", et il dérive ici vers une intrigue qui frôle la caricature.

Mon verdict : ★★☆☆☆

Barbuz

2 commentaires:

  1. Houlà ! Que 2 étoiles. Je ne sais pas si la présence des derniers survivants du Peuple des Étoiles m'aurait autant choqué que toi. Dans les quelques tomes que j'avais lu, j'avais associé l'utilisation de la mythologie (réarrangée par Jean Van Hamme) à la forme du conte qui utilise régulièrement ce genre de coïncidence opportune.

    L'enchaînement des péripéties et des retournements convenus a dû être particulièrement artificiel pour que même la présence de représentants du Peuple des Étoiles ne suffise pas à susciter ton intérêt.

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    1. Oui. J'ai hésité entre deux et trois. Mais ce tome-ci étant l'album de la série qui m'a ennuyé le plus jusqu'ici, c'est la sévérité qui l'a emporté. Je n'y ai pas trouvé grand-chose ; sa commence bien, pourtant. Mais ça part vite en sucette. Je reproche surtout à Van Hamme de surexploiter le filon du Peuple des Étoiles et l'aspect caricatural de certains protagonistes.

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