lundi 22 avril 2019

"X-Men" : L'Intégrale 1985 (II) (Panini Comics ; avril 2007)

Le onzième tome de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en avril 2007 ; il compte six chapitres pour deux cent soixante-dix planches approximativement. Ce recueil compile (dans le désordre) les "Uncanny X-Men" #199 (novembre) et 200 (décembre), "X-Men and Alpha Flight" #1 et 2 (décembre 1985 et janvier 1986), "New Mutants Special Edition" #1 (septembre 1985), et "Uncanny X-Men Annual" #9 (décembre). L'éditeur a réparti les épisodes de l'année 1985 sur deux volumes, mélangeant série régulière et numéros spéciaux, sans justification très claire.
Chris Claremont a écrit toutes les histoires en solo. Paul Smith dessine l'arc consacré à Alpha Flight ; l'encrage est de Bob Wiacek, la mise en couleurs de Glynis Oliver, puis de Bob Sharen. John Romita Jr. se charge des épisodes mensuels, avec Dan Green, et Oliver. Arthur Adams réalise le "New Mutants Special Edition", avec Terry Austin, Christie Scheele, et enfin, l'annuel "Uncanny X-Men", avec Al Gordon, Mike Mignola, et Petra Scotese.

À l'issue du tome précédent, Nemrod rend la justice seul, selon ses propres critères. En Afrique, Ororo survit. Puis Kitty Pride et Colossus participent à la fête d'anniversaire d'Arcade, malgré eux. 
Scott Summers et Madelyne Prior, à bord d'un Lockheed "Hercules" de la compagnie aérienne Northstar, conduisent une équipe de scientifiques (des Américains et des Canadiens) vers le désert arctique. Ils survolent l'Alaska, lorsque des turbulences se font sentir, provoquant l'inquiétude chez certains passagers. Summers quitte le poste de pilotage pour les rassurer. Il commence par Paul Domenic et le Dr Jeanne Chrétien. L'attention de Summers est attirée par le carnet de croquis de Domenic, qui est à la fois architecte et ingénieur ; celui-ci lui montre d'étranges esquisses. Puis il s'enquiert du confort de Phil Descard, botaniste, qui n'a qu'une envie, arriver et installer son laboratoire. Carla Ballinger, la cuisinière, dort paisiblement. Plus loin, le Dr Boyd Wilson et Jacques Moreau ont un vif débat ; les mutants en sont le sujet...

Pourquoi ne pas avoir regroupé tous les numéros de la série régulière dans le premier tome consacré à cette année-là, et tous les annuels dans le second ? Le lecteur devra, sans doute à regret, laisser à l'éditeur la responsabilité du choix du découpage ainsi que la décision de non-respect de l'ordre chronologique des parutions. De toute façon, il est évident que cette succession de publications hors série ne peut avoir la densité d'une compilation d'épisodes du titre mensuel. Le premier arc met les X-Men face à la super-équipe canadienne dans une version empoisonnée du paradis où certains se meurent alors que d'autres voient leurs fantasmes ou désirs secrets devenir réalité. C'est satisfaisant et brillamment illustré par Smith, qui nous gratifie de quelques cases surprenantes, dans un style sobre (les arrières plans sont réduits à leur strict minimum) et classique, marqué d'une légère touche personnelle. Tout cela est néanmoins trop loin de la question de la "mutanité", hélas, et aurait davantage convenu aux Vengeurs, voire aux Quatre Fantastiques qu'aux X-Men, Division Alpha ou pas. Le grand moment, c'est bien sûr le procès de Magneto, deux numéros du titre entre lesquels vient s'intercaler un arc touffu et interminable en deux parties dans lequel Loki s'entiche d'Ororo ; cela provoque une kyrielle d'événements sous la forme d'un conte bavard et agité aux accents grotesques, avec une liste de protagonistes à n'en plus finir. Ceci n'enlève rien à l'incroyable talent d'Adams ou à l'indéniable personnalité de son trait ; l'artiste fait des merveilles et produit des cases d'une richesse parfois admirable (le visage tuméfié d'Illyana Rasputina). Le procès de Magneto, avec un professeur Xavier diminué, pourra encore aujourd'hui surprendre par la qualité de la prose de Claremont, dont les dialogues sont ce que l'auteur a pu écrire de plus juste ; le scénariste parvient à soulever un véritable dilemme dans le cœur du lecteur. Romita Jr. assure une partie graphique impeccable, avec un découpage limpide et des personnages aisément identifiables.
Dans l'absolu, le travail de Geneviève Coulomb, est acceptable, faute de mieux ; cependant, son texte est parfois littéral, et certaines onomatopées n'ont pas été traduites. Hélas, côté maquette les couvertures figurent toujours en fin de recueil. 

Le second volet de l'année 1985, malgré des idées intéressantes, souffre d'une pléthore d'intervenants et d'un éloignement du fil conducteur des questions de société soulevées par la mutanité. Néanmoins, le procès de Magneto empêche le naufrage.

Mon verdict : ★★☆☆

Barbuz

4 commentaires:

  1. Cette fois-ci, je trouve bien sévère avec les épisodes annuels et spéciaux. Il se trouve que Marvel les avait réédités dans un format un peu plus grand et qu'ils font partie de ceux que je préfère. L'article correspondant se trouve sur le site de Bruce. J'arrive à comprendre que tu aurais préféré les avoir dans un tome à part, mais c'était prendre le risque pour Panini que les lecteurs sautent ce tome.

    http://www.brucetringale.com/le-droit-de-rever/

    Pour les épisodes 199 & 200, je crois me souvenir que le grand vitrail de Notre Dame résiste moins bien aux mutants qu'il n'a résisté à l'incendie de la semaine dernière.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je déplore autant le contenu de ces numéros que l'approche éditoriale de Panini Comics, qui noie le procès de Magneto entre deux spéciaux.
      C'est surtout l'épisode avec les Nouveaux Mutants qui a fini par me saouler.
      Claremont se disperse avec ses nouveaux personnages, et entre-temps, certains intrigues n’avancent guère (c'est notamment à Nemrod que je pense). Pour ma part, ces aventures sont hors contexte, mais je comprends, à la lecture de ton article, les qualités que tu as pu leur trouver.

      Supprimer
  2. Concernant Nemrod, je garde le même souvenir que ce que tu évoques : une nouvelle sentinelle très prometteuse dont l'intérêt se délite au fur et à mesure qu'elle apparaît de plus en plus sporadiquement. C'est vrai que la progression de l'histoire de Magneto se retrouve ainsi entrecoupée et doit perdre de son élan.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas encore rebondi sur ta remarque concernant le vitrail de Notre-Dame ; triste coïncidence, effectivement.

      Supprimer