"Bloodshot Island", le quatrième volume (le final) de "Bloodshot Reborn", est sorti chez Bliss Comics en avril 2017. Il compile les numéros VO #14-18 (de juin à octobre 2016) et les quatre récits du "Bloodshot Reborn Annual 2016" #1, de mars 2016. Il compte approximativement cent soixante-dix planches - bonus non inclus.
Jeff Lemire écrit les scénarios. Mico Suayan illustre les quatre premiers, mis en couleurs par David Baron, et Tomás Giorello le dernier (avec Diego Rodriguez et Andrew Dalhouse). Ray Fawkes, Michel Fiffe, Kano, Joe Bennett, Belardino Brabo, Jay Fabares, Pete Pantazis, Benjamin Marra, José Villarrubia réalisent l'annuel.
À l'issue du tome précédent, Bloodshot se réveille. Il s'extrait difficilement de sa couveuse, puis sort du bunker. À l'extérieur, une forêt dense. Il appelle Magic ; hélas, c'est Bloodsquirt qui répond.
Bloodshot regarde autour de lui et se demande où il se trouve. Il ignore les railleries de Bloodsquirt. Il s'élance à travers les bois en criant le nom de Magic et débouche sur une plage sous les moqueries de son acolyte imaginaire, qui, boudeur, finit par lui déclarer qu'il le laisse se débrouiller. Garrison descend vers la mer. Il se heurte à une étrange paroi qu'il n'avait pas vue. C'est un champ de force qu'il ne parvient à distinguer qu'en se concentrant et en utilisant ses nanites. La muraille est dense ; il ne pourra pas la traverser. Un bruit de tonnerre retentit soudainement. Bloodshot se retourne et aperçoit une déflagration derrière la jungle, accompagnée d'une seconde détonation. Appelant sa bien-aimée une énième fois, il court vers les arbres, entre la cime desquels il remarque une silhouette humaine fendre le ciel. Les explosions se rapprochent dangereusement. Dans sa fuite pour se mettre à l'abri, son pied bute contre un objet métallique enterré dans le sol. Garrison pense d'abord à un piège, une bombe, mais ses nanites ne repèrent aucun dispositif électronique. C'est un coffre, rempli d'armes et de munitions. Il entend alors un bruit derrière lui ; désormais équipé, il se prépare à ouvrir le feu...
Bien qu'il s'agisse du dernier tome de "Bloodshot Reborn", ce n'en est cependant pas l'épilogue, qui est conté dans "Bloodshot USA". Lemire se montre inspiré. L'idée sur laquelle il construit son intrigue est prometteuse : non, Ray Garrison n'est pas la première créature du Projet Rising Spirit, mais le dernier-né en date d'une lignée de soldats à la peau d'albâtre et aux yeux rouges dont l'ancêtre est Tank Man, conducteur de chars d'assaut de la Seconde Guerre mondiale. La troupe compte encore Viet Man, soldat afro-américain sensible aux questions sociales, ancien du Viêtnam, Quiet Man, vétéran du Golfe, et Cold Man, variante soviétique capturée lors de la guerre froide, sans oublier le chien (un clin d'œil à Krypto ?)... Lemire s'efforce de leur donner un embryon de personnalité propre à chacun. Tous sont désabusés, et à l'exception de Garrison, seul le survivant du second conflit mondial reste optimiste ; est-ce parce que les États-Unis ont lancé là leur dernière intervention militaire qualifiable de "juste" ? Triste sort que le leur, condamnés, tel Sisyphe, à répéter la même tâche, traqués par une créature qui leur est supérieure, et observés par les pontes pervertis du projet Rising Spirit. Évidemment, Bloodshot sera le grain de sable dans cette version moderne des jeux (vidéo ?) du cirque. Hélas, le dénouement ne parvient pas à éviter l'écueil du grand spectacle, et cette série, dont les protagonistes opéraient dans l'ombre, perd soudainement de son charme. Dans les épisodes de l'annuel, le lecteur apprend enfin que cette initiative a connu quelques insuccès qui ont ensuite été alimenter de bien macabres légendes urbaines. La partie graphique est de haut niveau. Les deux artistes évoluent dans un style réaliste - Giorello un poil moins. Les planches de Suayan sont admirables : dynamisme de la narration visuelle, limpidité, expressivité, fluidité du mouvement, diversité du découpage, arrière-plans soignés... Tout y est. La mise en couleurs de Baron parachève le tout. L'épisode dessiné par Giorello ne suscite pas le même degré d'enthousiasme.
La traduction est de Mathieu Auverdin (des studios MAKMA) ; comme dans les trois autres recueils, il produit un travail satisfaisant dans le respect du texte. Maquette impeccable : table des matières, couvertures originales insérées entre les chapitres...
Après avoir écrit des numéros captivants, Lemire tombe dans le piège de la catastrophe de masse dans une conclusion qui laissera sceptique. Après avoir évolué dans l'ombre, le projet est brutalement révélé au grand jour et la vraisemblance en pâtit.
À l'issue du tome précédent, Bloodshot se réveille. Il s'extrait difficilement de sa couveuse, puis sort du bunker. À l'extérieur, une forêt dense. Il appelle Magic ; hélas, c'est Bloodsquirt qui répond.
Bloodshot regarde autour de lui et se demande où il se trouve. Il ignore les railleries de Bloodsquirt. Il s'élance à travers les bois en criant le nom de Magic et débouche sur une plage sous les moqueries de son acolyte imaginaire, qui, boudeur, finit par lui déclarer qu'il le laisse se débrouiller. Garrison descend vers la mer. Il se heurte à une étrange paroi qu'il n'avait pas vue. C'est un champ de force qu'il ne parvient à distinguer qu'en se concentrant et en utilisant ses nanites. La muraille est dense ; il ne pourra pas la traverser. Un bruit de tonnerre retentit soudainement. Bloodshot se retourne et aperçoit une déflagration derrière la jungle, accompagnée d'une seconde détonation. Appelant sa bien-aimée une énième fois, il court vers les arbres, entre la cime desquels il remarque une silhouette humaine fendre le ciel. Les explosions se rapprochent dangereusement. Dans sa fuite pour se mettre à l'abri, son pied bute contre un objet métallique enterré dans le sol. Garrison pense d'abord à un piège, une bombe, mais ses nanites ne repèrent aucun dispositif électronique. C'est un coffre, rempli d'armes et de munitions. Il entend alors un bruit derrière lui ; désormais équipé, il se prépare à ouvrir le feu...
Bien qu'il s'agisse du dernier tome de "Bloodshot Reborn", ce n'en est cependant pas l'épilogue, qui est conté dans "Bloodshot USA". Lemire se montre inspiré. L'idée sur laquelle il construit son intrigue est prometteuse : non, Ray Garrison n'est pas la première créature du Projet Rising Spirit, mais le dernier-né en date d'une lignée de soldats à la peau d'albâtre et aux yeux rouges dont l'ancêtre est Tank Man, conducteur de chars d'assaut de la Seconde Guerre mondiale. La troupe compte encore Viet Man, soldat afro-américain sensible aux questions sociales, ancien du Viêtnam, Quiet Man, vétéran du Golfe, et Cold Man, variante soviétique capturée lors de la guerre froide, sans oublier le chien (un clin d'œil à Krypto ?)... Lemire s'efforce de leur donner un embryon de personnalité propre à chacun. Tous sont désabusés, et à l'exception de Garrison, seul le survivant du second conflit mondial reste optimiste ; est-ce parce que les États-Unis ont lancé là leur dernière intervention militaire qualifiable de "juste" ? Triste sort que le leur, condamnés, tel Sisyphe, à répéter la même tâche, traqués par une créature qui leur est supérieure, et observés par les pontes pervertis du projet Rising Spirit. Évidemment, Bloodshot sera le grain de sable dans cette version moderne des jeux (vidéo ?) du cirque. Hélas, le dénouement ne parvient pas à éviter l'écueil du grand spectacle, et cette série, dont les protagonistes opéraient dans l'ombre, perd soudainement de son charme. Dans les épisodes de l'annuel, le lecteur apprend enfin que cette initiative a connu quelques insuccès qui ont ensuite été alimenter de bien macabres légendes urbaines. La partie graphique est de haut niveau. Les deux artistes évoluent dans un style réaliste - Giorello un poil moins. Les planches de Suayan sont admirables : dynamisme de la narration visuelle, limpidité, expressivité, fluidité du mouvement, diversité du découpage, arrière-plans soignés... Tout y est. La mise en couleurs de Baron parachève le tout. L'épisode dessiné par Giorello ne suscite pas le même degré d'enthousiasme.
La traduction est de Mathieu Auverdin (des studios MAKMA) ; comme dans les trois autres recueils, il produit un travail satisfaisant dans le respect du texte. Maquette impeccable : table des matières, couvertures originales insérées entre les chapitres...
Après avoir écrit des numéros captivants, Lemire tombe dans le piège de la catastrophe de masse dans une conclusion qui laissera sceptique. Après avoir évolué dans l'ombre, le projet est brutalement révélé au grand jour et la vraisemblance en pâtit.
Mon verdict : ★★★☆☆
Le grand spectacle - J'ai ressenti comme toi ce virage de la série vers du spectaculaire de grande ampleur au détriment des personnages, et bien sûr de leur clandestinité. J'ai également été un peu déçu par l'utilisation du nom Deathmate (qui fut le titre d'un crossover Valiant/Image en 1993/94), et j'ai été tout autant impressionné que toi par Mico Suayan.
RépondreSupprimerAprès Bloodshot USA, il y a encore Bloodshot Salvation, toujours écrit par Jeff Lemire.
C'est exactement ça ; Lemire met de côté l'aspect clandestinité pour le transformer en une sorte d'épidémie qui va ravager le monde entier. Je crois me souvenir que ta lecture de "Bloodshot USA" ne t'avait pas laissé de souvenirs impérissables.
SupprimerC'est exactement ça : je n'en garde aucun souvenir. Je suis allé voir sur amazon : 4 étoiles pour le tome 1, 3 étoiles pour les tomes 2 & 3.
RépondreSupprimer