"The Punisher" est une série en dix-huit tomes (d'avril 2004 à janvier 2011), sortis chez Panini Comics, sous le label adulte MAX, qui reprend les soixante-quinze numéros VO (mars 2004 à octobre 2009). Publié en mai 2008, "Punisher présente Barracuda" est une mini-série dérivée en cinq parties (en VO, "Punisher presents Barracuda", d'avril à août 2007). Depuis 2013, Panini Comics réédite le titre sous un autre format à raison de deux histoires par volume. Le présent article a pour sujet la première édition, un album à couverture flexible d'approximativement cent pages.
Garth Ennis (voir "Preacher", "The Boys", ou "Hellblazer") écrit le scénario. Les dessins sont signés par le Croate Goran Parlov (il produit son propre encrage) et mis en couleurs par Dan Brown. Cette histoire hors série n'est pas la première collaboration entre Ennis et Parlov, le tandem ayant déjà réalisé "Barracuda" (2006).Un soir, à Miami, dans un recoin d'une impasse sombre et crasseuse. Barracuda remonte sa braguette, l'air diablement satisfait, et regarde s'éloigner un grand travesti en robe courte orange qui se nettoie la bouche avec sa langue et glisse un billet dans son décolleté. Un sourire béat aux lèvres, le gaillard se dit que la nuit ne fait que commencer. Il quitte l'endroit et retrouve une rue animée. Il rejoint un groupe d'Afro-Américains réunis devant une Cadillac Eldorado décapotable rouge, dont l'autoradio diffuse un titre de rap aux paroles à connotation machiste et sexuelle. Les types, armés, sont au nombre de cinq. Vraisemblablement membres d'un gang, ils écoutent l'un d'eux, Gundog, conter son dernier "exploit" : avoir tué un gusse qui avait manqué de respect à "sa" voiture. Soudain, les quatre larrons écarquillent les yeux ; Gundog se retourne et se retrouve nez à nez avec Barracuda. Il perd ses moyens et se met à bégayer. Les autres détalent. Barracuda lui ordonne de déguerpir et il ne demande pas son reste, mais le colosse le rappelle et réclame la clé du véhicule ; tremblant, le truand la lui rend. D'un sourire carnassier, Barracuda lui affirme qu'il est un pote. Gundog, lui, ne retient plus ses urines...
L'action se déroule peu après les événements de "Barracuda", qu'il sera utile de relire. Au programme de cette histoire improbable pleine de punch et de dialogues franchement drôles, un écosystème "stupéfiant", au sein duquel chacun tente de se débarrasser de l'autre en nouant des alliances : des mafiosi, un baron du crime organisé sosie de Christopher Walken, un trafic de drogue, l'ingérence US dans les petits pays d'Amérique latine (socialistes) pour en faire des républiques bananières, des vestiges du reaganisme, une ex-star du cinéma pornographique négligée par son dictateur de mari, un officier des forces spéciales qui se travestit, un comptable qui évoque Trump (sans doute un hasard), un curé irlandais pédophile (Ennis serait-il orangiste ?), ou des rivalités entre agences fédérales. Dans ce cocktail détonnant qui fleure bon la série B d'action des années quatre-vingt, le colosse cherche avant tout à satisfaire ses propres intérêts et ne rechigne pas à tourner la page de certaines anciennes "amitiés" après les avoir exploitées. Son cynisme surprendra, mais n'entamera pas le capital sympathie que le public ressent pour ce sociopathe à la candeur déroutante. En revanche, Oswald, lui, est énigmatique. Quelles étaient les intentions des auteurs en créant ce jeune homme malingre, sans charisme, ennuyeux, terne, affublé de culs-de-bouteille, cette caricature décalée ? S'agissait-il de représenter l'extrême opposé du principal protagoniste afin de renforcer cette sympathie un peu coupable que le lecteur éprouve à son égard ? Qui sait. La partie graphique est très satisfaisante. Parlov use d'un trait assez réaliste, même s'il exagère - pour le meilleur effet - certaines caractéristiques de ses personnages (les biceps). En général, l'artiste produit des arrière-plans pauvres, réduits à leur plus simple aspect, qui ne sont enrichis que lorsque cela le justifie. Parlov privilégie un découpage en quatre à cinq bandes horizontales, chacune contenant rarement plus d'une case. Notons aussi l'expressivité des visages ainsi que la diversité des cadrages.
La traduction est de Nicole Duclos. Dans l'ensemble, le résultat est satisfaisant malgré les difficultés (telles que l'argot des gangs). Côté maquette, l'éditeur groupe les couvertures originales à la fin ; elles auraient dû être insérées en début de chapitre.
Je me demandais quelle note tu lui attribuerais et que serait ton ressenti. Je m'étais également bien amusé avec cette ode à l'outrance, et ce personnage énorme. Goran Parlov est déchaîné, avec l'outrance visuelle, les ressemblances, jusqu'aux 2 agents de la CIA qui ont des moustaches à la Dupondt (une aux extrémités qui rebiquent, une aux extrémités qui tombent). Garth Ennis met en scène tous les clichés de la presse poubelle, mais avec une verve extraordinaire.
RépondreSupprimerJ'ai lu dans un article (je ne me souviens plus de la source) que le personnage de Barracuda avait ensuite été réutilisé, mais par d'autres auteurs. Aurais-tu lu ces épisodes, par hasard ?
SupprimerLes autres apparitions de Barracuda
RépondreSupprimer- Eminem/The Punisher (version alternative du personnage, je ne l'ai pas lu)
- Punisher Noir (version alternative du personnage, je ne l'ai pas lu)
- Space: Punisher (version alternative du personnage, je ne l'ai pas lu)
Le vrai Barracuda intervient dans les épisodes 10 à 11 de la série Fury MAX: My war gone by, par Garth Ennis & Goran Parlov. Ce récit m'a beaucoup plu. Pour un avis détaillé :
https://www.amazon.fr/gp/customer-reviews/R1BDVTIRWSKQ1Z/ref=cm_cr_dp_d_rvw_ttl?ie=UTF8&ASIN=0785162305
Quel dommage qu'Ennis et Parlov n'aient pu offrir au personnage son propre titre.
SupprimerParce que là, ça a le goût de trop peu.