Ce sixième volume de l'intégrale consacrée au personnage de Daredevil est sorti en février 2019. Cet épais recueil cartonné à couverture amovible contient tous les numéros de la série régulière de l'année 1970, de janvier (#60) jusqu'à décembre (#71). Le tome compte deux cent trente planches, approximativement.
Roy Thomas, qui est âgé de trente ans à l'époque, s'est vu transmettre ce titre par son mentor Stan Lee (1922-2018) en avril 1969 (au #51). Il écrit tous les chapitres à l'exception du #67, qu'il cosigne avec Gary Friedrich (1943-2018), et du #70, qui est imaginé par ce dernier. Les dessins de Gene Colan (1926-2011) sont encrés par Syd Shores (1913-1973). Enfin, comme pour le tome précédent, il n'y a ici aucun crédit pour la mise en couleur.
Roy Thomas, qui est âgé de trente ans à l'époque, s'est vu transmettre ce titre par son mentor Stan Lee (1922-2018) en avril 1969 (au #51). Il écrit tous les chapitres à l'exception du #67, qu'il cosigne avec Gary Friedrich (1943-2018), et du #70, qui est imaginé par ce dernier. Les dessins de Gene Colan (1926-2011) sont encrés par Syd Shores (1913-1973). Enfin, comme pour le tome précédent, il n'y a ici aucun crédit pour la mise en couleur.
À l'issue des épisodes de 1969, Matt Murdock finit par révéler sa double identité à Karen Page ; la jeune femme, terrifiée par les risques courus par Daredevil, préfère s'éloigner progressivement.
La nuit. Daredevil est en planque sur les quais, où son enquête sur le Roi de la Pègre l'a mené. Il surveille Shades McGraw et Turk, deux malfrats qui chargent des caisses sur un hors-bord. Il bondit derrière eux le plus silencieusement possible afin de les surprendre, mais une planche du ponton grince, trahissant ainsi sa présence. Il écarte son premier adversaire assez facilement ; c'est ensuite au tour du second, avant que le premier ne revienne à l'attaque et soit mis hors d'état de nuire par un solide direct du gauche. McGraw étant de sa taille et de sa corpulence, Matt enfile les vêtements de ce dernier et applique un maquillage de fortune pour accentuer leur ressemblance, puis il grimpe à bord du bateau pour aller rejoindre le navire du Roi de la Pègre. En chemin, il fait le point sur ce qu'il sait de son ennemi, sur son ascension au sein du crime organisé. Il se remémore ses combats contre deux de ses sbires, le Cascadeur et la Torpille. Ses pensées dérivent vers ses problèmes professionnels, notamment au sujet de Foggy et sa fiancée Debbie, harcelée par un journaliste...
Thomas a-t-il des difficultés à prendre ses marques ? Considère-t-il déjà son passage comme temporaire (Gerry Conway lui succédera dès 1971) ? Toujours est-il que les intrigues sont moyennes et expéditives. L'arc formé par "Le Meurtre de Frère Brimstone" (#65) et "Piège mortel" (#66) sort du lot, mais à l'exception de cette enquête nimbée d'une atmosphère l'épouvante, Daredevil est abonné au menu fretin. Thomas invite une belle brochette de super-vilains de seconde catégorie, tous humiliés les uns après les autres : le Roi de la Pègre, Mister Hyde, Cobra et le Pitre, Nighthawk, l'Homme aux Échasses, le groupe extrémiste Phoenix et son leader Kragg, le gang des Thunderbolts, et le Tribun. Même le Gladiateur a connu de meilleurs jours. Si la relation compliquée entre Matt et Karen est omniprésente (Daredevil part d'ailleurs pour Los Angeles), Thomas évoque quand même deux faits marquants de l'actualité nord-américaine. Le premier (#69) est le procès de vingt-et-un membres du Black Panther Party, inculpés "d'association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de terrorisme". Il est probable que Thomas y fasse intervenir la Panthère noire pour éviter les amalgames et donner du crédit à Daredevil dans une histoire qui touche la communauté afro-américaine. Le deuxième (#70-71) est assurément une référence à la fusillade de l'université d'État de Kent, le 4 mai 1970, dans l'Ohio, où la Garde nationale ouvre le feu sur des étudiants qui manifestaient contre le bombardement et l'invasion du Cambodge par les forces armées américaines, en tuant quatre et en blessant neuf. Le titre est gâté ; il bénéficie toujours du talent de Colan et donc d'une certaine stabilité. Le lecteur admirera les planches du maître, savamment encrées par Shores ; ce travail sur les visages, sur les ombres, cette incomparable science du mouvement, qui produit des effets étonnants lorsque Daredevil se balance devant les néons, cette facilité qu'a l'artiste de varier les plans et les perspectives, ou de diversifier son découpage, ou cette approche de la lumière.
Nicole Duclos réalise une traduction très satisfaisante dans le respect du texte, malgré une faute de conjugaison. Notons quand même une inversion des bulles dans la dernière case de la dixième planche du #69. Hélas, côté maquette, pas d'évolution.
Cette année 1970 représente une somme d'épisodes de transition. Bien que les intrigues soient expéditives et que Thomas multiplie les invraisemblances, l'ensemble se lit sans déplaisir, d'autant que Colan nous offre une partie graphique hypnotique.
Mon verdict : ★★★☆☆
Je n'aurais pas imaginé que le nom du coloriste se soit perdu en cours de route, mais effectivement les sites de références américains ne disposent pas non plus de l'information. L'un d'entre suppute qu'il s'agirait de Michele Robinson (dont je n'ai jamais entendu parler).
RépondreSupprimerEn te lisant, je découvre que Turk Barrett n'a pas été créé par Frank Miller comme je l'avais toujours supposé. Comme toi, je suis toujours sous le charme du talent de Gene Colan : je croise les doigts pour Marvel continue de rééditer ses Tomb of Dracula en recueil autre que le format Omnibus.
Je ne connais pas non plus ce nom de coloriste. La seule Michele Robinson que j'aie trouvée est celle-ci, qui fut l'épouse de Bernie Wrightson : https://en.wikipedia.org/wiki/Michele_Wrightson. Cet article ne laisse néanmoins aucunement supposer qu'elle a travaillé chez Marvel cette année-là. A priori, elle était impliquée dans d'autres projets. En revanche, elle travaillera bien pour Marvel, mais pas avant 1974, semble-t-il.
SupprimerDans mon résumé des premières pages, ce n'est pas de Turk Barrett dont il s'agit. Ce type-là ressemble à la représentation que l'on pouvait se faire de l'archétype du Turc, version entre-deux-guerres et même avant : massif, crâne rasé, et moustache en guidon. Il ne lui manque que le fez. Ce n'est donc pas un Afro-Américain. Utiliser "Le Turc" et non pas "Turk" aurait donc été plus judicieux de la part de la traductrice. En revanche, Turk Barrett est effectivement créé dans ces pages ; il fait partie du gang des Thunderbolts (épisode #69, celui d'octobre).
Merci pour avoir levé cette confusion entre les 2 Turk, voilà de la précision niveau expert confirmé.
RépondreSupprimerJ'attends que tu m'envoies mon badge virtuel officiel :-))).
SupprimerJe t'envoie un no-prize. :)
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