dimanche 14 juillet 2019

Blake et Mortimer (tome 23) : "Le Bâton de Plutarque" (Blake et Mortimer ; décembre 2014)

"Le Bâton de Plutarque" est le vingt-troisième tome des "Aventures de Blake et Mortimer". Cet album de soixante-deux planches est sorti en décembre 2014. Dans la continuité du titre que maison d'édition et auteurs essaient d'animer, c'est le tout premier. Il se place donc avant "La Poursuite fantastique".
Il a été scénarisé par Yves Sente, illustré par André Juillard et mis en couleur par Madeleine De Mille, et Étienne Schréder a prêté main-forte à Juillard en réalisant l'encrage des décors.

Printemps 1944, front de l'Ouest, à bord du porte-avions The Intrepid, de la Royal Navy. Blake est de retour d'une mission, lors de laquelle son escadrille a coulé trois sous-marins allemands. Le commandant Hamilton le félicite, tout en restant inquiet de la concentration d'U-Boots le long des côtes britanniques. Pour que le débarquement allié réussisse, il leur faut détruire ces submersibles. Le sonar embarqué des Américains, encore top secret, devrait être très utile ; particulièrement puissant, il permettra de mieux repérer les cibles, sur lesquelles des chasseurs-bombardiers seront ensuite envoyés. Cet équipement à la pointe de la technologie doit justement leur être livré en pleine mer, par un chalutier en provenance du Sénégal. L'escadrille de Blake sera chargée de protéger celui-ci des sous-marins ennemis. L'officier est interrompu par un lieutenant qui vient lui apporter un message urgent du Cabinet of War : les Renseignements les informent qu'une attaque-suicide sur le Parlement sera lancée dans une heure. Rien n'est encore précisé sur la forme que prendra cette attaque, mais Londres sollicite du renfort pour assurer sa défense aérienne. Le commandant ordonne le décollage immédiat de la première escadrille et demande à son lieutenant de confirmer au Cabinet of War que leurs appareils seront à Londres dans environ cinquante minutes. Et moins de cinq minutes plus tard, les Seafire des pilotes du major Mendelay quittent le pont du porte-avions et filent plein gaz vers la capitale britannique...

"Le Bâton de Plutarque" est un album particulier, car il se place chronologiquement avant "Le Secret de l'Espadon", l'histoire originelle de "Blake et Mortimer". L'action se déroule peu de temps avant le débarquement en Normandie. L'intrigue est rythmée, rondement menée, et riche en retournements de situations. Le lecteur devine rapidement qui est le traître, mais Sente ménage des surprises et démontrer sa créativité. Toute la mythologie du "Secret de l'Espadon" - et une partie de celle de la série - s'installe : le Golden Rocket, l'amiral Gray, les bases secrètes de Scaw-Fell et du détroit d'Ormuz, l'agent ZH22, Olrik, bien sûr, sans oublier le 99 bis, Park Lane, et Mistress Benson. Certes, de nombreux lecteurs ont estimé qu'il était improbable de voir les Alliés et l'Axe "manipulés" de la sorte par Basam-Damdu, dont l'empire s'est tranquillement développé et préparé dans la chaîne de l'Himalaya pendant le conflit (il dispose déjà d'armes de destruction massive en grandes quantités), sans avoir été repéré, ou presque. Ensuite, même si les deux intrigues (la Seconde Guerre mondiale et les prémices de la troisième) finissent par converger, le scénario semble parfois hésiter entre un récit "classique" mettant en scène une opération militaire sur le front de l'Ouest et la volonté de donner des origines au "Secret de l'Espadon", que les auteurs placent tantôt à l'arrière-plan, tantôt au premier. Cela pourra laisser l'impression que ces origines n'ont pas été assez creusées, car au fond, le lecteur n'en apprendra finalement guère davantage sur ledit Basam-Damdu, ni d'où il est issu, ni d'où viennent ses ressources, ni comment il a pris le pouvoir ; rien n'est évoqué à ce sujet, ou presque. Sente maîtrise néanmoins suffisamment les techniques de narration pour livrer une intrigue qui reste captivante. Les illustrations de Juillard sont dans la lignée du travail qu'il a déjà réalisé sur la série. La régularité dont fait preuve l'artiste est admirable, bien qu'elle ait été rendue possible par Schréder et De Mille. Ses dessins sont soignés, et ses cases, très riches ; les amateurs d'aviation seront ravis par les joutes aériennes du premier acte et surtout par l'intervention de ce Horten Ho 229, l'une des plus fameuses "Wunderwaffen" du Troisième Reich. Le découpage de l'action est d'une limpidité exemplaire. Les détails, comme souvent dans les aventures réalisées par le tandem-là, ont leur importance. 

"Le Bâton de Plutarque", bien qu'il ne développe pas les origines de l'empire de Basam-Damdu, est une histoire pleine de rythme, de suspense, de rebondissements, et de clins d'œil au "Secret de l'Espadon" ainsi qu'à la série ; une lecture très agréable.

Mon verdict : ★★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Je me rends compte qu'Yves Sente est donc le scénariste de la reprise qui a écrit le plus d'album, Jean van Hamme semblant avoir lâché l'affaire en route.

    J'aime bien comment ton article fait ressortir le point d'équilibre instable du récit entre continuité (la montée de Basam-Damdu) et intrigue autonome, ou au moins appréciable pour elle-même, comme si les auteurs et peut-être encore plus l'éditeur) souhaitaient être sûrs que toutes les catégories de lecteurs puissent y trouver leur content.

    En lisant ton article, je me suis aperçu que je ne savais pas ce qu'est un bâton de Plutarque : il a fallu que j'aille demander à Internet.

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    1. On y parle aussi du Carré de Polybe, si jamais la question t'intéresse ; je n'avais jamais entendu parler ni de l'un ni de l'autre avant de lire cette histoire.
      En y réfléchissant, je me dis que le titre de l'album a été étrangement choisi, vu la place prise par l'objet, mais que c'est certainement la découverte dudit bâton qui a inspiré son scénario à Sente.

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  2. Je ne connaissais pas non plus le Carré de Polybe (je suis bien sûr allé consulter la page wikipedia qui s'avère très compréhensible).

    Quant au titre, je trouve qu'il fonctionne bien sur moi qui ne savait pas ce qu'est un bâton de Plutarque : il y a une référence à l'empire romain, et un objet banal, l'association des 2 étant source de mystère, intrigante.

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