"La Mort de Superman" est une saga en deux volumes parus dans la collection DC Essentiels d'Urban Comics en 2013. Le second, "Le Règne des Supermen", est sorti en octobre 2013. Cet album à couverture cartonnée compte approximativement cinq cent cinquante planches (sans inclure les couvertures et la demi-douzaine de pages de croquis en bonus). L'événement concernant plusieurs titres, ce tome reprend les épisodes VO "Superman: The Man of Steel" #22-26 (de juin à octobre 1993), "Superman" #78-83 (de juin à novembre 1993), "Adventures of Superman" #501-505 (de juin à octobre 1993), "Action Comics" #687-692 (de juin à octobre 1993) et enfin "Green Lantern" #46 (octobre 1993).
Louise Simonson (scénario), Jon Bogdanove (dessin), et Dennis Janke (encrage) signent les "Superman: The Man of Steel", Dan Jurgens (S et D), Brett Breeding et Joe Rubinstein (E), les "Superman", Karl Kesel (S), Tom Grummett (D), et Doug Hazlewood (E), les "Adventures of Superman", Roger Stern (S), Jackson Guice (D), et Denis Rodier (E), les "Action Comics", et Gerard Jones (S), Mark Bright (D), et Romeo Tanghal (E), le "Green Lantern" 46.
À l'issue du tome précédent, Superman trouve la mort durant son combat titanesque avec Doomsday. Sa dépouille devient alors le sujet des convoitises de Luthor, et de celles du Projet Cadmus.
Antarctique, les monts Ellsworth, de nos jours. Deux membres d'une expédition scientifique, Marty et Steve, sont témoins d'un phénomène météorologique impressionnant : des cieux virant au violet sont zébrés de bandes lumineuses multicolores et striés d'éclairs. D'épais nuages noirs se profilent à l'horizon. Marty affirme qu'il n'avait encore jamais vu une aurore boréale briller à ce point. Un effet secondaire du trou dans la couche d'ozone ? Des particules chargées qui s'accumulent ? Ils spéculent un moment, puis, inquiets, ils rentrent à l'abri. Bien en dessous, sous la glace, les robots kryptoniens de la Forteresse de Solitude travaillent à la reconstitution d'une forme à partir de l'essence de Superman...
Le premier tome n'était qu'un long combat titanesque peu émouvant, mais ce second volet est captivant, malgré des défauts narratifs inhérents au genre. Metropolis, en proie à une criminalité croissante, pleure encore son champion, lorsque quatre nouvelles incarnations de Superman, chacune dotée d'une personnalité lui étant propre, entrent en scène. L'Eradicator, froid et inflexible, fait montre de justice expéditive et de tolérance zéro. Animé par un sentiment de culpabilité, le Superman au marteau part en guerre contre le trafic d'armes. Le benjamin, privilégiant les interventions spectaculaires, se laisse séduire par les sirènes de la célébrité. Quant au cyborg, il s'impose comme partenaire de confiance auprès de la Maison-Blanche et du Pentagone. Les chemins qu'ils suivent sont différents, mais leurs destins se croisent rapidement. En filigrane, l'assertion qu'aucun ne vaut le modèle originel. Clark Kent porté disparu, Lois Lane bouleversée, la presse devient obscène et oublie sa déontologie, entre manipulation de l'information et batailles contractuelles. Les habitants de la ville sont divisés ; certains forment même des sectes pour vénérer le champion qu'ils ont choisi. Cette histoire est efficace ; l'action s'enchaîne parfaitement, sans temps mort, et les auteurs ne révèlent pas le pot aux roses trop vite. La gestion de l'intrigue est exemplaire, et reste solide jusqu'à l'épilogue ; celui-ci apporte des éléments supplémentaires sur la manière dont Superman revient à la vie, mais pâtit de quelques longueurs. Les dessins sont d'un niveau très satisfaisant et les pages spectaculaires sont légion. Les traits de trois des artistes sont assez proches. Les planches les plus belles, les plus régulières, les plus classiques sont assurément celles de Guice. Le travail de Jurgens souffre d'une légère rigidité dans les postures. Grummett, lui, fait preuve d'exagération dans la transcription de l'expressivité. Quant à Bogdanove, ses illustrations sont en retrait, trop représentatives de cet aspect criard et outrancier qui a été à la mode lors des années quatre-vingt-dix.
Dans l'ensemble, la traduction de Jean-Marc Lainé est satisfaisante, mais son texte est malheureusement pollué par une poignée de fautes, d'accord ou d'orthographe, etc. Ici encore, une publication d'Urban Comics qui n'a pas été relue avec attention.
"Le Règne des Supermen" est une œuvre longue, mais passionnante, avec des personnages attachants, des super-vilains de classe internationale, des combats épiques. C'est dans ce deuxième volume que se trouve le véritable événement de cette saga.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbuz
J'avais également trouvé que la construction de ce retour était remarquable et que la coordination éditoriale était d'une précision épatante.
RépondreSupprimerIl y a un an, j'ai lu le début de la partition de Superman en 2 Red/Blue, des épisodes de 1997, et j'avais une forte appréhension à retrouver les dessins de Jon Bogdanove, pour les raisons que tu indiques. Mon ressenti a été différent du tien :
Les épisodes dessinés par Jon Bogdnanove tranchent avec les autres. Il dessine dans un registre moins réaliste, avec des exagérations des silhouettes, des postures et des mouvements. Il faut un peu de temps pour se rendre compte qu'il ne s'inscrit pas la mouvance des dessinateurs des années 1990, tout en épate et en esbroufe avec des personnages poseurs à la moindre occasion, mais plus dans l'héritage de Jack Kirby. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut regretter que Bogdanove ne s'astreigne pas à rester dans le même registre descriptif passe-partout (les autres dessinateurs dudit recueil sont Ron Frenz, Tom Grummett, Stuart Immonen), ou au contraire apprécier la force qui se dégage de ses pages.
Tiens, c'est intéressant.
SupprimerÀ vrai dire, je ne sais pas ce qui m'a le plus agacé ; que les trois autres dessinateurs ne dessinent pas du tout comme Bogdanove, ou que Bogdanove ne dessine pas du tout comme les trois autres dessinateurs. Et puis je me suis dit que non, son style ne convenait pas, à mon avis, à l'univers de Supes, et que pour Supes, je voulais du "classique" - ce que tu décris comme du "passe-partout".
Il y a quelque chose d'outrancier, de presque caricatural dans le trait de Bogdanove qui me rappelle invariablement les années 90. Sinon, il y a peut-être un (tout) petit quelque chose de Kirby dans les postures, effectivement.
Cette rupture entre les dessins de Bogdanove et des autres est vraiment forte : je l'ai ressentie aussi. Il est vraisemblable que Superman m'ait moins choqué que toi, parce que je l'avais déjà vu dessiné par Jack Kirby dans la série Jimmy Olsen : le choc était déjà passé.
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