"Green Arrow : Année un" est un album cartonné (18,5 × 28,2 centimètres) d'un peu plus de cent cinquante planches, bonus inclus, sorti dans la collection DC Deluxe d'Urban Comics le 22 novembre 2013. Il comprend les six numéros de la mini-série VO "Green Arrow: Year One", parue entre septembre et novembre 2007. Ce récit avait déjà été publié en VF, par Panini Comics en septembre 2008 sous le titre "Genèse" (collection DC Heroes).
Andy Diggle écrit la mini-série dans son intégralité. Elle est illustrée et encrée par Mark Simpson, alias Jock. David Baron signe la mise en couleur. Diggle a récemment œuvré sur "James Bond". Jock, lui, a dessiné "Sombre Reflet" ("The Dark Mirror"), une histoire de Batman de 2011 (de 2012 pour la VF - même maison).
Après trois jours de marche sur la glace, Oliver Queen et Hackett se tiennent devant une crevasse large et profonde, dont les deux bords ne sont reliés que par une arche étroite et escarpée. L'aiguille de sa boussole ne se fixant pas, Hackett en déduit qu'ils se trouvent sur le pôle Nord magnétique. Pour lui, il est évident qu'ils n'iront pas plus loin. Queen rétorque qu'il n'a pas fait tout ce chemin pour rien ; ne suffit-il pas de voir chaque obstacle comme une épreuve à surmonter ? Et il s'élance sans attendre plus longtemps, défiant Hackett d'une boutade. Son compagnon tente de le retenir, la glace n'étant pas assez solide. Elle cède sous le poids de Queen, qui serait tombé dans le vide si son ami n'avait pas eu le réflexe de le rattraper. Épuisés par l'effort, les deux hommes s'allongent au sol. Hackett déclare à Oliver qu'il n'est qu'un crétin irresponsable, mais celui-ci lui répond qu'il est également son riche employeur, qui lui offre un style de vie dont l'autre ne pouvait que rêver. Le Britannique n'en a pas fini, néanmoins. Queen le paie pour l'emmener dans des endroits extrêmes, mais aussi pour le garder en vie. Quel est son problème ? La vie est-elle dénuée d'importance pour lui ?...
"Année un" est l'histoire d'un jeune homme désœuvré qui finit par trouver un sens à sa vie. Diggle invite le lecteur à suivre une intrigue dont la structure est tellement balisée qu'elle en devient prévisible, malgré quelques surprises bien amenées. L'auteur exploite sans finesse des stéréotypes ressassés pour le bien de son aventure : le sale gosse de riches, le faux-frère qui s'avère un traître, une trafiquante sociopathe, la jeune femme autochtone réduite à l'esclavage, mais qui est médecin et qui va risquer sa vie pour Oliver, etc. Il s'efforce d'abord de dépeindre le héros sous un jour peu flatteur afin de le rendre le plus détestable possible ; Queen est richissime, donc déplaisant par défaut, et, surtout, il n'a rien fait pour mériter une fortune dont il a hérité. Il s'ennuie au point de s'être attitré les services d'un ancien membre des forces spéciales britanniques pour le chaperonner et lui organiser des activités extrêmes (BASE jump, entre autres). Il se comporte en punk en smoking, provoque, se saoule lors de galas de charité jusqu'à en vomir, lâche des montants à six chiffres pour des objets évalués à quatre, etc. Cette caractérisation évolue, bien entendu, et pour que le cheminement soit crédible, il se fera dans la douleur. Car Queen morfle : quasi-noyade, faim, bras cassé, addiction à l'opium, électrocution, coups et blessures, passons. Il s'en sortira avec l'aide de son alliée, sa volonté, et beaucoup de chance, dans une chronologie décidément bien compressée tant cela semble se dérouler rapidement. Son adresse laisse rêveur, et le naufragé adopte le commandement du super-héros grand public ("Tu ne tueras point") comme un réflexe presque naturel. Ces invraisemblances combinées à une linéarité pesante et une fin téléphonée sèmeront le doute chez le lecteur. Notons que ce récit servira d'inspiration à la série télévisée "Arrow". Jock, de son trait d'un réalisme minimaliste au rendu brut, saccadé, alterne visages atones et exagération dans l'expressivité. Les physionomies changent d'une case à l'autre. Les arrière-plans sont souvent réduits à leur plus simple expression. L'artiste sait néanmoins représenter le mouvement. Son découpage varié offre une jolie diversité de plans et ses enchaînements sont vraiment limpides.
Outre la maquette, la traduction de Thomas Davier est peut-être la seule raison pour laquelle le lecteur qui dispose déjà de l'édition Panini Comics voudrait acquérir celle d'Urban Comics car elle est plus convaincante que celle de Laurence Belingard.
"Année un" présente une histoire qui dépoussière un héros fort en gueule et l'adapte au XXIe siècle. Le récit est néanmoins prévisible, d'autant que Diggle force le trait au détriment de la vraisemblance et n'est point inspiré pour les dialogues. Décevant.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Ça fait plusieurs années que j'hésité à lire cette histoire, et ton commentaire me permet d'enfin trancher. Merci.
RépondreSupprimerJe suis partagé sur ces auteurs. Andy Diggle m'avait impressionné avec la série The Losers (2003-2006) publiée par Vertigo et dessinée pour partie par Jock. Par contre, à part ça, je n'ai pas lu d'autres histoires de lui qui m'ait satisfaite. Il en va différemment pour Jock, dont j'aime bien le parti prix graphique tranché. Je garde encore en souvenir John Constantine, Hellblazer: Pandemonium (2011, écrit par Jamie Delano) et Wytches (2014/2015, écrit par Scott Snyder).
J'avais été plus positif à ma première lecture, celle de l'édition Panini Comics, il y a des années. Là, c'est comme ci tous les défauts de cette histoire m'avaient soudainement sauté au visage.
SupprimerJe n'ai rien lu d'autre de Diggle à part "Hammerhead", son épisode de "James Bond". Je ne le mets donc pas sur un piédestal, même s'il a sans doute écrit de très bonnes histoires.