dimanche 8 septembre 2019

Faith (tome 3) : "Superstar" (Bliss Comics ; novembre 2017)

Faith Herbert, alias Zephyr, est une super-héroïne créée en 1992 pour Valiant Comics par Jim Shooter et David Lapham pour les besoins de la série "Harbinger". Valiant Entertainment, née de ses cendres en 2005 et rachetée en 2018 par DMG Entertainment, offrira d'abord une mini-série au personnage ("À la conquête d'Hollywood"), puis développera un titre régulier. Ce tome contient ainsi les numéros #5 à 8 de "Faith" (publiés entre novembre 2016 et février 2017 en VO). Cet album à la couverture cartonnée compte cent dix planches, approximativement (bonus non inclus).
Jody Houser écrit les quatre numéros hors les deux récits de complément du #5, signés respectivement Louise Simonson et Rafer Roberts. Les dessins du #5 sont partagés entre Meghan Hetrick, Pere Pérez, et Colleen Doran. Hetrick réalise également le #6, et Joe Eisma se charge des deux derniers. Marguerite Sauvage illustre les scènes de rêves. La mise en couleur est confiée à Andrew Dalhouse (sauf la troisième partie du #5, attribuée à Dave Baron).

À l'issue du tome précédent, le double de Zephyr se sacrifie, empêchant que la convention soit le théâtre d'une tragédie. Faith est intensément affectée par sa disparition. Elle part avec Archer.
Tandis qu'elle survole un quartier résidentiel de Los Angeles, Faith laisse libre cours à sa mélancolie. Certes, le soleil continuera de se lever, mais ces dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes pour la superhéroïne, entre cette convention et l'affrontement avec Chris Chriswell. Les traits tirés et la bouche amère, elle comprend néanmoins qu'elle a toujours une mission. Dans son sac, ses vêtements "civils" et sa perruque rousse. À Hollywood, huit femmes de tous âges patientent dans la terne salle d'attente des Studios DX. Deux d'entre elles échangent de bien cruels jugements de valeur sur une célébrité, une adolescente prostrée, assise de l'autre côté de la pièce, et qui semble souffrir...

Bien que les albums manquent jusqu'ici de profondeur et de piment, le lecteur est enthousiaste à l'idée de retrouver Faith, super-héroïne attachante à l'indéniable et intarissable bienveillance. L'atmosphère et le ton employé sont fidèles aux épisodes précédents ; c'est la marque de fabrique de ce titre dans lequel une jeune femme à l'imaginaire romantique est tiraillée entre ses devoirs de super-héroïne, ses obligations professionnelles, et une vie sociale et sentimentale inexistante. Houser, avec Zoe Hines, évoque la pression que subissent les vedettes en devenir, leurs moindres faits et gestes scrutés par des magazines à scandale au service d'un lectorat avide de ragots dont ils entretiennent l'insatiable appétit. Rien ne leur est pardonné lorsque leurs agissements déplaisent au public ; leur carrière ne tient qu'à un fil, et la menace de retrouver un destin "ordinaire" pèse au-dessus de leur tête comme une épée de Damoclès. Pour résoudre cette affaire qui ne manque pas d'humour (voir le chat), Zephyr collabore avec le Projet Rising Spirit, agence qu'elle ne considère pourtant pas comme alliée. Faith est ensuite confrontée à des fantômes de son passé, une présence qu'elle interprète comme un reproche. Le lecteur assiste à une transformation du personnage, qui perd son entrain et son optimisme pour sombrer dans une forme de dépression ; elle se laisse emporter par le syndrome de culpabilité du survivant et l'absence de confiance en soi, avec un impact sur son amour-propre déjà fragile. Belle trouvaille scénaristique au dénouement inattendu. Le récit de complément de Simonson, avec Hillary Clinton en invitée, a tout d'une tentative de prosélytisme politique pour la candidate démocrate aux élections présidentielles américaines de 2016 ; c'est d'une naïveté stupéfiante. La partie graphique bénéficie des planches de Sauvage, les plus belles de toutes, entre sentimentalité fleur bleue, onirisme, et idéalisation des souvenirs. Hetrick, elle, opte pour un trait réaliste au contour noir épais, statique, qui présente des arrière-plans qui ne sont détaillés que lorsque nécessaire. Puis c'est avec plaisir que le lecteur retrouve Eisma dans les deux derniers chapitres, son style lisse, net, expressif et particulièrement lisible.
La traduction est de Mathieu Auverdin ; il produit un travail honorable, et un texte soigné, malgré une faute d'accord. La maquette comprend une table des matières, les couvertures originales insérées entre les chapitres. La pagination est incomplète. 

Cet album de "Faith" propose des compléments sans grand intérêt. Les deux arcs sont satisfaisants, mais ils manquent toujours de ce brin de folie malgré l'imagination de la scénariste. Le dénouement, en revanche, annonce une suite bien prometteuse.

Mon verdict : ★★★☆☆

2 commentaires:

  1. J'avais choisi une notation identique à la tienne pour ce tome, et j'ai arrêté là la série. Je me suis trouvé finalement frustré par le manque de profondeur que tu indiques, surtout en ce qui concerne Faith elle-même que je n'avais pas trouvé assez mise en avant dans ces épisodes.

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    1. Il ne reste qu'un tome ; je vais donc le lire. Mais si j'avais su, je me serais probablement arrêté à la mini-série.

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