"Bloodshot USA" est la suite directe de "Bloodshot Island", le quatrième et dernier volume de la série "Bloodshot Reborn". Cet album à couverture cartonnée sorti chez Bliss Comics en septembre 2017 compile les quatre numéros VO de "Bloodshot USA" (d'octobre 2016 à janvier 2017), ainsi que "Bloodshot Reborn" #0 (mars 2017). Il compte approximativement cent vingt planches, sans les bonus (couvertures variantes, planches en noir et blanc).
Le Canadien Jeff Lemire écrit les scénarios de ces cinq épisodes. Le Britannique Doug Braithwaite illustre et encre les quatre parties de "Bloodshot USA", qui sont mises en couleur par Brian Reber. Le Brésilien Renato Guedes dessine et encre le "Bloodshot Reborn" #0 ; la mise en couleur a été confiée à Andrew Dalhouse.
À l'issue du tome précédent, l'épidémie de nanites se répand sur Manhattan. Sur le radeau, Bloodshot et ses quatre compagnons font plus ample connaissance et pagaient au hasard pour rentrer.
Un an avant les événements actuels, dans un bunker du Projet Rising Spirit, situé quelque part au Nouveau-Mexique. Dans une salle de réunion équipée de technologies haut de gamme, Morris Kozol revient sur les récents développements pour les membres de l'équipe de direction. Il évoque la bataille, il y a un mois, entre l'Ennemi immortel et les super-humains, le GATE, et le MI6. Parmi les combattants, leur agent renégat, le dernier modèle Bloodshot. Après l'affrontement, Kay McHenry, la Géomancienne, parvint, avant de mourir, à purger le corps de Bloodshot de ses nanites. Bloodshot sombra ensuite dans la dépression et se laissa aller à un comportement autodestructeur. Les équipes du Projet Rising Spirit le surveillaient de près, lorsque l'affaire prit une tournure intéressante : les nanites qui avaient été expulsées de l'organisme de Bloodshot par McHenry finirent par trouver de nouveaux hôtes et les infectèrent, générant des clones sans âme...
La majeure partie de "Bloodshot USA" continue sur la tonalité de "Bloodshot Island" : l'apocalypse dans toute sa splendeur, sans souci de vraisemblance, dans un récit catastrophe qui lorgne sans vergogne du côté des histoires de zombies ou de pandémies de maladies mortelles. Évidemment, même certains héros seront contaminés par ce "virus" qui pousse ceux qui l'ont incubé à s'entre-tuer. Pendant quelques heures (cela ne dure pas longtemps), New York évolue en un véritable no man's land où personne n'est à l'abri, riches ou pauvres, hommes ou femmes, vieux ou jeunes. Le lecteur subit le déroulement d'une intrigue dont la linéarité devient rapidement pesante. Ce qui faisait l'intérêt de la série, c'était la discrétion du complot du Projet Rising Spirit, qui opérait en coulisses et tirait les ficelles en cachette, et cette guerre invisible, cet affrontement permanent et inconnu du grand public entre Bloodshot et ceux qui l'ont conçu. Ici, c'est un véritable déballage qui ne captive guère. Le drame, la tragédie devient chose publique. Après ce cataclysme et le poussif retour en enfance des deux héros - une fausse bonne idée, le lecteur apprécie de retrouver les personnages au calme dans le #0, dans un contexte paisible et plein de promesses, avec quelques scènes intimes loin du bruit et de la fureur outranciers des chapitres précédents. L'auteur, peut-être dans un souci de ne pas forcer sur la noirceur du propos, ressuscite un protagoniste, puis tente d'instaurer un triangle amoureux qui s'avère finalement trop éphémère pour susciter un intérêt durable. Après cela, Lemire introduit une suite téléphonée, prévisible, qui ne fait pas preuve de grande imagination. En fin de compte, on prend les mêmes et on recommence ; seul le nom change. Ce chapitre est néanmoins le seul des cinq qui procure un réel plaisir de lecture. En revanche, la qualité de la partie graphique est très satisfaisante. Le trait moderne, spectaculaire et dynamique (dans le déroulement de l'action) de Braithwaite, et son découpage, avec des cases aux formats variés, et le style réaliste, minutieux et détaillé de Guedes (son travail sur les visages est remarquable) représentent un lot de consolation. La mise en couleur de Dalhouse (le #0) est fade.
La traduction de Mathieu Auverdin est soignée, comme dans les quatre autres recueils, et dans le respect du texte. La maquette présente une table des matières et les couvertures originales intercalées entre les chapitres ; il n'y a pas de pagination.
"Bloodshot USA" clôt cette saga du Projet Rising Spirit d'une manière particulièrement décevante, qui ne témoigne guère d'une grande inspiration ; plus la tragédie est d'ampleur, moins les événements qui en découlent ont de conséquences ; dommage.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Pour une fois, je suis allé voir ta notation avant de lire ton article. J'ai mis exactement le même nombre d'étoiles.
RépondreSupprimerSans souci de vraisemblance... et même de logique interne. Jeff Lemire semble s'être fait plaisir à peu de frais pour le scénario, s'assurant avant tout de fournir des scènes spectaculaires pour Doug Braithwaite.
Mais comme je suis complétiste dans l'âme, j'ai quand même lu les 12 épisodes de la saison suivante Salvation. On peut en faire l'économie sans rien rater.
Bon, ça tombe bien, car j'avais justement l'intention d'en faire l'économie, de "Salvation" - même si j'ai une forte tendance à être complétiste, moi aussi (on n'a plus qu'à fonder les "Complétistes anonymes").
SupprimerC'est vraiment dommage, cette fin, car les trois premiers tomes m'avaient vraiment plu. Mais là, après la lecture du quatrième et de celui-ci, je suis vacciné contre la suite.