vendredi 25 octobre 2019

"Captain America" : L'Intégrale 1975 (Panini Comics ; avril 2019)

Le neuvième tome de l'intégrale Panini Comics consacrée à Captain America comprend les douze numéros de la série régulière "Captain America" de 1975, du #181 de janvier au #192 de décembre. Cet album cartonné à jaquette amovible qui est sorti en avril 2019 contient entre deux cents et deux cent cinq planches.
Steve Englehart écrit les six premiers numéros, dont le sixième avec John Warner. Puis Warner scénarise les deux suivants, Tony Isabella, les trois d'après, dont le #191 avec Bill Mantlo, et Marv Wolfman signe le dernier. Frank Robbins (1917-1994) réalise les illustrations de neuf des douze épisodes, dont le #185 avec Sal Buscema ; ce dernier se charge des #181 et 188, et Herb Trimpe (1939-2015) du #184. La tâche d'encrage est répartie entre Vince Colletta (1923-1991), Joe Giella, Frank Giacoia (1924-1988), Mike Esposito (1927-2010), Frank Chiaramonte (1942-1983), et D. Bruce Berry (1924-1998). Et pour finir, la mise en couleur est partagée entre Linda Lessmann, Bill Mantlo, Stan Goldberg (1932-2014), George Roussos (1915-2000), Michelle Wolfman, Don Warfield, Diane Buscema (la fille de "Big John") et Janice Cohen.

À l'issue du tome précédent, Steve Rogers change d'identité pour devenir Nomad. L'Escadron du Serpent enlève Hugh Jones, le président de Roxxon Oil. Puis Vipère présente un associé, Krang.
Washington DC, au Lincoln Memorial. Nomad, qui se tient au pied de la statue d'Abraham Lincoln, est en pleine introspection. Il admire l'expression éloquente du président, puis se demande pourquoi leurs ancêtres semblaient mieux comprendre l'Amérique que les générations actuelles. Ses pensées sont interrompues alors qu'il s'aperçoit que quelqu'un se glisse derrière lui : Namor ! Celui-ci ne vient par chercher querelle ; il désire simplement des informations. Namor ne le reconnaît pas. Normal : personne ne sait qu'il était encore, il y a quelques jours, Captain America...

Les intrigues des premiers numéros sont plutôt intéressantes. Nomad est confronté à l'Escadron du Serpent dans les deux dernières parties de cet arc. Si le scénariste insiste sur le nihilisme absolu de Vipère, Nomad, lui, balbutie et rencontre quelques obstacles à se faire accepter comme redresseur de torts ; il est inconnu à la fois du grand public, des forces de l'ordre, et de ses pairs, tels que Namor. Le lecteur ressentira assez vite des difficultés à s'intéresser à un personnage qui ne durera que le temps de trois mensuels et qui représente la traversée du désert d'une icône de l'écurie Marvel. Nomad reviendra plus tard (hélas), sous une autre identité. Avant de partir, Englehart lance un nouvel arc ; Crâne rouge l'ayant défié en tuant son "successeur", Rogers doit se rendre à l'évidence, il lui faut à nouveau endosser le costume à la bannière étoilée. C'est là que la qualité, déjà moyenne, commence à déraper. Il faut y voir trois raisons principales. La première réside dans la caractérisation des personnages. Si la colère de Rogers monte d'un cran, Crâne rouge devient outrancièrement hystérique, caricatural, au point de perdre tout intérêt en tant que super-vilain essentiel de la série. Cela descend encore d'un niveau lorsqu'Englehart, avant de passer le relais, revient sur les origines de Sam Wilson pour en faire l'instrument d'un complot invraisemblable imaginé par Crâne rouge. La seconde est la transition difficile au poste de scénariste ; en moyenne, ils restent deux numéros. En découle un chapelet d'épisodes incohérents. Captain America combat le Druide, un cabotin sans intérêt, puis Nightshade dans un chapitre consternant, avant le dénouement de ce lamentable imbroglio. Notons que le racisme est ici un thème important, évoqué par le biais de la relation amoureuse naissante entre Peggy Carter et Gabe Jones et par celui de la partialité - supposée - de la justice américaine. La dernière cause du naufrage est l'inexplicable présence, au dessin, de Robbins, connu davantage comme scénariste que comme illustrateur. Si le découpage est clair, les visages sont peu soignés et d'expressivité limitée, les silhouettes présentent des proportions irrégulières et des postures peu naturelles, et les arrière-plans sont très sommaires.
Nick Meylaender (MAKMA) livre une traduction de qualité, dans le respect de la langue française. Côté maquette, l'éditeur s'entête à réunir les couvertures d'origine à la fin du volume plutôt que de les insérer entre les récits. Il n'y a pas de pagination.

En 1975, "Captain America" est un titre qui produit ses pires épisodes depuis son lancement. Les intrigues sont invraisemblables, la caractérisation des personnages est sans finesse, voire outrancière. La partie graphique est indubitablement décevante.

Mon verdict : ★☆☆☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Au vu de ta note, c'est sûr que je ne ferai pas d'effort pour lire ou relire une partie de ces épisodes. :) Merci de les avoir lus à ma place.

    La liste des personnes ayant participé à la réalisation de ces épisodes est étonnante : Bill Mantlo en tant que metteur en couleurs, la présence de la fille de John Buscema.

    Ta remarque sur Frank Robbins m'a conduit à aller consulter sa page wikipedia, car je ne le connaissais que comme dessinateur (ou a lors je n'ai jamais fait attention à son nom en tant que scénariste). Je l'ai surtout connu pour ses dessins sur Invaders de Roy Thomas et sur Ghost Rider, là aussi avec une forte personnalité dans ses dessins. J'ai ainsi découvert qu'il a participé avec Irv Novick au retour de Batman vers un monde plus sombre, avec Denny O'Neill.

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    1. J'ai vu que Kirby arrivait dès janvier 1976 ; les épisodes suivants ne pourront donc qu'être meilleurs, en tout cas du point de vue des dessins. Il semblerait également que Kirby n'ait pas reconnu les derniers épisodes d'Englehart et ne les ai donc pas inscrit dans la continuité. Tant mieux.

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  2. Je suis très curieux de lire ton avis sur les épisodes de Jack Kirby. J'ai voulu me les procurer, mais je m'y suis pris un peu tard par rapport à la parution de l'omnibus VO dont j'attends donc (im)patiemment une réédition.

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