dimanche 24 novembre 2019

"The Avengers" : L'Intégrale 1980 (Panini Comics ; avril 2019)

Le dix-septième tome de l'intégrale consacrée aux Vengeurs par Panini Comics a été publié en avril 2019 ; il rassemble les douze numéros du titre régulier de l'année 1980, soit les #191 à 202 (janvier à décembre). Cet épais recueil cartonné avec couverture amovible (signée par George Pérez et Terry Austin, elle est adaptée du #200) compte à peu près deux cent quarante planches. Le #200 comprend deux fois plus de pages qu'un numéro normal.
David Michelinie écrit tous les scénarios, dont le #200 avec James Shooter, George Pérez, et Bob Layton, et le complément du #201 avec Roger Stern. Pérez illustre la majeure partie des épisodes ; le reste échoit à John Byrne, Arvell Jones, Sal Buscema, ou Carmine Infantino (1925-2013). Dan Green, Ricardo Villamonte, Josef Rubinstein, Jack Abel (1927-1996), Brett Breeding, Al Milgrom, Vince Colletta (1923-1991), Gene Day (1951-1982), et Mike Esposito (1927-2010) se divisent l'encrage. Et pour la mise en couleur, Bob Sharen, Carl Gafford, Ben Sean ou Don Warfield.

À l'issue du tome précédent, les Vengeurs affrontent un monstre de pierre et le détruisent. C'était une prison qui retenait la Gargouille grise. Il pétrifie Daredevil et Iron Man sans hésitation.
Le Faucon intervient, mais reçoit un méchant crochet du super-vilain, sous les yeux des autres Vengeurs. Vision semble vouloir prendre les choses en main et lui assène un coup violent tout en lui rappelant que si Thor l'a déjà vaincu, les Vengeurs réunis y parviendront également. La Gargouille réplique et frappe puissamment Vision, dont le corps, sous l'impact, vole à l'horizontale en direction d'un bâtiment devant une Wanda effarée qui craint que son époux ne heurte trop fort l'un des murs. Le synthézoïde se dématérialise néanmoins au bon moment. Inquiète, la Sorcière rouge accourt, pensant que son mari est blessé. La Gargouille l'assomme d'un coup par-derrière. Le Fauve se jette alors sur lui...

Voici des épisodes décidément étranges, qui laissent une forte impression de décousu tant leur orientation suggère un manque évident de fil conducteur. Les numéros se suivent sans se ressembler. D'abord, fini la tentative de mainmise du National Security Council sur la super-équipe ; Gyrich s'en va (il reviendra), et avec lui l'idée que les Vengeurs ont des comptes à rendre au gouvernement. Cela déconnecte ce formidable groupe - partiellement, mais forcément - des possibilités d'intrigue à dimension politique. L'arc avec Inferno n'est guère captivant ; il est regrettable que cette histoire de rachat d'entreprise n'ait pas été approfondie. Le récit suivant est sensiblement meilleur ; c'est dans ces pages qu'est créé le Maître de Corvée ("Taskmaster" en VO), un super-vilain charismatique et haut en couleur. Le ton continue à s'éloigner du manichéisme, en témoigne cet arc médiocre avec Red Ronin, dont le pilote, s'il est fou à lier, n'aspire qu'à la paix entre les peuples. Après viennent les épisodes de la grossesse de Ms. Marvel, tout bonnement stupéfiants ; le lecteur pourra s'étonner que la Comics Code Authority ait laissé passer ces histoires. On est en plein délire incestueux : Marcus Immortus féconde Ms. Marvel et en naît lui-même au terme d'une gestation accélérée. Il combine ainsi les rôles d'amant, de géniteur, et de fils, en repartant dans les limbes avec sa femme-mère. Sidérant ! Cet arc est très intéressant, car il remet brutalement les concepts de maternité et de famille au centre d'un univers qui n'en veut pas, les auteurs justifiant leur position par une volonté de cohérence scénaristique. Enfin, le numéro de décembre est réussi et implique que les Vengeurs peuvent être leurs pires adversaires. Notons encore que la notion de couple et les sentiments amoureux sont constamment en filigrane ; la Guêpe qui flirte un instant avec Cap, Jocaste qui est animée par des émotions ambiguës à l'égard de Vision, et ce dernier qui traverse une zone de turbulences avec Wanda. Wonder Man et le Fauve servent de caution comique. La partie graphique est satisfaisante, sans plus ; Pérez ne fait pas oublier Byrne, mais son style produit un trait plus harmonieux, plus intemporel, et plus soigné que celui de ses collègues.
Laurence Belingard livre une traduction acceptable, malgré les onomatopées non traduites, les coquilles, les fautes de mode ou d'orthographe... L'éditeur intercale les couvertures originales en fin du volume plutôt que de les insérer entre les épisodes. 

La qualité des histoires n'est pas systématique, mais ces dernières surprendront immanquablement. Ils démontrent qu'"Avengers" peut évoluer sans nécessairement se réinventer complètement. Cependant, la faiblesse du fil conducteur reste évidente.

Mon verdict : ★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. J'éprouve un peu de regret à ne pas avoir lu ces épisodes, en particulier le 200 tellement décrié par les fans pour le traitement honteux infligé à Carol Danvers. Les résumés qu'on peut trouver parlent d'enlèvement, de lavage de cerveau, de viol et d'insémination, tout ça que les autres Avengers ne lèvent le petit doigt.

    PS : sans aucun rapport, j'ai eu l'occasion de poser ta question à Muriel Douru sur un éventuel ouvrage sur les clients, pour faire le pendant à sa BD Putain de vies.

    http://www.brucetringale.com/interview-muriel-douru/

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    1. Merci d'avoir pris la peine de poser cette question et d'y avoir pensé. Je comprends la réponse ; je ne sais pas si elle a tort ou raison.
      Question pratique : lorsque tu organises des interviews de ce type, tu privilégies la messagerie instantanée ou le mél ?

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  2. Pour celles que j'ai menées, je le fais par courriel : en tant que responsable du site, Bruce contacte l'auteur qui donne (ou non) son accord. Bruce ou moi envoie la série de questions et on obtient un document Word complété.

    Je sais que Bruce a déjà fait des interviews par messagerie instantanée, avec va-et-vient de relecture.

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