Le quatrième volume de l'intégrale consacrée aux Quatre Fantastiques par Panini Comics est sorti en mars 2006. L'épais recueil cartonné avec jaquette de deux cent soixante-dix planches approximativement compile douze numéros du titre régulier, les 34 à 45 (janvier à décembre 1965), un extrait du "Fantastic Four Annual" #3 (octobre 1965) et un du "Fantastic Four Annual" #1 (juillet 1963), qui n'a pas été inséré dans le tome de 1963, étrangement.
Stan Lee (1922-2018) et Jack Kirby (1917-1994) assurent respectivement le scénario et le dessin. La tâche d'encreur est répartie entre Chic Stone (1923-2000), cinq numéros, Frank Giacoia (1924-1988), Wallace Wood (1927-1981), Vince Colletta (1923-1991), quatre, Dick Ayers (1924-2014) sur l'annuel, et Joe Sinnott, deux.
À l'issue du tome précédent, sur la prière de Lady Dorma, qui se sent coupable, les Quatre Fantastiques aident Namor - sans que le prince des Mers ne le sache - à défaire Attuma et ses hommes.
La Chose vient de recevoir un colis au Baxter Building. Son expéditeur n'est autre que le fameux gang de Yancy Street. Le paquet est accompagné d'un mot : "Voilà le cadeau idéal pour l'homme qui n'a rien !" Ben réagit au quart de tour, et annonce sa ferme intention de ne pas ouvrir la boîte. C'est Jane qui s'en charge ; elle plonge la main dans le carton et en retire une perruque de Beatles, provoquant aussitôt l'hilarité chez Johnny, dont les railleries décuplent la colère de Ben, qui le saisit par le collet. Reed essaie de s'interposer, mais le jeune Storm s'enflamme sans attendre. Richards tente de les séparer en immobilisant la Chose. Finalement, Johnny quitte le domicile de l'équipe pour se rendre à une exposition de voitures anciennes. Grimm, embarrassé, doit ensuite subir la leçon de morale de Reed et Jane, et ce devant Alicia. Pendant ce temps, dans un bureau de Wall Street, un monsieur Gideon commande que son conseil privé soit convoqué...
Les intrigues de Lee ne montrent aucun progrès dans la qualité. Elles sont aussi légères qu'invraisemblables, notamment avec les Skrulls, à qui les Quatre Fantastiques, sur un caprice de Jane, déclarent la guerre, puis traversent l'espace en fonçant tête baissée pour demander des comptes et assouvir leur vengeance. Ou encore les affrontements sans fin avec leurs doubles maléfiques des Terrifics, qui tournent au vaudeville et en deviennent comiques tant ils sont expédiés. Le propos est simple, manichéen, et ne reflète aucunement une quelconque réflexion sur l'évolution de la société d'alors. Néanmoins, le programme de cette année-là comprend quelques nouveautés, dont le mariage de Reed et Jane, le premier entre super-héros Marvel. Le grand jour manque de terminer en Arlésienne, les contretemps s'accumulant, avant de dégénérer en un ballet fou dans lequel la maison sort la quasi-totalité de ses personnages. Parmi les autres idées intéressantes de l'année, il y a la création des Inhumains, amenée sans finesse. Enfin, il y a le départ éphémère de la Chose du groupe ; évidemment, cela ne durera guère. Les épisodes restants présentent des intrigues plus classiques : les Quatre Fantastiques privés de pouvoir, ou les affrontements entre membres de l'équipe. L'humour de la Chose commence à produire son petit effet, notamment les plaisanteries récurrentes avec le gang de Yancy Street. Dans l'ensemble, la partie graphique est très moyenne, malgré quelques superbes compositions. Kirby soigne toujours ses premières planches (celle du #39 est une pure merveille !), nettement moins les suivantes, ce qui est malheureusement encore plus criant lorsque Colletta prend le poste d'encreur ; ce dernier était notoirement connu pour supprimer certains détails des dessins afin de pouvoir travailler plus rapidement. Néanmoins, l'incroyable capacité de Kirby à imaginer puis à reproduire des appareils scientifiques divers (voir les inventions de Richards, ou la console télévisuelle du roi skrull) est admirable. Et puis, Sinnott succède à Colletta en fin d'année. L'artiste, pour certaines planches, produit quelques collages pleine page étonnants ; ils rappellent que "Fantastic Four" est aussi une série de science-fiction.
La traduction de Geneviève Coulomb est souvent indigeste. Il y a deux bulles inversées et une incohérence entre tutoiement et vouvoiement. L'éditeur a intercalé les couvertures originales en fin du volume plutôt que de les insérer entre les épisodes.
Près de cinquante-cinq ans plus tard, la qualité de ces épisodes pourra rendre le lecteur dubitatif, surtout s'il les considère sous un angle trop sérieux. L'imagination débridée de Lee surprend autant que la médiocrité de ses intrigues pourra décevoir.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbuz
L'énoncé des encreurs en début d'article a de quoi refroidir car ce ne sont pas ceux qui ont su transcrire la force des dessins de Kirby.
RépondreSupprimerJe me souviens encore de la première fois où je suis tombé sur une page dans laquelle Kirby avait composé son image sur la base d'une photographie et de collages. C'était pour moi une surprise totale que je n'aurais jamais cru possible dans le cadre d'un comics au mode de production si formaté.
Avec le temps, j'ai fini par mesurer l'impact des appareils scientifiques divers de Kirby, à l'aune de la quantité d'artistes qui s'en sont inspirés sans jamais réussir à capturer ce qui en fait toute l'originalité et la consistance.
De ce que j'ai pu lire, Joe Sinnott contribuera beaucoup à la partie graphique de la série.
SupprimerJ'attends avec impatience que les histoires décollent ; on en est assez loin, pour le moment, malheureusement.
Galactus arrive en 1966 : il atterrit plutôt qu'il ne décolle.
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