Le deuxième tome de l'intégrale consacrée à Iron Fist par Panini Comics a été publié en juillet 2018 ; il compile les numéros du titre régulier "Iron Fist" de 1976 et 1977 (les #3 à 15, de février 1976 à septembre 1977). L'éditeur a ajouté les "Marvel Team-Up" #63 (novembre 1977), 64 (décembre 1977) et 31 (mars 1975), dans cet ordre. Cet épais recueil cartonné (dont la couverture est une jaquette mobile) comporte deux cent soixante-dix planches.
Chris Claremont écrit les scénarios. John Byrne se charge des illustrations ; Jim Mooney (1919-2008) dessine le "Marvel Team-Up" #31. Frank Chiaramonte (1942-1983), Dan Adkins (1937-2013), Dan Green, Dave Hunt (1942-2017), et Vince Colletta (1923-1991) se partagent l'encrage. La mise en couleur est répartie entre Don Warfield, Janice Cohen, Phil Rachelson, Bonnie Wilford, Marie Severin (1929-2018), Bruce Patterson, ou encore Petra Goldberg.
À l'issue du tome précédent, tandis que le professeur Wing est hospitalisé, Colleen est enlevée par Maître Khan. Le lieutenant Scarfe a une piste à Londres ; Iron Fist et Misty Knight décollent.
Royaume-Uni. Un avion d'Air Canada amorce sa descente vers l'aéroport de Heathrow, sous surveillance militaire. Alors que son pilote reçoit l'autorisation de se poser de la part de la tour de contrôle, il aperçoit soudainement un homme qui se tient debout sur leur piste, en plein sur la trajectoire de l'appareil. La copilote reste bouche bée. La silhouette les vise, puis tire un rayon de feu qui brise l'un des trains d'atterrissage. Les deux pilotes étant aveuglés, l'avion finit son vol en s'écrasant au sol. Danny Rand et Misty Knight réagissent sans tarder. La jeune femme, que d'éventuelles fuites de carburant inquiètent, veut que les passagers évacuent le plus rapidement possible. De son bras bionique, elle assène un coup dans le hublot et réussit à forcer l'ouverture de l'issue de secours ; Danny s'organise, mais le kérosène prend feu...
Iron Fist entame ici ses troisième et quatrième années d'existence. La revue passe de mensuelle à bimestrielle début 1976. Elle redevient mensuelle lors du deuxième semestre 1976, avant d'être à nouveau bimestrielle dès 1977, puis d'être tout bonnement annulée en septembre 1977 ; le #15 sera le dernier numéro de cette "saison". L'équipe artistique était pourtant stable, d'autant qu'il ne s'agissait pas de n'importe laquelle : ce n'est pas là que Claremont et Byrne réaliseront leurs travaux les plus intéressants, et le duo ne parviendra pas à enrayer le déclin de cette série. Les intrigues (dont celle autour de Maître Khan) sont parfois brouillonnes et manquent de clarté, et certains éléments sont cousus de fil blanc, dont la rencontre, puis l’amitié improbable avec Alan Cavenaugh, ex-artificier repenti de l'IRA). Sous la plume de Claremont, la caractérisation du maître des arts martiaux est entérinée ; Rand est un solitaire, peu bavard, très introverti, en proie à une introspection fréquente. Un effet renforcé par de nombreux encarts de texte (et de très rares bulles de pensée réparties de manière éparse) dans lesquels Danny procède, de façon systématique, à une forme d'autocritique (sur son état physique, sa tactique de combat, ses relations...). Cela rend le personnage encore plus intériorisé, à la limite de l'austérité ; le public pourra éprouver des difficultés à se passionner pour une telle figure. Sa vie sentimentale n'est pourtant pas inexistante ; Claremont donne naissance à une idylle entre Rand et Misty, la détective privée afro-américaine, et après quelques atermoiements, les deux amoureux franchissent le pas et font céder les barrières en offrant un baiser langoureux aux lecteurs. L'humour est rare ; Claremont fait même appel aux X-Men 2.0 pour proposer un numéro plus léger. Enfin, l'auteur emploie des codes des films de kung-fu, utilisant ces défis verbaux qui précèdent les corps-à-corps, et ponctuant ceux-ci de moult "kiais". Byrne réalise une partie graphique satisfaisante, mais il n'est pas encore au sommet de son art ; malgré des compositions remarquables (le découpage séquentiel des combats) et son quadrillage libéré, son travail n'est pas exempt de quelques ratés inusuels (de proportion, notamment).
La traduction a été répartie entre Laurence Belingard, Geneviève Coulomb, et Sophie Watine-Vievard ; elle est solide, et tout à fait honorable. L'éditeur intercale les couvertures originales en fin de volume plutôt que de les insérer entre les épisodes.
Bien que ces récits procurent un certain plaisir (malgré des intrigues éparses), l'austérité du personnage, sa solitude, son microcosme trop réduit, et ses monologues échouent à le rendre durablement attachant, à susciter l'empathie ; c'est dommage.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbuz
Merci pour cette présentation car c'est une période Byrne & Claremont dans laquelle je ne me suis pas replongé, tout en en étant fortement tenté.
RépondreSupprimerJe suppose que l'autocritique permanente du personnage peut se lire comme l'expression de la discipline qui accompagne la pratique des arts martiaux. Cela doit être déconcertant de tomber sur un dessin de Byrne raté.
J'ai été surpris aussi, mais la case dont je parle est sans appel ; ses proportions sont bien loupées.
SupprimerIron Fist est un héros que j'aime beaucoup, au risque de me contredire ; ça date de l'enfance, j'étais tombé sur des numéros avec Luke Cage. Je crois qu'il y a une série en six tomes qui date de 2008, écrite par Brubaker, Fraction, Aja, et Foreman, sur laquelle je vais essayer de mettre la main. Je l'avais commencée dans le passé ; je ne sais plus pourquoi je ne l'avais pas terminée.