"Tueur né" est un album à la couverture cartonnée, d'approximativement cent soixante-dix planches (hors bonus), publié dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics, en juillet 2014. C'est le premier volume du "Batman & Robin" de la "Renaissance DC" ("New 52"), une démarche de DC Comics pour rafraîchir son univers et relancer une gamme de cinquante-deux séries. Ce volume inclut les "Batman & Robin" #1-8 (de novembre 2011 à juin 2012).
Peter Tomasi écrit le scénario. Patrick Gleason réalise les illustrations. Ses dessins sont encrés par Mick Gray (il obtient un Eisner en 2001, pour "Promethea"). John Kalisz produit la mise en couleur. Tomasi et Gleason ont déjà travaillé ensemble, entre autres sur "Green Lantern Corps : "Blackest Night", ou encore Superman.
Moscou, de nos jours, par une nuit d'orage. Un truand court à toutes jambes en tirant des rafales d'AK-47 au jugé sur celui qui le traque, le Batman de Moscou. Le justicier russe, massif, puissant, met la main sur sa proie, qu'il soulève comme un vulgaire fétu de paille, et lui annonce, menaçant, qu'il n'a nulle part où se cacher de lui. Un point rouge lumineux s'affichant sur la pommette du gangster interrompt sa tirade. Un pistolet automatique muni d'un silencieux apparaît devant eux et deux détonations sourdes font sauter le crâne du bandit. Ensuite, le bras gauche du Batman de Moscou est violemment tordu, ce qui lui arrache un cri de souffrance. Sa jambe gauche se plie dans un craquement écœurant, le genou droit prend un coup. Son bras droit est cassé et la visière de son casque, brisée, chaque impact le faisant gémir de douleur. Le Batman de Moscou finit par s'effondrer. Des éclairs strient les cieux et un bruit de tonnerre retentit. Le justicier agonisant gît au sol à côté du cadavre du criminel qu'il poursuivait. Devant lui, son agresseur se matérialise progressivement. Il porte une armure intégrale de haute technologie. Lorsque le Batman de Moscou lui demande qui il est, l'inconnu lui répond "Personne"...
Moscou, de nos jours, par une nuit d'orage. Un truand court à toutes jambes en tirant des rafales d'AK-47 au jugé sur celui qui le traque, le Batman de Moscou. Le justicier russe, massif, puissant, met la main sur sa proie, qu'il soulève comme un vulgaire fétu de paille, et lui annonce, menaçant, qu'il n'a nulle part où se cacher de lui. Un point rouge lumineux s'affichant sur la pommette du gangster interrompt sa tirade. Un pistolet automatique muni d'un silencieux apparaît devant eux et deux détonations sourdes font sauter le crâne du bandit. Ensuite, le bras gauche du Batman de Moscou est violemment tordu, ce qui lui arrache un cri de souffrance. Sa jambe gauche se plie dans un craquement écœurant, le genou droit prend un coup. Son bras droit est cassé et la visière de son casque, brisée, chaque impact le faisant gémir de douleur. Le Batman de Moscou finit par s'effondrer. Des éclairs strient les cieux et un bruit de tonnerre retentit. Le justicier agonisant gît au sol à côté du cadavre du criminel qu'il poursuivait. Devant lui, son agresseur se matérialise progressivement. Il porte une armure intégrale de haute technologie. Lorsque le Batman de Moscou lui demande qui il est, l'inconnu lui répond "Personne"...
"Tueur né" est un arc complet qui s'inscrit dans la Continuité et qui constitue l'une des réussites les plus abouties de ces "New 52". L'histoire est remarquable à plus d'un point de vue. D'abord, elle exploite pleinement le duo formé par le Batman de Bruce Wayne et le Robin (V) de Damian, son fils naturel. Leur relation faite de frictions est explosive. Bruce tente, avec maladresse, de s'imposer comme père et modèle à ce fils agaçant, arrogant, exigeant, frondeur, indiscipliné, et violent. Alfred fait de son mieux pour les aider à aller l'un vers l'autre, mais Damian, imprévisible, lui donne du fil à retordre. Ces trois-là vont néanmoins apprendre à s'aimer, lentement et dans la douleur. Puis, comme si cette incompatibilité d'humeurs entre fils insoumis et père psychorigide ne suffisait pas, Tomasi crée un nouveau larron : Personne, qui souhaite se venger de Wayne, et méprise ce qu'est devenu Batman, son incapacité morale à exécuter les super-criminels, et l'organisation Batman Inc. Cet antagoniste offre à l'auteur une porte lui permettant d'explorer un pan méconnu de la vie de Bruce Wayne : son apprentissage, ici sous la houlette d'Henri Ducard. Ensuite, il y a le thème des tentations de saint Antoine : Personne veut s'imposer comme mentor, comme père spirituel auprès de Damian. Il espère faire chavirer le cœur du garçon en affirmant que les règles de Batman, pesantes, inadaptées, forment un carcan et empêchent l'épanouissement, alors que selon lui priment la liberté, l'accomplissement de soi, et "la pureté de la mission". Caractérisations, texte, et dialogues sonnent juste dans cet affrontement aussi physique que moral, lors duquel Damian est poussé à choisir un camp et embrasser une philosophie. La partie graphique conforte cette réussite. Gleason présente un style semi-réaliste aux influences expressionnistes. Il utilise des aplats de noir pour insuffler de la substance aux zones d'ombre des compositions. L'artiste emploie un quadrillage de facture plutôt classique, avec quelques inserts, sans sophistication ostentatoire. L'infiltration dans l'ambassade, bel exemple de découpage cinématographique, est renversante. La mise en couleur apporte le contraste requis par l'atmosphère d'un récit qui alterne combats et instants intimes.
La traduction d'Alex Nikolavitch est honorable, mais le texte contient deux, voire trois fautes. Parmi les bonus figurent des travaux de Gleason (recherches graphiques, couvertures, crayonnés ou esquisses), ainsi qu'une succincte biographie des auteurs.
"Tueur né" est une métaphore sur les difficultés de la relation entre père et fils, déclinée à l'univers de Batman, avec toutes les singularités que cela implique. Tomasi et Gleason nous régalent de bout en bout de cette histoire aboutie et passionnante.
Mon verdict : ★★★★★
Il m'avait plusieurs tomes avant de succomber complètement au charme de ce duo (Gleason & Tomasi). Pour ce premier tome, j'avas été frappé par la décompression : une lecture trop rapide, comme s'il ne comptait que 4 épisodes et pas 8. Les dessins de Gleason pouvaient passer d'épatants (Damian tirant la langue en s'appliquant) à un peu creux. Un tome difficile à aimer (pour moi), mais impossible à détester, Tomasi et Gleason se montrant très habiles pour faire apparaître la personnalité complexe et attachante de Damian Wayne, avec beaucoup de scènes sortant de l'ordinaire des comics de superhéros.
RépondreSupprimerMon cœur de pierre n'avait toutefois pas résisté bien longtemps à l'évolution de la relation entre fils insoumis et père psychorigide (très jolie formule dans ton texte).
Je me souviens en effet de ta résistance à cette série, dont nous avions déjà discuté à l'époque où je chroniquais encore les "Batman Saga", mois après mois, sur le site d'Amazon. Je me souviens effectivement que ton "cœur de pierre" a fini par céder avec le temps, effectivement ☺ - à mon grand plaisir, d'ailleurs ☺.
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