dimanche 24 mai 2020

Olympus Mons (tome 4) : "Millénaires" (Soleil ; septembre 2018)

"Olympus Mons" est une série de bande dessinée de science-fiction en six numéros. Créée en 2017 par le Français Christophe Bec et l'Italien Stefano Raffaele, elle a été publiée dans la collection Fantastique Soleil de l'éditeur Soleil (vendu à Delcourt en 2011) entre janvier 2017 et septembre 2019. "Millénaires" (de septembre 2018) est le titre du quatrième tome. Cet album cartonné au format 23,3 × 32,3 inclut cinquante-cinq planches.
Bec, qui a écrit le scénario, est connu pour "Androïdes", "Bikini Atoll", "L'Aéropostale, des pilotes de légende", ou "Carthago", entre autres. Raffaele réalise les illustrations et l'encrage ; il a non seulement œuvré sur de la BD européenne, mais aussi sur des comics, en particulier "Hellboy", "X-Factor", "Batman", "Birds of Prey", "Conan the Barbarian", "Eternal Warrior" ou encore "Hawkeye"... La mise en couleur a été déléguée aux Indiens de Digikore Studios, qui travaillent souvent avec Soleil. Enfin, les couvertures de la série ont toutes été confiées à Pierre Loyvet

À l'issue du tome précédent, Lodygin est le seul survivant du commando de plongeurs de combat russes ; il est surpris par les humanoïdes. Elena, sereine, part pour l'Olympus Mons en rover. 
Au Kazakhstan, sur le site du cosmodrome de Baïkonour, il y a plusieurs années. Une jeune Elena Chevtchenko pose une pièce d'un rouble sur le rail du chemin de fer. Son père l'a amenée assister au lancement d'une fusée. Le convoi ferré qui transporte cette dernière est en approche. Le colosse aux réacteurs menaçants est acheminé vers le pas de tir. Le montage durera toute la nuit. Sous les étoiles, la petite Elena est béate d'admiration. 
Royaume d'Urartu, 334 av. J.-C. Alexandre le Grand et ses cohortes quittent le site d'Erebouni. Ils y ont passé deux semaines, et les nuages sont restés accrochés au sommet du mont Ararat... 

Cinquante-cinq planches par-ci ; quarante-six par-là... Le déséquilibre entre les volumes pourra surprendre, et d'aucuns commenceront à se dire qu'il est préférable de lire "Olympus Mons" en une version intégrale qui paraîtra assurément un jour. Néanmoins, "Millénaires" est le tome qui propulse l'intrigue d'un grand bond en avant. En effet, à l'issue du troisième volet, celle-ci n'avait pas encore avancé de façon satisfaisante, mais voici un volume qui contient son lot de révélations tout en conservant la complexité narrative qui nourrit le mystère ambiant propre au titre, amplifié par une atmosphère de catastrophe latente, autre caractéristique majeure de la série. Bec fait courir ce mystère sur plusieurs lignes temporelles, et alimente le mythe en déclinant le processus à plusieurs périodes ; certaines ne comptent qu'une seule et unique planche - c'est le cas d'Alexandre le Grand, qui ne verra pas le sommet du mont Ararat - tandis que d'autres sont développées, au grand plaisir des lecteurs. Par exemple, l'avalanche de l'Ararat au début du XIe siècle, qui détruit le village anatolien d'Akori, ou ce groupe de croisés (l'action se déroule en 1097) qui se sont écartés de l'expédition principale pour mener la leur à la recherche de l'Arche de Noé (quatre planches). À l'issue de ce tome, il est hautement probable que les lecteurs aient abandonné l'idée de connecter les événements en dépit de l'intérêt qu'ils suscitent dans ce cadre narratif, comme il est aussi fort possible que beaucoup aient renoncé à toute forme de sympathie envers certains personnages, beaucoup de protagonistes ayant rapidement disparu, de nombreux autres ayant fini noyés dans la masse des intervenants. Seuls deux d'entre eux - malgré les expériences terribles qu'ils ont déjà vécu et celles qui les attendent encore - sont toujours présents : Aaron Goodwin, le médium travaillant maintenant pour les Russes, et Elena Chevtchenko, désormais isolée sur Mars. La partie graphique en laissera plus d'un sceptique. Les visages de Raffaele sont souvent à géométrie variable, et leur harmonie est malmenée par des yeux qui manquent de symétrie. Et, surtout, l'expressivité n'est pas l'aspect le plus convaincant du style de l'artiste. Tour à tour léger et excessif, l'encrage n'est pas assez régulier. Depuis le tout premier tome, le rendu des dessins pâtit d'un encrage et d'une mise en couleur des visages insatisfaisants ; ceux-ci ont une apparence luisante et souffrent de contrastes saturés des teints. L'insuffisance flagrante de diversité des physionomies est une gêne récurrente à l'identification des abondants figurants. 

"Millénaires" est sans doute l'un des albums les plus aboutis depuis le commencement de la série. Et bien que la partie visuelle demeure un gros point faible, il relance l'intérêt des lecteurs qui se serait éventuellement étiolé à l'issue du troisième tome. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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2 commentaires:

  1. Le déséquilibre entre les volumes pourra surprendre. - Je pense que je ne serais pas sensible à cette fluctuation de la pagination parce que dans les années 1990, il y a eu une telle diversification des formats que je n'ai plus d'attachement au format traditionnel 48 (ou 46, ou 44...) ou 64 pages.

    La partie visuelle demeure un gros point faible. - Je ne m'explique pas bien cette caractéristique de la BD qui fait qu'on peut souvent passer outre des dessins de qualité moyenne et apprécier une intrigue forte, mais que des dessins de toute beauté rattrapent rarement un scénario indigent.

    (ton lien pour le tome précédent renvoie au tome 2 au lieu du 3.)

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    1. Je ne me l'explique pas non plus. Mais c'est effectivement comme cela que je fonctionne. Peut-être notre esprit est-il davantage stimulé par une certaine forme de cohérence que par la pure sensibilité artistique.
      Merci de m'avoir rapporté l'erreur du lien !

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