lundi 8 juin 2020

"X-Men" : L'Intégrale 1966 (Panini Comics ; octobre 2008)

Le quinzième volume de l'intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en octobre 2008 ; cet épais recueil cartonné recouvert d'une jaquette amovible compile les mensuels "X-Men" de 1966, du #16 de janvier au #27 de décembre. Il compte ainsi douze numéros pour plus ou moins deux cent quarante planches. 
Stan Lee (1922-2018) scénarise les #16-19 avant que Roy Thomas lui succède au #20. Jack Kirby (1917-1994) réalise les crayonnés des mêmes, finis par Werner Roth (1921-1973) alias Jay Gavin, qui reprend le dessin à partir du #20. Un seul encreur : Dick Ayers (1924-2014) ; il n'y a aucun crédit concernant la mise en couleur. 

À l'issue du tome précédent, les X-Men tombent face aux Sentinelles. Le docteur Trask réalise alors son erreur, et refuse de créer une armée de Sentinelles. Il est aussitôt appréhendé et emmené. 
Le professeur Xavier reprend ses esprits. Encore quelques secondes sous les tirs de micro-rafales électriques, et il n'aurait pas pu reprendre possession de son corps physique. Alors que "ses" X-Men sont prisonniers des Sentinelles dans la forteresse de celles-ci, il a été rejeté à l'extérieur, incapable non seulement de leur porter secours, mais aussi de les défendre. Tandis qu'il fait le point, il assiste à la descente sous terre de la forteresse, comme un ascenseur ; désormais, elle est complètement camouflée. Sa seule option est de découvrir ce qui leur a permis d'abattre la Sentinelle au studio télé, à New York. En dépit de la douleur, il réussit à ramper jusqu'à la route la plus proche ; il ordonne au conducteur et au passager de la première voiture qui passe de s'arrêter, et leur demande de l'emmener en ville. Dans leur base secrète, les Sentinelles n'ont point perdu de temps. Elles ont enfermé les X-Men dans un globe à l'intérieur duquel la gravité est amplifiée. Ils y resteront jusqu'à ce que le Moule initial donne l'ordre de les supprimer ; mais une fois réveillés, les X-Men décident de réagir... 

Soyons francs : d'un point de vue artistique, ce n'est pas dans ces pages que les X-Men vivront leurs heures les plus glorieuses. Thomas conçoit ces numéros dans la plus pure veine de ceux de Lee, et se garde de changer quoi que ce soit ; ni révolution ni évolution. Parmi les thèmes importants évoqués, la question mutante demeure au menu, mais sans être exploitée plus que cela, à l'exception de quelques scènes de circonstance ; l'intrigue avec les Sentinelles n'a aucune répercussion directe, en tout cas pas dans ces épisodes. Les caractérisations ne bougent pas. Les lecteurs retrouvent le professeur Xavier, éreinté par le poids d'une infirmité qui l'affecte sur le plan psychologique, et qui ploie sous le poids des responsabilités, surtout lorsque les X-Men sont éprouvés au combat, même s'ils font constamment face au danger sans que le courage leur fasse défaut. Autre dynamique déjà usée et qui ne connaît aucune progression, le triangle amoureux Scott-Jean-Warren ; les atermoiements de chacun (le départ de Scott n'est qu'un pétard mouillé parmi d'autres) finiront par avoir raison de la patience des lecteurs - surtout s'ils perdent de vue qu'il s'agit d'adolescents. Ces trois facettes des X-Men ("mutanité", paternité, amour) sont sous-développées et la piètre qualité des intrigues ne compensera ni les dialogues juvéniles (situation aggravée par les expressions et le vocabulaire de Geneviève Coulomb) ni la naïveté et le manichéisme que reflètent ces pages. Les arcs - ils durent deux numéros dans le meilleur des cas - se suivent et se ressemblent, entre robots d'origine terrienne ou extraterrestre et super-vilains qui visent à la domination du monde et concoctent des plans rocambolesques et invraisemblables ; parmi ceux-ci, celui qui met en scène le comte Nefaria et ses sicaires (#22 et 23) est sans doute le plus réussi. Enfin, la partie graphique manque singulièrement de variété dans les cadrages, surtout que ceux-ci sont combinés à un quadrillage standard ; cette association finit par susciter une certaine lassitude visuelle chez les lecteurs. Cela n'enlève toutefois rien à la beauté du classicisme issue du crayon de Roth, un artiste que Lee appréciait pour son aptitude à représenter les jolies femmes, en témoigne la finesse du visage de Jean. 
La traduction de Geneviève Coulomb peut alterner le meilleur et le surtout le pire. Et ici, c'est tout son cortège d'expressions "maison" qui s'invite. Hélas, près de vingt ans plus tard, toutes séries confondues, des dizaines de numéros réclament justice. 

La magie n'opère pas, à la transmission de flambeau entre Lee et Thomas ; de toute évidence, ce dernier était trop soucieux de suivre les traces laissées par les pas de son mentor. À cela vient s'ajouter une partie graphique décevante. Quel dommage !

Mon verdict : ★★☆☆

Barbüz
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2 commentaires:

  1. En lisant ton article, je me rends compte que je n'ai jamais lu ces épisodes... et après avoir lu ton article, je sais que je ne suis près de les lire. :)

    L'arrivée de Roy Thomas : à chaque fois que je pense au nombre d'épisodes que Stan Lee pouvait écrire (certes à la méthode Marvel) chaque mois et qu'il a tenu ce rythme pendant plusieurs années, j'en ai la tête qui tourne en essayant de me représenter la charge de travail correspondante. Thomas soucieux de suivre les traces de Lee : je pense que ça devait même être une consigne très ferme de Lee de répéter la formule qui fonctionne, celle par laquelle le succès est arrivé.

    La partie graphique manque de variété dans les cadrages [...] mais les dessins sont beaux : ainsi formulé, cela en devient une explication parfaite du fait que la narration visuelle n'est pas une suite de jolis dessins.

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    1. J'attendais sans doute trop de la part de Roy Thomas et de ce passage de flambeau. Quoi qu'il en soit, cette série demeure jusqu'ici une sacrée déception. Je vais quand même lire la suite ; il reste quand même quatre tomes.

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