mercredi 19 août 2020

Batgirl : "Année un" (Urban Comics ; février 2015)

Publié dans la collection DC Deluxe d'Urban Comics en février 2015, "Batgirl : Année un" est un album à la couverture cartonnée, au format 18,5 × 28,5 centimètres. Il contient approximativement deux cent dix planches - sans inclure la page d'introduction et les huit pages de bonus (esquisses). Il comprend la version française des neuf numéros de la minisérie "Batgirl: Year One", parue, en VO, entre février et octobre 2003. Il s'agit d'un récit complet. 
"Batgirl : Année un" a été coécrit par les auteurs nord-américains Scott Beatty et Chuck Dixon. Les illustrations ont été réalisées par un trio espagnol : Marcos Martín a produit les dessins, Álvaro López l'encrage, et Javier Rodríguez la mise en couleur. Beatty, Dixon, et Martín avaient œuvré ensemble sur "Robin : Année un"

Gotham City, au bal masqué du gala de charité de la Police. Sous les regards des invités médusés, Killer Moth tient Bruce Wayne en joue. Aux pieds de celui-ci gît James Gordon, inanimé, son revolver encore en main. Accroupie à ses côtés, s'assurant qu'il est en vie, Batgirl. Killer Moth tire une décharge de son arme en direction de Wayne, mais Batgirl réussit à le protéger avec sa cape. Insaisissable, elle s'appuie sur la tête de l'un des sbires de Killer Moth pour parvenir à hauteur du super-vilain. Retour en arrière, quelque jours plus tôt. Il est 08h30 ; Barbara Gordon prépare le petit déjeuner pour elle et son père. Leur discussion rend celui-ci hilare : sa fille, policière ? Piquée au vif, la jeune femme insiste ; Gordon rétorque qu'il ne l'a pas fait aller à l'université pour qu'elle batte le pavé. Barbara rectifie : elle a financé ses études grâce une bourse qu'elle a obtenue. Et un inspecteur cherchant des informations, elle estime que son diplôme en informatique sera un avantage. Goguenard, Gordon lui réplique qu'elle ne fait même pas la taille minimale requise pour prétendre au grade de lieutenant de police. Furieuse, Barbara claque son assiette sur la table, le laisse en plan dans la cuisine et file dans sa chambre... 

Cet excellent récit revient sur les origines de la super-héroïne Batgirl, d'abord créée pour promouvoir la troisième saison du feuilleton télévisé "Batman". Il consiste en une réécriture approfondie du "Detective Comics" #359 de janvier 1967, écrit par Gardner Fox (1911-1986), dessiné par Carmine Infantino (1925-2013), et encré par Sid Greene (1906-1972), dans lequel Batgirl apparaît pour la première fois, et dont il reprend les grands éléments de l'intrigue, à commencer par l'inénarrable Killer Moth - véritable anti-Batman et anti-Bruce-Wayne - avec sa Mothmobile et son attirail. Beatty et Dixon dépeignent une jeune femme intelligente, courageuse, imaginative, et volontaire, qui comprend rapidement qu'il ne faut pas sous-estimer les risques d'une guerre contre le crime, et qu'il est indispensable de s'y préparer convenablement ! Barbara Gordon veut devenir une super-héroïne, ou plutôt, une justicière. Contrairement à certains membres de la Bat-Famille ou à d'autres stéréotypes du genre, que ce soit Batman ou Robin (Richard Grayson), elle n'a pas - encore - été frappée par la tragédie. Mais celle qui ne pourra être lieutenant au GCPD - au grand soulagement de son quasi-commissaire de père - pour un prosaïque problème de taille souhaite prendre une revanche sur le destin, et échapper à la routine d'une vie à laquelle elle n'aspire pas. Batman et Robin testeront l'apprentie justicière et la pousseront au bout de ses limites, afin de s'assurer qu'elle est sérieuse, motivée, que c'est une alliée qui s'avérera fiable. Fluide, la narration est entrecoupée d'analepses et ponctuée de cartouches à la première personne. Ces pages sont chargées en action, mais il y a aussi de l'humour et de la tendresse. Le trait de Martín évolue dans un registre semi-réaliste ; il est fin, élégant, et propre. L'encrage discret et sans fioriture de López lui procure une légèreté supplémentaire. Martín présente une belle diversité dans son quadrillage. Il propose des plans inhabituels grâce à des perspectives variées, et ce dès les premières planches, avec une vue panoramique en trois cases horizontales suivie d'une composition inclinée qui rend Killer Moth plus menaçant. Ses arrière-plans sont parfois rationalisés, mais le niveau de détail, en général, est satisfaisant. 
Généralement, la traduction de Mathieu Auverdin, du studio MAKMA, est franchement solide, et son texte est soigné ; seule une petite faute de mode (un conditionnel en lieu et place d'un indicatif) est à noter. Côté bonus, aucun contenu remarquable. 

Cet ouvrage, qui revient sur les origines de Batgirl, procure un moment de lecture particulièrement agréable, en proposant une interprétation intelligente et originale du baptême du feu d'une jeune héroïne rafraîchissante, instantanément attachante. 

Mon verdict : ★★★★★ 

Barbüz
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6 commentaires:

  1. Une autre Année Un que je n'ai pas lue. 5 étoiles : ça me fait réfléchir et la tentation augmente. Je me surprends régulièrement à suivre les aventures de Batgirl alors que je ne suis pas le cœur de cible de cette série. L'essence du personnage permet de nombreuses variations et permet aux auteurs d'exprimer leur sensibilité. Elle constitue à mes yeux une sorte de paradoxe : créée de toute pièce pour toucher un public féminin d'adolescentes ou même de préadolescentes, elle est légitime et bien intégrée à Gotham, que ce soit sa version débutante comme ici, ou sa version plus adulte en Oracle.

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    1. Ici, je voulais surtout lire un autre "Année un" par les auteurs qui ont produit le même concept pour Robin. Essai transformé.
      Normalement, je n'apprécie pas le personnage plus que cela. J'avais été extrêmement déçu par la version des "New 52". Cet album m'a malgré tout donné envie de lire la récente série "Birds of Prey", parue en trois tomes chez Urban Comics. Il y a aussi les épisodes de Fletcher, mais je crains de ne vraiment pas être le cœur de cible de cette lecture-là, comme tu le précises si bien. Les as-tu lus ?

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    2. J'ai lu le début de la version New 52 par Gail Simone (les 2 premiers tomes VO) parce que j'avais plutôt bien aimé la version d'avant qu'elle écrivait dans la série Birds of Prey. J'avais également lu les 2 premiers tomes de Batgirl (version Burnside) par Cameron Stewart, Brenden Fletcher et Babs Tarr que j'avais plus aimés (commentaires sur amazon).

      Plus récemment, donc en VO, j'ai lu la saison réalisée par Mairghread Scott et Paul Pelletier, et j'ai commencé la suivante par Cecil Castellucci & Carmine Di Giandomenico. J'avais bien aimé d'autres versions antérieurs comme celle de Cassandra Cain par Kelley Puckett, Scott Peterson et Damion Scott.

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    3. Merci de ces informations.
      La "Batgirl version Burnside" : pourquoi n'as-tu pas lu le troisième tome ? C'est prévu ou tu as abandonné ?

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    4. Il a fallu que j'aille rechercher dans mes commentaires pour quelle raison je n'ai pas lu le tome 3. Il n'est pas dans ma pile de lecture, et il n'est pas prévu que je le lise. Visiblement j'avais trouvé que le tome 2 se dispersait un peu, et que je n'avais pas envie de lire le dernier tiers.

      L'unité de ce deuxième tome des aventures de Batgirl, avec une sensibilité plus féminine et plus jeune, s'avère moins forte que le celle du premier. Les auteurs ont pris le parti d'établir des liens avec ce qui passe ailleurs à Gotham, de manière organique, mais pas complètement intégrée. Les opposants à Batgirl sont plus anecdotiques, et sans lien direct avec le thème générique de la jeunesse, diminuant ainsi la pertinence de leur participation et la thématique de la série. Les dessins de Babs Tarr sont toujours aussi agréables et adaptés à l'héroïne. La narration visuelle de Bengal révèle toute sa saveur dans la course-poursuite de l'épisode annuel. 4 étoiles pour un tome un peu hétérogène, oubliant parfois la personnalité des protagonistes.

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    5. Merci pour ce commentaire.

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