"Olympus Mons" est une série de bande dessinée de science-fiction en six numéros. Créée en 2017 par le Français Christophe Bec et l'Italien Stefano Raffaele, elle est publiée dans la collection Fantastique Soleil de l'éditeur Soleil (vendu à Delcourt en 2011) entre janvier 2017 et septembre 2019. "Dans l'ombre du soleil" (janvier 2019) est le titre du cinquième volet ; ce tome cartonné (format 23,3 × 32,3) contient quarante-sept planches.
Bec, qui a écrit le scénario, est connu pour "Androïdes", "Bikini Atoll", "L'Aéropostale, des pilotes de légende", ou "Carthago", entre autres. Raffaele réalise les illustrations et l'encrage ; il a non seulement œuvré sur de la BD européenne, mais aussi sur des comics, en particulier "Hellboy", "X-Factor", "Batman", "Birds of Prey", "Conan the Barbarian", "Eternal Warrior" ou encore "Hawkeye"... La mise en couleur a été déléguée aux Indiens de Digikore Studios, qui travaillent souvent avec Soleil. Enfin, les couvertures de la série ont toutes été confiées à Pierre Loyvet.
À l'issue du tome précédent, Elena Chevtchenko localise une caverne ; elle y descend. Elle y trouve un centre de commande, mais elle est inopinément attaquée par un androïde en armure.
Aaron Goodwin et l'agent du FSB Daria Grichenko sont à bord d'un avion de la British Airways à destination des États-Unis, qui a quitté la Russie ; Aaron part retrouver Jillian, sa compagne, qui a perdu leur enfant à la suite d'une fausse couche. Pendant leur vol, il raconte à son accompagnatrice comment son don de médium s'est manifesté : à l'âge de cinq ans, il a subi un choc cardiorespiratoire pendant une banale opération chirurgicale. Son visage a bleui et l'équipe médicale, qui ne trouvait plus de pouls, a alors immédiatement lancé une phase de réanimation, avec utilisation les défibrillateurs. Mais Aaron est revenu à la vie sans que le médecin ne fournisse d'explication satisfaisante...
Comme les autres tomes, "Dans l'ombre du soleil" comprend son lot de révélations, à commencer par les origines du don de médium d'Aaron Goodwin. "Olympus Mons", jusqu'ici, évoluait dans un double registre : beaucoup de science-fiction avec un peu de fantastique. Là, Bec explore un peu plus la seconde dimension en évoquant ces ombres qui s'invitèrent dans le quotidien d'Aaron, après une opération chirurgicale compliquée à cinq ans ; les silhouettes pourront rappeler l'univers visuel du cinéaste Tim Burton autant que celui des ombres chinoises. Évidemment, l'enfance de Goodwin s'accompagne malheureusement des poncifs habituels qui ne surprendront pas le lecteur : scolarité difficile, isolement social, et bien entendu incompréhension et brimades de ses camarades de classe. La gestion de l'intrigue, bien qu'elle continue à avancer en apportant son lot d'explications bienvenues, est victime d'un déséquilibre ; les scènes sur Mars avec Elena représentent un tiers des planches à elles seules. Les autres (Goodwin, les tensions en mer de Barents, l'équipe de Tracker Legends et celle de l'Oceans' Pathfinder, les services russes, et la ligne chronologique avec les Vikings en 1013) doivent se partager ce qui reste. La rencontre entre la cosmonaute et l'androïde est néanmoins le point d'orgue de ce volume : quoique Bec parvienne difficilement à éviter l'écueil du modèle éculé des dialogues pleins de poncifs entre une intelligence extraterrestre supérieure et des humains, il réussit à retranscrire avec conviction un début de camaraderie voire de complicité étrange, sans faire passer Elena pour un anthropopithèque. L'ensemble des lignes narratives subsistantes doivent se partager trente planches et tout semble devoir s'accélérer - de manière pas complètement persuasive - afin qu'aucune ne prenne de retard par rapport aux autres, et que la somme reste synchrone ; les lecteurs auront la sensation d'être ballottés d'un endroit ou d'une époque à la suivante, et de survoler l'action. L'humour, enfin (il y en a peu), tombe à plat, à l'instar de la présentatrice, qui juge spirituel d'évoquer des références cinématographiques alors que la planète est à l'aube d'une troisième guerre mondiale. S'il s'agit de moquer les médias, cela manque de finesse. La partie graphique affiche les carences habituelles. Les finitions des illustrations et l'encrage sont très insuffisants : une conséquence du traitement par ordinateur ? L'artiste produit pourtant de magnifiques gros plans sur les visages, mais ses plans plus éloignés sont terriblement ratés, et les regards souffrent souvent de strabisme.
En plus de dessins dont les défauts sautent aux yeux lorsque l'on s'y attarde, la narration de "Dans l'ombre du soleil" pourra laisser un goût de déception ; toutefois, ces séquences sur Mars, mettant en scène Chevtchenko et Einstein, sont convaincantes.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
Les BD de Barbüz : sur Facebook
Visiblement Stefano Raffaele continue de te décevoir et le niveau de l'intrigue n'est pas suffisant pour palier cette qualité visuelle insuffisante.
RépondreSupprimerDouble registre : science-fiction + fantastique. Il me semble que quand j'étais plus jeune, j'étais plus sensible à ce genre de mélange, préférant que mes histoires restent dans un genre littéraire bien tranché, plutôt que d'essayer d'étoffer l'histoire avec les conventions d'un autre genre, tout en restant à sa surface. Avec les années qui passent, je suis plus curieux de voir comment l'auteur tire profit du mélange, sauf quand le fantastique sert de baguette magique pour évacuer les incohérences SF ou résoudre magiquement des situations.
S'il s'agit de moquer les médias : j'aime bien ta forme conditionnelle. Il m'est difficile de pouvoir affirmer avec certitude qu'elle était l'intention d'un auteur, sans risque d'y projeter mon interprétation subjective et être à côté de la plaque. Dans l'exemple que tu pointes, difficile de dire si c'est une intention incluse sciemment, ou si c'est juste l'effet que produit un outil narratif pour insuffler de la personnalité à cette présentatrice.
Je ne sais pas si c'est Raffaele qui me déçoit ou le travail de Digikore. Je penche pour la seconde option. Je suis sûr que Raffaele est un artiste dont le travail est très valable, mais qui nécessite les finitions d'un véritable encreur et l'intervention d'un vrai coloriste.
SupprimerConcernant la moquerie des médias, je ne suis pas sûr d'avoir correctement interprété l'intention de l'auteur, effectivement. Je ne sais pas s'il a simplement voulu faire de l'humour ou vraiment se moquer des journaux télévisés et de leur manque de décence.
Six tomes étaient annoncés pour cette série ; un septième vient pourtant d'être annoncé (d'après Amazon). Alors, est-ce un nouveau cycle qui n'a plus rien à voir avec Mars ? Il semblerait. Toujours est-il que je n'irai pas au-delà du sixième numéro, parce que là, ça traîne déjà un peu trop à mon goût.