vendredi 11 septembre 2020

"Gotham Central" : Tome 3 (Urban Comics ; mars 2015)

"Gotham Central" est une série consacrée aux forces de police du commissariat central de Gotham City, qui compte quatre tomes publiés entre avril 2014 et juillet 2015, dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics. Le troisième est un album à couverture cartonnée, au format 17,5 × 26,5 centimètres, d'approximativement deux cent quatre-vingt-cinq planches sans les deux pages de bonus. Il contient les versions françaises des "Gotham Central" 23 à 31 (novembre 2004 à juillet 2005), et celles des compléments des "Detective Comics" #763-769 (de décembre 2001 à juin 2002). 
Les scénarios sont de Greg Rucka (#23-25  et #28-31) ou d'Ed Brubaker (#26-27). Michael Lark dessine les #23-25, Jason Alexander, les #26-27, Stefano Gaudiano, qui encre le travail de Lark, les 28-31 ; les "Detective Comics" sont écrits par Judd Winick, illustrés par Cliff ChiangLee Loughridge, enfin, signe la mise en couleur. 

À l'issue du tome précédent, Marcus Driver part pour l'hôpital retrouver Romy Chandler, dont le partenaire, Nate Patton, vient de succomber à ses blessures après un attentat à la bombe du Joker. 
Renée Montoya et Crispus Allen achèvent leur dîner dans une pizzeria. Ils y discutent de leurs projets pour le week-end : Renée a invité son partenaire. Allen et sa femme pensent arriver après la messe. Il a hâte de goûter à la cuisine de Daria, la compagne de Renée. Cette dernière lui met l'eau à la bouche en évoquant la fameuse frittata de sa petite amie ; mais Crispus lui rappelle qu'il a deux enfants qui ne désirent manger rien d'autre que des gaufres le dimanche midi. Renée le rassure : les gaufres de Daria sont irrésistibles. Au comptoir, Renée demande à qui le tour de payer l'addition ; Allen lui répond que c'est à elle. La patronne, Ginny, fait semblant de s'offusquer gentiment au moment où Renée tend ses billets ; elle explique alors qu'avec ces gangs qui se battent dans toute la ville, elle ne veut pas prendre l'argent des policiers... 

Cet épais volume se scinde de la façon suivante : "Corrigan" (idem en VO), un arc en deux chapitres ; puis "Extinction des feux" ("Lights Out" ; un numéro) ; "Boulevard des tordus" ("On the Freak Beat" ; deux) ; "Kollègues de Keystone" ("Keystone Kops" ; quatre) ; et, enfin, les sept premières parties des dix que compte "Des voix qui se sont tues" ("Lost Voices"). "Corrigan" revient sur une certaine forme de corruption au sein de la police de Gotham et la manière dont des faits mêmes moindres peuvent affecter une enquête en cours. C'est un épisode qui fourmille de trouvailles scénaristiques intéressantes (les collections privées de gadgets de super-héros) dans lequel Rucka souligne les attitudes masculines du caractère de Montoya. Et dans "Extinction des feux", il rappelle le désamour profond entre Batman et le GCPD à la suite des événements de "War Games". "Boulevard des tordus" évoque le poids des secrets intimes, avec Catwoman et l'inspectrice Josie MacDonald en vedettes. Dans "Kollègues de Keystone", Rucka a la bonne idée d'une rencontre entre flics de Gotham City et flics de Keystone City, la ville de Flash. Il y souligne les points communs en filigrane. L'éditeur a ajouté "Des voix qui se sont tues", un arc qui peut être considéré comme inspirateur de "Gotham Central", qui en reprend de nombreux ingrédients. C'est là son intérêt majeur, car ce récit ne passionne pas et le cas de cette policière dotée de pouvoirs ne convainc guère. Les auteurs continuent à explorer l'incompréhension et les difficultés relationnelles entre Montoya et son père. Les scénaristes distillent du naturalisme dans la plupart de leurs histoires, qu'ils ancrent dans la réalité bien urbaine de Gotham City, une atmosphère savamment retranscrite par Lark et Gaudiano ; ces deux artistes évoluent dans le même registre réaliste, bien que le trait de l'Italien soit moins acéré, moins fini, moins détaillé. Cependant, la différence de style est à peine perceptible, d'autant que Gaudiano a encré le travail de Lark et que leur coloriste - Loughridge - est le même. Brut et anguleux, le trait d'Alexander se rapproche - à s'y méprendre - à celui du Britannique Jock ; quant à Chiang, son coup de crayon n'a pas atteint cette maturité affichée dans ses récents "Wonder Woman"
La traduction a été confiée à Alex Nikolavitch ; elle est satisfaisante. Son texte a été soigné, malgré une faute fréquente : "après que" n'est jamais suivi du subjonctif. Curieusement, "Burnley Town Massive" - nom propre, celui d'un gang - a été traduit

Bien que les auteurs ne retrouvent pas la magie des tout premiers numéros et que les "Detective Comics" soient ici superflus, la durabilité de la qualité de l'écriture de "Gotham Central" et ce soin apporté aux dialogues garantissent le plaisir de lecture. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz
Les BD de Barbüz : sur Facebook

2 commentaires:

  1. Ces deux artistes évoluent dans le même registre réaliste : ça avait été mon ressenti également.

    Pour une fois nos avis divergent : j'avais été moins intéressé par les récits de Brubaker et Rucka, et plus par celui de Winick & Chiang. Je n'avais même pas fait attention au fait que l'histoire de Josie Mac avait été publiée avant Gotham Central.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai adoré le premier arc, "Corrigan". Le reste est un peu moins bon que d'habitude, mais les tranches de vie restent toujours intéressantes, même si l'on parle surtout de l'évolution de la relation entre Montoya et son père, au fond.
      Je dois avouer que le personnage de Josie Mac m'ennuie quand même un peu. Cette idée de pouvoir n'est pas très intéressante et je trouve qu'elle n'apporte pas grand-chose aux histoires.

      Supprimer