"Gotham Central" est une série consacrée aux forces de police du commissariat central de Gotham City. Elle inclut quatre tomes, publiés entre avril 2014 et juillet 2015 dans la collection "DC Classiques" d'Urban Comics. Ce quatrième et dernier est un ouvrage format 17,5 × 26,5 cm, d'environ deux cent cinquante-cinq planches, à couverture cartonnée. Il comprend les versions françaises des "Gotham Central" #32 à 40 (d'août 2005 à avril 2006) et les compléments des "Detective Comics" 770-772 (juillet à septembre 2002) et #784 (septembre 2003). Six pages de bonus, enfin, viennent compléter l'épais recueil : les quatre couvertures des "trade paperbacks" VO et de rapides biographies des auteurs principaux.
Les "Gotham Central" sont écrits par Greg Rucka, avec le concours d'Ed Brubaker pour les #33-36. L'Espagnol Kano dessine les 33-36 et les 38-40, tous encrés par l'Italien Stefano Gaudiano ; Steve Lieber, lui, est chargé des #32 et 37. Judd Winick scénarise les "Detective Comics", illustrés par Cliff Chiang ; Lee Loughridge compose les mises en couleur, à l'exception des "Detective Comics" 772 et 784 confiés - respectivement - à Jason Wright et à Chiang.
À l'issue du tome précédent, l'agent Don Peak doit abattre - bien malgré lui - Andrew Kelly, son ex-coéquipier devenu un monstre incontrôlable. Montoya participe à la fusillade et sauve son père.
Gotham City, au crépuscule. Dee-Dee, une jeune sans-abri, se trouve dans un bâtiment abandonné. Elle cherche des livres parmi un tas de déchets divers. Elle dégote deux exemplaires du "Geographic Magazine" sous une bombonne de plastique. Elle les glisse dans la besace qu'elle porte en bandoulière. Au début, elle ne prête guère attention à la conversation qu'elle entend, mais le ton monte et elle commence à s'inquiéter ; elle préfère se cacher. Deux agents de police, Tim Munroe et Roger DeCarlo, tabassent la Détente (VO : "Trigger"), un dealer ; ils exigent leur pourcentage...
Voilà donc la dernière salve d'arcs et d'épisodes de "Gotham Central". Ils se répartissent de la façon suivante : "Loi naturelle" ("Nature" en VO ; en un numéro) ; "Mort à Robin" ("Dead Robin" ; un récit en quatre parties) ; "Bloody Sunday" (un acte unique ; il s'inscrit dans le lancement de l'événement "Infinite Crisis") ; "Corrigan", en trois numéros ; enfin, les trois chapitres restants de "Des voix qui se tues" ("Lost Voices"), suivi de son épilogue "Changement d'air" ("Trading Up"), la conclusion des "Affaires classées de l'inspecteur Josie Mac". Commençons par "Des voix qui se sont tues" : certains se demanderont pourquoi Urban Comics n'en a pas fait un numéro zéro ou ne l'a pas inséré au début du premier volume. Si le scénario n'est point captivant, son épilogue est touchant, en revanche. "Loi naturelle" est une nouvelle au dénouement brut, qui ramène le côté super-vilains de Gotham City au premier plan. Puis vient "Mort à Robin" : le clou du spectacle ! L'intégration de la composante super-héroïque dans cette intrigue surprenante est aussi amusante que judicieuse (la présence des Jeunes Titans au commissariat !) et la relation entre Batman et la police de la ville, dépeinte avec un indéniable talent, est caractéristique de ce rapport haine-amour que le lieutenant Driver évoque. Apocalyptique, "Bloody Sunday" dénote avec le ton général de l'œuvre pour susciter l'intérêt, mais représente un intermezzo avant "Corrigan", l'arc final qui replonge la série dans son manteau de noirceur et dans lequel Rucka, en renouant avec une certaine tradition de polar noir, désespéré, et résolument pessimiste, se montre impitoyable avec ses personnages ; comme s'il souhaitait effacer brutalement les aspects "soap" de la série, en concluant sur une tragédie avant de tourner la page. La partie graphique s'inscrit parfaitement dans l'atmosphère du titre, que ce soit sous le crayon de Kano ou celui de Lieber, bien que la régularité du trait du premier, sans être irréprochable pour autant, lui vaudra les faveurs du lecteur. La Gotham City de Kano est peut-être plus sale, plus intimidante. Cela dit, ne sous-estimons pas le travail de Loughridge, le coloriste, qui a choisi une palette particulièrement adéquate de teintes pour transcrire l'ambiance de la terrible ville.
La traduction a été confiée à Alex Nikolavitch. Elle est généralement honorable malgré des boulettes : une incohérence tutoiement-vouvoiement ; un "après que" suivi d'un subjonctif ; une faute de genre ; et enfin, un futur à la place d'un conditionnel.
Malgré une approche éditoriale discutable pour les "Josie Mac", et en dépit des deux intermèdes un peu en dessous, cet ouvrage comprend deux arcs incontournables : "Mort à Robin", et "Corrigan", qui clôt le titre de façon inattendue et bouleversante.
J'avais été plus tolérant que toi pour l'histoire de Josie Mac qui ne m'avait pas semblé déparer des autres, même si elle n'est pas issue de la série Gotham Central.
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé le retour de Stacy et son optimisme juvénile. Comme toi, j'avais été frappé par la noirceur des récits, des vrais polars, avec les ripoux tranquilles, la douleur des familles, l'absurdité des crimes, la pression politique sur Maggie Sawyer, le manque de confiance vis-à-vis de la presse et la course à la montre qui en découle, l'inéluctable routine fastidieuse de l'enquête, la découverte des indices, etc.
C'est vrai que j'aurais dû signaler que les rapports entre presse et police étaient au cœur de "Mort à Robin".
SupprimerJ'ai été frappé par la "froideur" avec laquelle Rucka était capable de refermer un arc de façon vraiment satisfaisante, bien loin des clichés que l'on nous sert dans certaines histoires de super-héros.