vendredi 20 novembre 2020

Green Arrow (tome 3) : "Brisé" (Urban Comics ; octobre 2015)

"Brisé" est un ouvrage format 17,5 × 26,5 centimètres à couverture cartonnée, d'environ cent pages, publié dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics, en octobre 2015. C'est le troisième des cinq volumes du "Green Arrow" de la "Renaissance DC" ("The New 52"), une démarche lancée en 2011 par DC Comics pour rafraîchir son univers. Ce tome compile les versions françaises, dans l'ordre, d'une histoire extraite du "Secret Origins" (volume 3) #4 (de septembre 2014), des "Green Arrow" #32-34 (d'août à octobre 2014) et enfin du "Green Arrow: Futures End" de novembre 2014. 
Le Canadien Jeff Lemire écrit les scénarios de tous les numéros. Le "Secret Origins" est illustré par Denys Cowan et encré par Bill Sienkiewicz. L'Italien Andrea Sorrentino réalise toutes les autres illustrations. Il est connu pour "I, Vampire". Lemire et Sorrentino renouvelleront la collaboration avec "Old Man Logan" (le volume 2 : 2016). Le Brésilien Marcelo Maiolo produit la mise en couleur. Sorrentino et Maiolo se sont déjà associés ("I, Vampire" en 2012). 

À l'issue du tome précédent, Oliver Queen, écœuré, refuse de prendre la tête des Outsiders. Il abandonne ses alliés, et propose à Emiko de rentrer avec lui ; elle décline, et il repart pour Seattle. 
Seattle est en état de siège. La vague de crime qui s'en est emparée en est à sa seconde semaine. La police exhorte les habitants à respecter le couvre-feu ; le maire continue ses appels au calme. Mais des criminels armés de fusils d'assaut contrôlent plusieurs points névralgiques de la ville. Il semble évident que les forces de l'ordre ont perdu la maîtrise de la situation. La Maison-Blanche pourrait mobiliser la Garde nationale d'ici quelques jours. Mais une question est sur de nombreuses les lèvres. Où est passé Green Arrow, le gardien de Seattle ? Le justicier à la capuche les a-t-il abandonnés ? Peu après, Green Arrow entre dans son repaire, par la lucarne du toit. Le local est vide, mais il avance prudemment... 

Dans ce tome, Green Arrow, après avoir claqué la porte, continue sa propre réinvention. En héros candide et pur, donc désintéressé du pouvoir une fois la lutte finie, il refuse d'être intronisé. Il rejette l'organisation dont son père le voyait prendre les rênes. En revanche, il propose à sa jeune demi-sœur -  un personnage rafraîchissant, terriblement drôle - de devenir son mentor. Il affronte son reflet déformé, l'homme qui veut l'éliminer pour étendre son emprise sur sa ville puis se réconcilie avec son frère spirituel. S'il n'accepte ni trône ni armée, il s'impose comme l'indiscutable leader de son équipe et resserre les rangs de ses troupes - sa vraie famille - sans qu'il y ait le moindre quiproquo au sujet de son commandement. Enfin, parti comme Ulysse, il rentre au foyer : Seattle. Lemire exploite ainsi quelques pistes essentielles qui se déclinent à partir du concept de héros. Si cette poignée de trois numéros reste de qualité, il y a néanmoins des déchets d'un point de vue éditorial ; cela commence avec l'épisode d'ouverture, le "Secret Origins", qui répète et rabâche les mêmes informations malgré les variations de la lecture de Lemire. Des pages dans lesquelles il n'y a rien de neuf. Ensuite, le "Green Arrow: Futures End", faisant office d'épilogue lointain, est peu intéressant, parce qu'il ne s'agit que d'un fragment isolé d'une saga beaucoup plus vaste. L'éditeur français aurait aisément pu les écarter et ne publier que deux volumes - plus épais - ne reprenant que le contenu de l'arc central et rien d'autre. Encombrée par des récits connexes qui ne passionneront pas, sa conclusion a donc un impact réduit. Quant à la partie graphique de Sorrentino, elle est parfois difficilement déchiffrable. L'art novateur de l'Italien exige des lecteurs qu'ils prennent leur temps pour décrypter ses cases ; cet exercice est indispensable, sous peine de passer à côté des scènes les plus denses telles que les combats. Le dessinateur aura marqué la relance du personnage de son empreinte autant que Lemire avec son scénario notamment grâce à un quadrillage original et un découpage dont les encadrés bien imaginés attirent l'attention sur le cœur de l'action. Cowan évolue dans un registre réaliste lui aussi, mais différent ; cette discontinuité de style est flagrante. 
La traduction de Benjamin Rivière (alias KGBen, du studio bordelais MAKMA) est irréprochable ; la mauvaise performance du second tome est oubliée. Le texte semble avoir été fignolé, aucune faute n'a été consignée et aucune coquille n'a été relevée. 

Lemire et Sorrentino closent leur saga de façon satisfaisante, en dépit des lourdeurs des politiques éditoriales. La suite de cette série - période "Renaissance" - compte deux tomes supplémentaires qui sont malheureusement loin d'être du même acabit. 

Mon verdict : ★★★☆☆ 

Barbüz 
Les BD de Barbüz : sur Facebook

2 commentaires:

  1. L'éditeur français aurait aisément pu les écarter. - Oui, mais alors on se serait interrogé sur la qualité de ces épisodes, en tout c'est que j'aurais fait en complétiste indécrottable, et surtout parce que j'étais plus motivé à lire ce tome pour les auteurs que pour le personnage.

    J'avais relevé le même point que toi pour l'épisode d'origine : il n'apporte pas grand chose.
    pour les épisodes 32 à 34, j'avais trouvé que l'histoire n'est pas mémorable pour son intrigue, mais pour sa narration rapide, et sa mise en images très intense. Plus satisfait que toi par les dessins.

    Pour Future's end : l'intrigue est plus dense que celle des 3 épisodes précédents, car Lemire doit tout faire tenir en seulement 20 pages, le rythme est donc très rapide. Et comme toi, sachant que la maxisérie "Future's end" est réalisé par un comité de créateurs, je suis arrivé sans difficulté à me satisfaire de ce petit rab' de Lemire & Sorrentino, sans avoir envie de lire la suite, ni celle de Future's end, ni celle de la série.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dans l'ensemble, je suis satisfait de ces épisodes, pas dithyrambique non plus à l'issue de ce tome-ci pour les points énumérés ci-dessus. J'ai quand même commencé la suite - le quatrième tome - mais je me suis arrêté au bout de quelques numéros et je n'ai pas pu terminer tant ça m'a ennuyé.

      Supprimer