vendredi 27 novembre 2020

Olympus Mons (tome 6) : "Einstein" (Soleil ; septembre 2019)

"Olympus Mons" est une série de bande dessinée de science-fiction. Lancée en 2017 par le Français Christophe Bec et l'Italien Stefano Raffaele, elle est publiée dans la collection "Fantastique Soleil" de l'éditeur Soleil (vendu à Groupe Delcourt en 2011) depuis 2017. Sorti en septembre 2019, "Einstein" est le titre du sixième volet et clôt ce premier cycle. Cet album format 23,3 × 32,3 à couverture cartonnée contient cinquante-six planches. 
Bec, qui a écrit le scénario, est connu pour "Androïdes", "Bikini Atoll", "L'Aéropostale, des pilotes de légende", ou "Carthago", entre autres. Raffaele réalise les illustrations et l'encrage ; il a non seulement œuvré sur de la BD européenne, mais aussi sur des comics, en particulier "Hellboy", "X-Factor", "Batman", "Birds of Prey", "Conan the Barbarian", "Eternal Warrior" ou encore "Hawkeye"... La mise en couleur a été déléguée aux Indiens de Digikore Studios, qui travaillent souvent avec Soleil. Enfin, les couvertures de la série ont toutes été confiées à Pierre Loyvet

À l'issue du tome précédent, Elena Chevtchenko est repérée par un drone ; Nina Kulagina demande alors à Aaron Goodwin de l'aider à se matérialiser pour attirer l'attention de cet appareil. 
Une plateforme à l'intérieur d'une structure extraterrestre cyclopéenne. Plusieurs lits y sont disposés. Un extraterrestre dont le corps est recouvert de pustules meurt sur le sien ; sa cage thoracique explose, et ses entrailles se répandent autour de lui. Les androïdes qui assistent à son trépas sont aspergés par les giclures de ses fluides corporels. Un portail s'ouvre ; dehors, les combats font rage. Les cieux assombris sont envahis de vaisseaux spatiaux, tandis qu'au sol, les explosions de multiplient. Les robots tentent une sortie pour jouer leur rôle dans la bataille ; ils sont aussitôt annihilés par un drone. Au sol, l'ennemi et ses engins de guerre avancent de façon implacable et méthodique... 

Avec ce sixième tome vient l'heure des explications et des révélations. Tout devient soudainement clair. L'ouverture consiste en quatre pages sans texte, aussi lugubres qu'apocalyptiques. Puis Bec connecte toutes les lignes narratives de sa saga. Il n'oublie ni l'action (les scènes de combat), ni le spectacle (les grandes manœuvres et les émeutes), ni l'émotion, surtout centrée sur le personnage d'Aaron Goodwin, plus que jamais nimbé de son aura de prophète tragique. Le scénariste parvient également à insuffler une certaine forme de lyrisme à son histoire en évoquant cette volonté sincère des grandes puissances de collaborer, d'abord militairement pour éliminer la menace en mer de Barents, ensuite scientifiquement pour ramener le commandant Elena Chevtchenko de Mars sur la Terre. Pour autant, le récit est loin d'être exempt de faiblesses. Quelques séquences sont même à peine compréhensibles, l'auteur renonçant délibérément à l'utilisation de cartouches, peut-être pour renforcer l'aspect cinématographique de la narration : par exemple, c'est le cas du sous-marin qui est détruit sans que les lecteurs sachent à la flotte de quelle nation il appartient ou du moyen employé pour abattre le drone pris au piège dans le sas. C'est d'ailleurs un défaut récurrent de cette série. Enfin, d'aucuns trouveront rafraîchissant le parti pris prorusse plutôt que prooccidental. Bien que les événements se suivent de façon cohérente et sans invraisemblance majeure, certains pourront regretter, à l'issue de la lecture de ce dernier volet du premier cycle, que Bec, au long des six tomes, se soit dispersé dans des séquences sans réelle importance - et surtout : sans conclusion - et que le dénouement soit si compressé, au fond. La densité et la variété de l'intrigue et la caractérisation des personnages sont les points forts du titre, en revanche. Quant à la partie graphique, elle présente, malheureusement, les mêmes imperfections que dans les cinq volumes précédents. Le style réaliste de l'artiste affiche des postures naturelles et les décors et les véhicules sont soignés. Mais les visages sont parfois terriblement ratés : traits imprécis ou méconnaissables, asymétrie, yeux de tailles différentes, reliefs irréguliers, nez disproportionnés, etc. Certains personnages sont à peine identifiables. Il est difficile d'établir si c'est Raffaele qui a bâclé ses dessins - lui fallait-il un encreur ? - ou si c'est la mise en couleur qui nuit aux détails. Les visages souffrent de teints mal choisis, de brillances ou de zones d'ombre mal placées. Constatons quoi qu'il en soit que Digikore ne participe pas au second cycle. 

"Einstein" clôt le premier cycle de façon satisfaisante. Avec le recul des six tomes, deux défauts majeurs émergent : un dispositif narratif qui manque de clarté, et une partie graphique trop inégale. Espérons que le tir sera rectifié dans le second cycle. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
Les BD de Barbüz : sur Facebook 

2 commentaires:

  1. Quelques séquences sont même à peine compréhensibles : l'exemple que tu as choisi (impossible d'identifier à quelle flotte appartient le sous-marin) m'aurait également bien frustré. Quelques personnages sont à peine identifiables : autres point qui me rebute dans mes lectures. La mise en couleurs nuit aux détails : si je me souviens bien Digikore était le studio choisi par l'éditeur de comics Avatar pour tous titres et il n'avait qu'un seul mode de mise en couleurs : à fond le modelage par dégradé, ce qui n'était pas adapté à tous les dessinateurs.

    La densité et la variété de l'intrigue : des qualités qui me parlent bien, et qui me font m'interroger sur le fait que la densité soit absente ou très relative dans de nombreuses bandes dessinées.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne sais pas ce qui a poussé Soleil a ne pas arrêter la coopération avec Digikore avant. Ici, c'est la même technique de mise en couleur : par dégradé.
      Je m'interroge toujours sur la qualité du travail de Raffaele : je pense qu'un encreur aurait pu rectifier le tir de façon satisfaisante.
      Quoi qu'il en soit, "Olympus Mons" c'est fini pour moi : je ne lirai pas le second cycle, dont la mise en couleur, cette fois, a été confiée à une Brésilienne, Natália Marques. Impact à voir...

      Supprimer