Le sixième recueil de l'intégrale que Panini Comics France consacre aux Quatre Fantastiques renferme les versions françaises des douze numéros de la série "Fantastic Four" de 1967, du #58 de janvier au #69 de décembre, plus le "Fantastic Four Annual" #5 de novembre. Cet épais album, au format 17,7 × 26,7 centimètres, à couverture cartonnée et à jaquette amovible, est sorti en mai 2008, et comprend environ deux cent quatre-vingt-quinze pages.
Stan Lee (1922-2018) écrit les scénarios. Jack Kirby (1917-1994) dessine tous les numéros. Le travail du "King" est principalement encré par Joe Sinnott (1926-2020) ; l'annuel est confié à Frank Giacoia (1924-1988). La tâche de coloriste est rarement créditée. Un unique nom ressort quelques fois, Stan Goldberg (1932-2014).
À l'issue du tome précédent, l'Homme-sable échappe aux Quatre Fantastiques. En Latvérie, le docteur Fatalis parvient à tromper le Surfeur d'argent, lui subtilise ses pouvoirs et le fait incarcérer.
New York. Un orage vient d'éclater brutalement. Au sommet du Baxter Building, un éclair révèle le visage du docteur Fatalis sous les yeux incrédules de la Chose, Reed et Sue. Reed essaye de rester rationnel ; cela ne peut être qu'une illusion d'optique causée par la foudre. Un second éclair : cette fois, c'est la silhouette entière, menaçante, du super-vilain qui apparaît ! Reed comprend qu'il ne peut s'agir d'un phénomène naturel. Tandis qu'ils se précipitent vers l'escalier, l'orage s'évanouit presque instantanément. Dans son château, en Latvérie, Fatalis est satisfait de son petit effet ; car c'est bien lui qui a causé cette perturbation. S'amuser plus longtemps ne l'intéresse pas : le moment est venu d'attaquer les Quatre Fantastiques et de les éliminer. Ensuite, l'humanité entière rampera à ses pieds. Avant de s'envoler, il souhaite faire ses adieux à celui à qui il doit ses nouveaux pouvoirs, le Surfeur d'argent. Mais le héraut de Galactus ne lui témoigne que mépris...
Voici, tout simplement, la plus belle brochette d'épisodes de "Fantastic Four" depuis le lancement de la série ; la somme est d'une qualité assez rare, pour le Marvel de cette époque. Certes, il y a quelques défauts. Le #64 ("Sinistre factionnaire !" ; "The Sentry Sinister" en VO), par exemple : avec son robot géant, il un goût de déjà-vu trop marqué, une histoire qui a été écrite un nombre incalculable de fois pour d'autres séries. Lee prend son temps avec les Inhumains ; une sous-intrigue qui n'avance guère. Ensuite, Wyatt Wingfoot disparaît aussi vite du paysage qu'il s'était intégré dans l'équipe de façon inexpliquée ; ce n'est pas très cohérent, même si personne ne se plaindra de son départ (il reviendra). Mais pour le reste, ces numéros sont passionnants. L'année s'ouvre sur un affrontement épique avec le Dr Fatalis. Puis arrive la création d'un super-vilain qui fera carrière : Blastaar. Deux autres figures importantes encore apparaissent pour la première fois : l'Intelligence suprême kree, et Ronan l'Accusateur. L'arc en deux parties qui suit est marqué par la naissance de Lui ("Him" en VO), c'est-à-dire Adam Warlock. Une fable sur la déraison et la vanité humaine, dans laquelle une équipe de scientifiques veulent se substituer à Dieu et à la nature pour améliorer le monde. Trois autres perles : le retour du Penseur fou et les deux récits de l'annuel, le premier avec les débuts de Psycho-Man et le second qui oppose le Surfeur d'argent à Quasimodo. Les Inhumains, eux, trouvent leur place : ils font le lien entre les séquences, ou sont employés comme deus ex machina, mais semblent être invités permanents dans la série. Reed et Sue, enfin, attendent un heureux événement sur lequel les auteurs passent rapidement, mais qui met en exergue la dimension familiale de la franchise. Ces épisodes bénéficient d'une partie graphique épatante, bien que les sourcils puissent se hausser à la vue de certaines proportions ; Kirby est servi par l'un de ses meilleurs encreurs, et Sinnott et lui engendrent des décors (extérieurs, intérieurs) impressionnants et des machines stupéfiantes (quelle créativité !), dans des scènes explosives aux cadrages variés, dont les acteurs sont pleins d'expressivité. Les cases offrent un niveau de détail satisfaisant. Éblouissant !
Dans la traduction de Geneviève Coulomb : une faute de négation, une coquille, des anglicismes inutiles ("building" ; "breakfast"), une faute de nombre, une de genre, des incohérences tutoiement-vouvoiement, un faux-sens et une inversion de bulles !
Les numéros de 1967 sont bourrés d'originalité et d'une inventivité remarquable ; passionnantes et jouant sur les mécanismes relationnels au sein de cette famille hors norme, ces aventures évoquent la volonté d'entraide, plus que la notion d'héroïsme.
Voilà qui fait plaisir d'éprouver ton enthousiasme pour ces épisodes dont je n'ai dû lire que quelques-uns.
RépondreSupprimerDes machines stupéfiantes : il m'aura fallu du temps pour me rendre compte à quel point elles ont marqué mon esprit, mais aussi les dessinateurs de la génération suivante, qui les ont souvent imitées et affadies, jusqu'à que ce ces décors deviennent un raccourci visuelle sans épaisseur ni saveur, débité au kilomètre comme un décor générique. J'avais trouvé que Kirby avait poussé ce type décor encore plus loin dans The Demon où ils pouvaient aboutit à une tapisserie de motifs géométriques abstraits.
J'ai vraiment adoré ces épisodes, peut-être plus encore que ceux de 1966, parce que je trouve que leur qualité est plus régulière et que la cohérence des intrigues est plus solide.
RépondreSupprimerCes machines sont révélatrices à la fois du talent et de l'imagination de Kirby : elles sont incroyables. C'est un peu comme Edgar P. Jacobs avec ses véhicules. En tout cas ça m'y fait penser.