samedi 26 décembre 2020

"Iron Man" : L'Intégrale 1977-1978 (Panini Comics ; octobre 2020)

Le onzième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage d'Iron Man inclut les versions françaises de dix-neuf numéros de la série "Iron Man", du #94 de janvier 1977 au 112 de juillet 1978 ainsi que le "Iron Man Annual" #4 d'août 1977. Cet épais ouvrage, au format 17,7 × 26,7 centimètres, à la couverture cartonnée, et à la jaquette amovible, est sorti en octobre 2020 ; il comprend environ trois cent quatre-vingt-cinq planches. 
Si Herb Trimpe (1939-2015) et Gerry Conway cosignent le premier numéro et que Conway travaille avec Bill Mantlo jusqu'au #97, Mantlo devient le scénariste attitré de la série à partir du #98 ; il écrit aussi l'annuel. Trimpe illustre le #94, George Tuska (1916-2009) en dessine douze avec l'annuel en plus, Carmine Infantino (1925-2013) deux, Keith Pollard quatre. Les encreurs : Jack Abel (1927-1996), Don Perlin, Mike Esposito (1927-2010), Pablo Marcos, Fred Kida (1920-2014), Bob Wiacek, avec Alfredo Alcala (1925-2000). Les coloristes pour terminer : George Roussos (1915-2000), Don WarfieldRoger Slifer (1954-2015), Phil RachelsonJanice Cohen, Françoise MoulyMarie Severin (1929-2018) et Mary Titus

À l'issue du tome précédent, Iron Man s'infiltre dans la base secrète de Kraken, mais ce dernier attendait la visite du Vengeur ; il lui révèle qu'il détient Abe Klein et Krissy Longfellow prisonniers. 
Kraken exige qu'Iron Man se soumette sous peine d'exécuter Abe et Krissy. L'Homme de fer refuse et réclame que Kraken relâche ses deux captifs, ou il détruira son empire sous-marin "comme un château de cartes". Le pirate demande à son sbire, Edward, de prouver à Iron Man qu'ils ne plaisantent pas. L'étrange jeune homme tourne la molette d'un boîtier qu'il tenait en main. Aussitôt, Abe et Krissy subissent une décharge électrique. Des larmes de souffrance aux yeux, Krissy implore la pitié du Vengeur doré afin que cette torture cesse. Iron Man rend les armes : Kraken gagne... 

Après quatorze ans de vaches plus ou moins maigres, voici les meilleures histoires de la série "Iron Man" depuis son lancement en mars 1963 dans le "Tales of Suspense" #39. Ça y est, ce titre décolle enfin ! Cela dit, tout n'est pas parfait, loin de là. La narration de Mantlo a des lacunes ; elle est parfois bancale, déséquilibrée, et inclut certaines séquences rapides au gré des épisodes, qui durent une poignée de cases et qui ne seront pas développées avant plusieurs numéros. Elle comporte du déchet, avec des scènes sans suite qui apparaissent çà et là comme des cheveux sur la soupe, le temps de quelques vignettes ; par exemple, Pepper Potts et Happy Hogan dans un ranch dans "Guerres lunaires" ("Moon Wars", le #112), un passage particulièrement inutile. Mantlo se permet également quelques raccourcis, sans doute nécessaires pour respecter le cahier des charges de l'éditeur (échéances et nombre de pages). Malgré des carences, ces épisodes sont passionnants : Iron Man prend une tout autre dimension. Mantlo imagine une série d'intrigues ambitieuses, complexes et aux enjeux variés, avec, au centre Stark et son entreprise. Il exploite plusieurs registres : le thriller politico-militaire, avec Stark menacé de discrédit voire de félonie à Washington DC ; le médiéval fantastique, avec un combat de chevalerie en Suisse ; la lutte contre Midas, qui incarne le capitalisme sauvage sans modération, avec tous les fléaux qu'il engendre (automatisation à outrance du travail, chômage de masse, etc.) ; et le "Space Opera" avec les "Guerres lunaires". Mantlo réintègre quelques éléments majeurs : l'indispensable romance ; et la bonne vieille armure dans la mallette, ce qui implique que Stark recommence à souffrir du cœur. Enfin, bien que la période de détente de la guerre froide soit passée, l'auteur exprime sa croyance en la bonne volonté des super-héros lorsqu'il les fait rendre hommage aux vertus des combattants adverses. Quant à la partie graphique, elle est globalement bien servie. Certains regretteront qu'Infantino ne soit pas titulaire, tant il laisse les autres derrière. Tuska produit un travail moins fini, mais classique, très satisfaisant ; le trait de Pollard, moins gracieux et moins régulier, est en retrait, mais il reste tout à fait acceptable. 
La vue du nom de Laurence Belingard à la traduction fera frémir, et à raison. Trois fautes de mode (indicatif et subjonctif, et indicatif et conditionnel) ; une d'accord ; des anglicismes ("freak" ou "alien") ; ainsi qu'une coquille ("Frank" pour "Hank" Pym). 

Excellente décision que celle de confier la série à Mantlo ; de bonnes idées bien exploitées permettent à "Iron Man" de s'extraire de la médiocrité dans laquelle il était embourbé depuis des années. Ce sont aussi les derniers épisodes dessinés par Tuska. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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4 commentaires:

  1. Moon Wars : je suis allé vérifier : je pense que j'ai commencé la lecture de Strange avec le dernier épisode de ces Moon Wars et que ce fut mon premier contact avec Tête de Fer publié par Lug.

    Bill Mantlo : un stakhanoviste de l'écriture et le spécialiste des épisodes bouche-trou, avec aussi des séjours plus long sur certaines séries dont Hulk. Malgré ma réaction épidermique à son nom, je ne note que l'auteur rend hommage aux vertus des combattants adverses.

    Médiéval fantastique, avec un combat de chevalerie en Suisse : quel peut être le degré de kitsch d'un tel épisode ?

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    1. Si j'ajoute que l'épisode suisse inclut aussi le personnage de la créature de Frankenstein, peut-être seras-tu fermement convaincu que le kitsch est au rendez-vous dans ces pages. Pourtant, il n'en est rien ; l'atmosphère lorgne davantage vers le gothique que vers le kitsch. J'ai vraiment adoré cet arc, qui oppose Iron Man à Dreadknight, un super-vilain victime de la rancune de Fatalis, vaguement dérivé ou inspiré du Chevalier noir (Black Knight en VO), créé une dizaine d'années plus tôt.

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    2. Je me suis rendu compte après avoir validé mon commentaire qu'il était peut-être un peu condescendant, d'autant plus que c'est précisément ce kitsch qui fait une partie du charme des comics à mes yeux.

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    3. Si ça peut te rassurer, je ne l'ai aucunement perçu comme tel (condescendant).

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