Le dixième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage d'Iron Man contient les versions françaises des douze numéros de la série "Iron Man" de 1976, du #82 de janvier au #93 de décembre, et le "Iron Man Annual" #3 de juillet. Cet épais ouvrage - au format 17,7 × 26,7 centimètres, à la couverture cartonnée et à la jaquette amovible - est sorti en novembre 2019. Il comprend à peu près deux cent quarante-cinq planches.
Parmi les scénaristes : Len Wein (1948-2017), Bill Mantlo, Steve Gerber (1947-2008) sur l'annuel, Archie Goodwin (1937-1988) et Gerry Conway, aidés de Roger Slifer (1954-2015), Jim Shooter, et Herb Trimpe (1939-2015). Dessinateurs : Trimpe, George Tuska (1916-2009) et Sal Buscema (sur l'annuel). Encreurs : Jack Abel (1927-1996), Marie Severin (1929-2018), John Tartaglione (1921-2003), Vince Colletta (1923-1991), ainsi que Bob Layton. Et pour terminer, les coloristes : Glynis Wein, Petra Goldberg, Severin, George Roussos (1915-2000), Janice Cohen, Don Warfield, enfin.
À l'issue du tome précédent, le roi Jerald (le Lama noir) aide Iron Man à regagner son monde au moyen du téléporteur du globe doré ; Firebrand ne le devance que de peu, mais il réussit à fuir.
New York. Iron Man rentre au site de Stark Industries, lorsqu'il surprend quatre individus en combinaisons sophistiquées en plein vol de documents confidentiels. Les cambrioleurs ouvrent le feu sur le Vengeur doré ; il riposte par une rafale de son rayon. Un premier espion - celui qui portait la mallette contenant les plans - est éliminé ! Un autre ordonne à ses complices d'ajuster leur masque, car il va lancer une grenade de gaz innervant. Mais l'armure d'Iron Man est hermétique. Stark finit les intrus un par un, et sans difficulté apparente. Il note mentalement de demander à la sécurité de s'occuper du nettoyage puis il gagne son bureau pour se changer afin de retrouver Pepper Potts et Happy Hogan...
Ces épisodes figurent sans aucun doute parmi les moins intéressants de la franchise. La faute à quatre éléments principaux. D'abord, une instabilité chronique au poste de scénariste : Wein écrit quatre numéros et passe la main à Mantlo (deux), qui transmet le flambeau à Goodwin (trois) avant que Conway ne récupère l'affaire (trois), sans oublier l'annuel, signé Gerber. Deuxio, le phénomène affecte moins le poste de dessinateur, mais Tuska ne réalise que sept histoires ; il en cède cinq à Trimpe plus l'annuel à Sal Buscema. C'est dommage, parce que Tuska s'était complètement approprié le titre en apportant cette touche classique et intemporelle qui correspondait parfaitement aux canons du Marvel de l'Âge de bronze. Trimpe produit un trait rigide à l'expressivité outrancière, qui n'est pas le meilleur choix pour un personnage tel qu'Iron Man. Tertio, nos scénaristes s'acharnent à employer des super-vilains sans charisme qui évoluent en troisième division - une faiblesse récurrente de la série ; les lecteurs auront l'impression marquée de lire et relire la même intrigue avec les mêmes personnages. Quant à l'annuel, avec l'Homme-chose, il s'agit d'une aventure qui alterne le sinistre et le ridicule ; difficile de savoir s'il faut en rire ou s'en offusquer. Les sous-intrigues, sans saveur, traînent en longueur ; le projet de Michael O'Brien, par exemple, s'ancre dans une continuité trop lointaine, qui ne représentait - déjà à l'époque - pas le meilleur du titre. Tony Stark lui-même est assommant ; il n'a plus de problème de santé, mais ne fait que soliloquer sur la résistance de son armure, et ne parvient pas à sortir du dilemme - de plus en plus ennuyeux et fastidieux - qui oppose résistance et confort. Si la facette entrepreneur de Stark est davantage exploitée, les attaques ou attentats que subit Stark International deviennent routiniers à force de se multiplier et de se répéter. Enfin, la romance est absente de ces pages. Potts et Hogan n'en finissent plus de traîner dans les parages et même si ce brave Tony semble avoir renoncé à Pepper, ces deux-là sont encombrants et n'engendrent aucun développement intéressant. Quant à la présence de Roxanne Gilbert, elle est inutile, tant il est évident que les scénaristes ne savent que faire de ce personnage.
La traduction de Thomas Davier pèche. "Répulseur" n'est pas français, "gaz innervant" aurait dû être préféré à "neuro-gaz", il y a une faute fréquente ("après que" n'est pas suivi du subjonctif), et une de langue : l'adjectif "alien" n'existe pas en français.
Plus de douze ans après le lancement du titre, "Iron Man" continue à évoluer entre passable et médiocre entre autres à cause de l'instabilité au poste de scénariste. Ce ne sont malheureusement pas ces épisodes qui vont redresser la moyenne générale.
Trimpe, Tuska et Sal Buscema : une belle brochette pour me faire fuir. Mais il est vrai que je n'ai toujours par relu de Tuska depuis ton article sur le tome précédent. J'avais été très surpris de découvrir que Mike Mignola apprécie les dessins d'Herb Trimpe à qui il avait fait dessiner un court épisode du BPRD.
RépondreSupprimerL'annuel 3 d'Iron Man : je viens de regarder, il sera dans le tome 3 du Complete Man Thing par Steve Gerber, donc j'aurais l'occasion de le lire, même s'il est dessiné par Sal Buscema, je ferais un effort. :)
Je ne dois pas avoir lu ces épisodes, je n'avais même jamais entendu parler de Roxanne Gilbert (j'ai suivi ton lien pour découvrir de qui il s'agit).
Moi non plus, je n'aime ni le style de Trimpe ni celui de Sal Buscema (enfin, je n'aime pas la plupart de ses périodes).
SupprimerEn revanche, pour moi les dessins de Tuska sont indissociables de mes souvenirs d'enfance d'Iron Man. Cela dit, et au risque de me contredire, l'épisode qui m'avait le plus marqué quand j'étais gosse (le "Iron Man" #109 d'avril 1978, paru dans le "Strange" nº112 d'avril 1979) avait été illustré par Carmine Infantino ; un souvenir que je chéris.
En revanche, cet Iron Man de Kirby en couv, quelle claque ! Toute la puissance du personnage est là !