vendredi 8 janvier 2021

"Spider-Man" : L'Intégrale 1965 (Panini Comics ; novembre 2002)

Le troisième volume de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage de Spider-Man inclut les versions françaises des mensuels de 1965 de la série "Amazing Spider-Man", du #20 de janvier au #31 de décembre, ainsi que le "Spider-Man Annual" #2 d'octobre. Cet ouvrage format 17,7 × 26,7 cm à couverture cartonnée et à jaquette amovible a été publié en novembre 2002, et il comprend deux cent soixante-dix pages approximativement. 
Stan Lee (1922-2018) écrit à tous les scénarios ; Steve Ditko (1927-2018) devient coauteur, à partir du #25 du mois de juin. Ditko réalise aussi les dessins et l'encrage. Concernant la mise en couleur, le seul à être crédité est Stan Goldberg, dans l'annuel. Il est bien possible que Goldberg ait été le coloriste attitré de la série. 

À l'issue du tome précédent, Spider-Man défait, un par un, les Sinistres Six, d'Electro au docteur Octopus, en passant par Kraven, Mysterio, l'Homme-sable, et le Vautour ; ils sont jetés en cellule. 
La Midtown High School. C'est la sortie des cours : Peter Parker souhaite une bonne soirée à Liz Allan et il salue Flash. Ce dernier l'envoie paître, en lui proposant de se "jeter sous un bus". L'inconnu qui avait déjà filé Parker attend plus loin, tapi dans l'ombre. Mais l'espion, trop confiant, ne prête pas attention à ses distances, et est repéré par le sixième sens de Peter, malgré sa posture de quidam ordinaire. Rentré chez lui, Parker - de la fenêtre de sa chambre - remarque que l'individu est toujours là : il se cache derrière le tronc d'un arbre, et surveille la maison. L'inquiétude de Peter croît. Qui est ce type ? Que lui veut-il ? A-t-il découvert son identité secrète ? Puis l'inconnu repart. Peter décide alors d'enfiler son costume de Spider-Man et de le suivre. Les rôles sont inversés. Deux blocs plus loin, l'homme stoppe à une cabine téléphonique pour passer un appel. Spidey attend perché sur le mur. Puis son mystérieux épieur retourne vers la maison de Tante May... 

L'année 1965 est - faut-il le préciser - un autre grand millésime pour la série : Lee et Ditko puisent dans une imagination qui semble intarissable pour créer un nouveau super-vilain d'envergure, dont le costume ne dénoterait pas dans une partie "bondage". Il s'agit du Scorpion, un reflet déformé d'arachnide de notre héros, qui donnera du fil à retordre au Tisseur comme personne encore avant lui. Malgré l'évidente réussite du criminel - qui revient même à deux reprises cette année-là -, c'est J. Jonah Jameson qui est la vraie vedette de ces épisodes. Lee et Ditko se sont surpassés dans la caractérisation de ce fou furieux. Mesquin, mégalo, hypocrite ou colérique : le rédacteur en chef du Daily Bugle cumule un nombre incalculable de défauts et met son intelligence au service de ceux-ci, autant qu'à celui de sa haine de Spider-Man. Il conçoit ainsi des machinations pour abattre celui qu'il a désigné comme ennemi juré - y compris la création de super-vilains et l'utilisation de technologies avancées, par exemple. Les auteurs sont en veine d'inspiration et les lecteurs s'amuseront des situations tragicomiques qui découlent des fourberies de Jameson. Si JJJ est la star de ces numéros, Peter Parker est en passe de devenir le champion de la guigne, de la poisse : à un manque de confiance en lui s'ajoutent des adversaires coriaces, une absence de reconnaissance de la part de ses pairs, une vie amoureuse qui souffre de non-dits, des ressources financières qui s'amenuisent, des relations délicates avec les forces de l'ordre, la perte de son costume, des problèmes de discipline au lycée, sans oublier la fragilité de la santé de May. Il est même près de divulguer l'identité secrète de Spidey. Les auteurs mettent donc la dose pour compliquer le quotidien de Parker et l'activité de l'Araignée. Les intrigues, qui sont déjà plus travaillées, sont ainsi étoffées et gagnent encore en épaisseur. La palme de l'année reviendra à l'arc du Maître du crime (les #26 et 27), véritable intrigue policière avec une magnifique séquence de bagarre généralisée en guise de dénouement. Les lecteurs pardonneront à Ditko l'aspect parfois rudimentaire de ses cases et de ses compositions, tant les acrobaties et les chorégraphies de ce Spider-Man sont distrayantes et réjouissantes. 
La traduction est de Geneviève Coulomb : une vraie bérézina ! Une vingtaine de fautes de toutes sortes ont été relevées : mode, nombre, genre, faux-sens, lourdeurs, anglicismes ("underworld" signifie "pègre"), coquilles, bulles inversées. Impensable ! 

Une lecture réellement divertissante : le titre gagne en humour avec un JJJ complètement foutraque et qui ne recule devant rien, et les problèmes s'accumulent pour Pete, le dotant d'un profond capital sympathie. L'état de grâce de la série continue. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz 
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2 commentaires:

  1. Steve Ditko devient coauteur, à partir du #25 du mois de juin. - Je viens de finir la lecture d'une biographie de Jack Kirby en comics (par Tom Scioli) où il aborde la question de coauteur, par le biais de la méthode Marvel (un script très squelettique et les dessinateurs qui racontent et imaginent beaucoup des péripéties). il insiste sur le fait que Jack Kirby et Steve Ditko était coauteurs dès le début de chacune de leurs séries. Kirby et Ditko ont fait plusieurs fois remarquer que Lee avait l'habitude de changer des éléments de l'histoire qu'ils lui remettaient, sans demander leur avis.

    Peter Parker est en passe de devenir le champion de la guigne. - L'un des aspects les plus attachants du personnage, avec ses victoires à la Pyrrhus, ou contrebalancées par un drame à côté.

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  2. J'aurais dû ajouter : coauteur crédité. J'avais lu moi aussi que Ditko participait pleinement aux scénarios, mais qu'il avait dû bagarrer contre Lee pour être reconnu. L'autre aurait fini par céder.

    C'est assez curieux. Pendant des années, j'ai rejeté Spider-Man en tant que héros. J'avais commencé à lire les intégrales, mais j'avais arrêté à l'issue de 1965. Peter Parker et son alter ego me courraient un peu plus sur le haricot à chaque numéro. Et voilà qu'aujourd'hui, ces histoires passent comme une lettre à la poste. Va savoir...

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