mercredi 13 janvier 2021

"Spider-Man" : L'Intégrale 1966 (Panini Comics ; avril 2003)

Le quatrième album de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage de Spider-Man inclut les versions françaises des mensuels de la série "Amazing Spider-Man", du #32 de janvier au 43 de décembre 1966, et un extrait du "Spider-Man Annual" #3 de novembre. Cet ouvrage format 17,7 × 26,7 cm, à couverture cartonnée et à jaquette amovible, a été publié en avril 2003. Il renferme - approximativement - deux cent soixante-dix pages. 
Stan Lee (1922-2018) et Steve Ditko (1927-2018) coécrivent tous les numéros jusqu'au #38 (juillet). Ditko réalise aussi les dessins et l'encrage ; c'est encore lui qui illustre l'annuel. Mais le torchon brûle avec Lee ; Ditko quitte Marvel pour divergences au sujet du personnage de Pete Parker. Il est remplacé par John Romita Sr. à partir du #39 du mois d'août. Lorsque Romita Sr. n'encre pas ses propres planches, la tâche échoit à Mike Esposito. Enfin, s'il n'y a pas de crédit concernant la mise en couleur, il est presque établi que Stan Goldberg était le coloriste attitré de cette série. 

À l'issue du tome précédent, les hommes du Maître conspirateur plongent dans le fleuve. Ils échappent à Spidey. Les résultats de l'examen médical de tante May s'avèrent réellement inquiétants. 
Le Maître conspirateur, qui n'est autre que le Dr Octopus, est en rage : Spider-Man se dressera-t-il contre lui encore longtemps ? Sans cet indésirable, il serait déjà en possession du matériel radioactif dont il a besoin. Il a bien l'intention de se débarrasser de l'Araignée. Ses travaux sur les radiations avancent à grands pas : il touche au but ! S'il réussit à les contrôler, ses pouvoirs seront incommensurables. Il demande à son lieutenant de continuer les recherches de matières nucléaires. Pendant ce temps, au Daily Bugle, Betty Brant aperçoit Peter Parker dans le couloir. Elle se précipite sur lui afin d'avoir une discussion sérieuse, mais Parker, très embarrassé par cette rencontre imprévue, feint de l'ignorer... 

C'est une année importante, car elle est marquée par le départ de Ditko. Sa relation épineuse avec Lee et leurs divergences de vues à propos de "Amazing Spider-Man" poussent l'artiste vers la sortie. John Romita Sr. arrive au poste de dessinateur en août. La qualité production de ces douze mois reste réjouissante ; Lee et Ditko - puis Lee seul - mettent tante May au centre des préoccupations de notre lycéen devenu étudiant boursier à l'Empire State University. Une excellente idée : l'exploitation de ce lien familial et la fragilité de la santé de tante May sont deux éléments qui permettent d'explorer la culpabilité et les remords de Tête-de-Toile, et qui vont aider le héros à se surpasser dans les moments les plus difficiles. Parker veut gagner son indépendance (l'achat d'une moto le prouve), mais il est réticent à franchir le pas ; ses déboires sentimentaux s'accumulent, et ses relations amicales sont inexistantes. En bref, le jeune homme croule sous les soucis en tout genre. Les années précédentes ont été témoin de la création de nombreux personnages culte, et 1966 ne fait pas exception à la règle. Si Harry Osborn et Gwen Stacy sont apparus en décembre 1965, c'est dans ces pages que le visage de la charmante et sémillante Mary Jane est - enfin - dévoilé et qu'elle lance cette phrase, devenue historique : "Face it, Tiger... You just hit the jackpot!" Bien que les épisodes ne soient pas tous du même acabit ("Just A Guy Named Joe!" est très en deçà, et le récit tiré de l'annuel n'est pas fameux), les vilains ne sont pas en reste. Le Dr Octopus intervient au début - la scène dans laquelle Spidey repousse ses limites est fumante - et deux numéros sont consacrés au Rhino, mais c'est le Bouffon vert, dont l'identité est révélée, qui tient le haut du pavé dans un combat marquant, prégnant et nourri par la haine paroxystique de celui qui s'intronise ennemi juré d'une Araignée qu'il met en difficulté. Bien que Ditko ait donné naissance au Tisseur, la qualité des dessins de la série monte d'un cran grâce à Romita. Son trait est plus classique, plus mûr, plus riche, plus fluide, et ses compositions sont plus détaillées et plus explosives, plus dynamiques que celles de Ditko. Son Spider-Man - qui continue à multiplier bonds et acrobaties - est tout aussi agile. 
À la traduction, Geneviève Coulomb laisse la place à Sophie Viévard, et personne ne s'en plaindra. Cela dit, son texte est quand même entaché de quelques fautes qui auraient pu être évitées, une de genre, une de ponctuation, et enfin, une de mode. 

La régularité de la qualité de cette franchise surprendra à nouveau : notre héros est mis à rude épreuve ; les personnages secondaires sont aussi réussis que les super-vilains ; et l'arrivée de Romita Sr. donne un vrai coup de fouet à la partie graphique. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz 
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2 commentaires:

  1. La révélation de l'identité de Green Goblin et l'apparition enfin de Mary Jane : effectivement une année impressionnante.

    Je me souviens, comme tu l'écris, de la haine de Norman Osborne, vraiment très marquante par son intensité.

    Il m'aura fallu beaucoup plus de temps pour apprécier les bizarreries visuelles de Steve Ditko que celles de Jack Kirby. Ce n'est qu'ne lisant son recueil d'histoires parues dans Creepy que j'ai commencé à apprécier autre chose que les positions étranges des membres de Spider-Man, pour des postures un peu inquiétantes.

    https://www.babelio.com/livres/Ditko-Creepy-Presents-Steve-Ditko/727394/critiques/829761

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    1. Le personnage de Norman Osborn - si on le distingue de son alter ego le Bouffon vert - devient absolument incontournable en l'espace d'à peine une poignée de numéros ; un tour de force !

      Merci d'avoir partagé le lien vers ton article ; c'est une partie de l'œuvre de Ditko dont je ne suis pas familier du tout. Bien que j'apprécie ce type de registre, je ne pense pas la lire un jour. Qui sait ?...

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