Le second numéro de l'intégrale que Panini Comics France consacre à Facteur X reprend les versions françaises des "X-Factor" 12 à 23 - janvier à décembre 1987 - et du "X-Factor Annual" #2 d'octobre. Sorti en juin 2020, ce recueil 17,7 × 26,7 cm à couverture cartonnée et jaquette amovible contient trois cent trente pages.
Deux autrices sinon rien : Louise Simonson écrit les douze épisodes de la série régulière, tandis que Mary Jo Duffy signe l'annuel. La charge du travail de dessinateur a été partagée entre Walter Simonson, Sal Buscema, Marc Silvestri, David Mazzucchelli, June Brigman, et Tom Grindberg. Puis la tâche d'encrage, qui a été répartie entre Dan Green, Bob Wiacek, Josef Rubinstein, ainsi que Randy Emberlin. Et pour finir, une seule coloriste, Petra Scotese.
À l'issue du tome précédent, Angel est gravement blessé par Harpon et Blockbuster. Lorsque Scott et Jean arrivent à l'hôpital, le Dr James les informe qu'une amputation des ailes est nécessaire.
Alité dans une chambre d'hôpital, Angel est au désespoir : non, ils ne lui couperont pas les ailes. Ces dernières sont entièrement emmaillotées dans des bandelettes. Le docteur invite Scott Summers et Jean Grey à la prudence. Le patient n'est pas lui-même. Ce sont les calmants et les antidouleurs qui le font réagir de cette manière. Jean exprime son désaccord, Warren parle avec son cœur, et c'est en essayant de sauver des vies qu'il a été blessé. Elle accuse le chirurgien de vouloir le priver de son pouvoir, alors qu'il l'utilise pour faire le bien. Laissant exploser sa colère, Scott jette un journal au visage du médecin ; ainsi ils s'apprêtaient à amputer Angel ! Comment croyaient-ils que celui-ci allait réagir ? Le praticien ne se démonte pas. Il voit qu'ils sont bouleversés, mais les ailes de Worthington sont brisées et ce type de blessure est presque impossible à soigner. Cet hôpital ne compte pas de spécialiste de la physiologie mutante et n'a jamais soigné d'ailes...
Dans la préface, Cristiano Grassi - alias Christian Grasse - prétend que "l'approche de Layton n'était pas appropriée" à une série mutante, avant de louer les qualités de scénariste de Louise Simonson ; ses propos n'engagent que lui. Si les histoires de Layton sont sans doute malaimées, à tort, il faut admettre que Louise Simonson paraît avoir tout compris aux mutants Marvel : sa caractérisation des personnages - surtout celle de Scott Summers - semble plus authentique que nature ; les dynamiques au sein du groupe - Scott et Jean d'un côté, et Bobby et Hank de l'autre - sont habilement retranscrites ; et l'autrice fait écho aux notions de famille et d'apprentissage en réunissant plusieurs générations sous un même toit, et en reproduisant, en partie, le concept éducatif de l'Institut Xavier, ici sous la forme du Complexe Facteur X. Ces épisodes sont pourtant d'un ennui confondant. "X-Factor" souffre d'une accumulation d'éléments importuns, à commencer par les jeunes mutants recueillis qui ajoutent une tonalité adolescente et une légèreté trop marquées au point d'en devenir rapidement barbantes. Curieusement, les Maraudeurs, omniprésents l'année précédente, ont complètement disparu de l'équation (à cause d'un impératif éditorial). Malgré un démarrage fracassant, la question du sort d'Angel, qui est vraiment centrale, perd progressivement tout intérêt à force d'être diluée au fil des numéros, tant Apocalypse et ses Cavaliers n'en finissent plus de se faire attendre. L'intrigue autour de Cam Hodge, dont l'évolution est à la fois sans surprise et mal amenée, ne convainc pas. Soudainement belliqueux, Caliban est moins attachant. Enfin, l'enquête de Scott sur la disparition de Madelyne se conclut sur une pirouette. Quant à la partie graphique, malheureusement, elle ne relève pas le niveau général. Beaucoup regretteront le départ de Jackson Guice. Les dessins de Simonson - l'artiste principal de la série - sont dynamiques, pleins de mouvement et se caractérisent par la sécheresse du trait et des expressions peu naturelles et parfois exagérées. Les arrière-plans sont rationalisés, et nombreuses sont les cases qui laisseront l'impression d'un manque de fini. Et enfin, la mise en couleur propose une gamme de tons trop criards ou trop pastel.
La traduction de Benjamin Rivière, alias KGBen, du studio bordelais MAKMA, est perfectible, car son texte comprend trop de fautes, deux de genre, une d'orthographe, une incohérence entre tutoiement et vouvoiement, un contresens, et des lourdeurs.
Malgré d'excellentes idées (Angel ; le Moule initial), Louise Simonson soigne plus l'approche conceptuelle - en s'efforçant de coller le plus possible à l'esprit X-Men et en laissant trop de place aux mutants adolescents - que l'équilibre des intrigues, hélas.
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbüz
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Un commentaire très riche et très intéressant que j'ai beaucoup apprécié. En vrac :
RépondreSupprimerLes jeunes mutants recueillis : je n'étais pas très enchanté par cet ajout au départ, mais il permet effectivement d'amener les notions de famille et d'apprentissage, qui finalement s'intégraient bien à la série.
Le sort d'Angel perd progressivement tout intérêt à force d'être diluée au fil des numéros : ta phrase a fait remonter mon ressenti de l'époque, une impatience grandissante quant à ce qui semblait pourtant être l'intrigue principale et directrice de la série.
L'intrigue autour de Cam Hodge ne convainc pas : là aussi même ressenti que toi. Je n'avais pas réussi à avaler qu'il se transforme ainsi en fanatique haineux.
Le ressenti sur Walter Simonson : là aussi tout pareil. J'aime beaucoup la formule de sécheresse du trait qui je trouve caractérise bien ses contours.
Merci Présence.
SupprimerBien que ce volume soit une déception, je vais continuer la lecture de la série, car j'attends l'entrée en scène de l'Angel 2.0 avec une certaine impatience.
Quant à Walter Simonson, j'ai vu qu'il quittait le titre au #39.