lundi 1 février 2021

Animal Man (tome 1) : "La Chasse" (Urban Comics ; octobre 2012)

"La Chasse" est un ouvrage format 17,5 × 26,5 centimètres à couverture cartonnée d'environ cent trente-cinq pages publié dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en octobre 2012. C'est le premier des quatre volets du volume 2 de l' "Animal Man" de la "Renaissance DC" ("The New 52"), une démarche inaugurée en 2011 par DC Comics pour rafraîchir son univers. Ce tome compile les versions françaises des nº1-6 (de novembre 2011 à avril 2012). 
Le scénario est écrit par Jeff Lemire, célèbre notamment pour "Green Arrow". Travel Foreman illustre les six chapitres. John Paul Leon réalise les séquences de film du dernier. Au début, Foreman encre ses planches puis il les confie à d'autres : Dan Green, Jeff Huet, Steve Pugh. Lovern Kindzierski compose la mise en couleur. 

San Diego, chez les Baker, dans leur cuisine ; Buddy finit la lecture d'un entretien qu'il a accordé à "The Believer", un magazine. Il y revient sur son retour au cinéma, sa carrière de superhéros et la défense des animaux. Buddy espère que le résultat ne donnera pas de lui une image arrogante. Il se retourne vers son épouse Ellen et lui demande si elle l'écoute. Ellen épluche et découpe des légumes et aimerait terminer avant que les enfants s'excitent. Buddy lui avoue qu'il déteste répondre aux interviews, mais ajoute que son agent l'a déjà averti qu'il y en aurait d'autres à la sortie du film. Railleuse, Ellen souhaite savoir si l'agent a stipulé quand son mari sera payé pour le film. Buddy lui explique qu'il ne le sera qu'en fonction des recettes. "C'est ça, le cinéma indépendant", précise-t-il. Maxine - leur fille de quatre ans - fait irruption dans la cuisine, avec monsieur Woofers - son chien blanc en peluche - dans les bras. Elle informe son père qu'ils - monsieur Woofers et elle - doivent lui parler, "c'est  important". Buddy la fait attendre afin de pouvoir terminer sa discussion avec Ellen, mais la fillette finit par hurler pour obtenir l'attention de son père. Et après un sermon de sa mère, elle explique qu'elle veut un vrai petit chien...

"Animal Man" est l'une des séries qui ont été relancées dans le cadre de la "Renaissance DC" ; aux commandes, l'un des scénaristes phares des années 2010, le Canadien Lemire. Première chose à savoir, ce titre est très connecté à un autre, "Swamp Thing" : les références sont légion. Les lecteurs peuvent néanmoins faire l'impasse, sans conséquence sur la compréhension. Bernhard "Buddy" Baker était déjà l'un des rarissimes superhéros à avoir une véritable vie de famille, avec une épouse, Ellen, créée en 1965, et leurs enfants, Cliff et Maxine, imaginés par Grant Morrison lors de son travail sur le premier volume entre 1988 et 1990. Lemire propose ici un condensé de toutes les facettes du personnage et fait référence autant à son rôle de superhéros qu'à ses occupations professionnelles (cascadeur, aujourd'hui acteur) en passant par ce qu'il symbolise, son essence : le règne animal. C'est justement la menace sur ce dernier qui est au centre de l'intrigue, que Lemire a construite comme une analogie de ce combat éternel entre bien et mal, transposé en un affrontement entre la Nécrose d'un côté et le Sang et la Sève (le règne végétal) de l'autre et où chaque camp dispose de ses champions (les "chasseurs" et les "avatars"). Lemire innove dans la mesure où l'avatar du Sang n'est pas celui que l'on croit. Les termes employés laissent deviner le registre : l'horreur et l'épouvante, avec comme thèmes principaux : l'ennemi dissimulé et invisible ; l'omniprésence du mal, comme une maladie contagieuse ultrarapide ; les lieux cachés et sacrés qui sont à l'origine de tout. Lemire contourne l'écueil de la linéarité en divisant ses protagonistes en deux groupes, et autant de fils narratifs. L'utilisation de l'humour (autodérision, second degré) fait mouche en atténuant l'aspect horrifique de ce thriller rythmé. La partie graphique complète ce tableau. Le trait de Foreman est fin, délicat, mais un peu froid. Malgré l'encrage ouvragé - de multiples touches ou aplats de noir -, l'artiste est adepte d'un détail sans surcharge : arrière-plans minimalistes, absence générale des ombres, etc. Le mouvement est représenté comme dans un manga : une multitude de lignes horizontales, parallèles les unes aux autres. Le quadrillage est varié, et le découpage est limpide. 
La traduction de Benjamin Rivière, alias KGBen, du studio bordelais MAKMA, est très satisfaisante, mais notons : le choix de ne pas garder le nom propre du magazine, un usage incorrect d'un pronom réfléchi, une onomatopée ("bark") restée en anglais. 

"La Chasse" ouvre une série divertissante, pleine d'humour et de clins d'œil à ce classique du cinéma d'horreur et d'épouvante qu'est "The Thing". Lemire y rafraîchit un superhéros cantonné aux seconds rôles, le décomplexe, et lui offre le défi de sa vie. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz
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5 commentaires:

  1. 4 étoiles, la même note que la mienne, pour des raisons différentes.

    En découvrant cette version, je me suis rendu compte que je préférais les versions précédentes du personnage : la version de Grant Morrison bien sûr, mais aussi celle de Tom Veitch, et encore plus de celle de Jamie Delano dans les numéros qui ont suivi ceux de Morrison. Du coup, j'avais l'impression de découvrir une version affadie. C'est vrai qu'il s'agit d'épisodes datant de 20 ans avant la parution de ceux-ci, mais dont mon esprit n'a pas réussi à en faire abstraction. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas lu les tomes suivants bien qu'ils soient écrits par Jeff Lemire et dessinés par Steve Pugh.

    https://www.babelio.com/livres/Milligan-Animal-Man-Vol-4--Born-to-be-Wild/750499/critiques/853377
    https://www.babelio.com/livres/Delano-Animal-Man-Vol-6--Flesh-and-Blood/750594/critiques/853540
    https://www.babelio.com/livres/Delano-Animal-Man-Vol-7--Red-Plague/750637/critiques/853903

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    1. Merci de partager ces commentaires. Je n'ai pas encore eu la possibilité de lire ces arcs qui, sauf erreur de ma part, n'ont toujours pas été traduits en français. 

      J'ai essayé de lire la série connectée, le "Swamp Thing" de Snyder, mais j'ai été dégoûté au bout de quelques chapitres tellement j'ai trouvé ça lourdingue. Et tant qu'on parle de Snyder, je n'ai pas pu lire la fin de son "Batman" non plus. Je ne lirai donc pas les trois derniers tomes de son "run". C'est officiel : je n'aime pas ce que fait Snyder.

      Ça m'arrive de plus en plus fréquemment, ce dégoût d'une BD au bout de quelques pages ou de quelques chapitres. Pas question de me forcer pour aller jusqu'au bout. Je ne sais pas si ça t'arrive à toi aussi.

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    2. Le dégoût d'une BD au bout de quelques pages ou de quelques chapitres : ce n'est pas une sensation que j'éprouve. J'ai passé un contrat moral avec moi-même : si j'achète une BD, je me fais la promesse de la lire, même si c'est des mois ou des années plus tard. Donc a priori, j'ai une motivation, ou un intérêt particulier pour la lire. Du coup, même quand la lecture m'est difficile, il me reste une curiosité minimale. Deux exemples.

      Je suis en train de lire le recueil Epic Collection 4 des X-Men, des épisodes épars parus en 1971 et 1975. C'est un peu laborieux pour les dessins (des artistes que je n'apprécie guère) et pour la forme de la narration, mais ça répond à mon attente (entre autres, la transformation de Hank McCoy dans son corps avec la fourrure, Magneto ravalé à l'état de bébé), donc je suis motivé pour les lire.

      J'ai commencé à lire la dernière histoire de la série Elfquest (en français : le pays des elfes, de Wendy & Richard Pini), intitulée Final Quest. C'est une lecture très laborieuse pour moi, du fait du nombre de personnages que je ne connais pas, et d'une forme de narration très particulière. D'un côté, ça ne me donne pas envie de tourner la page ; d'un autre côté, c'est une expérience inédite que d'être confronté à une narration sortant autant de l'ordinaire. J'ai lu les 2 premiers tomes, pas sûr que je lise les 3 & 4.

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    3. Merci de ces explications. Personnellement, ces derniers mois, j'ai été confronté à plusieurs lectures d'ouvrages que je n'ai pas réussi à terminer. Entre autres, et pour des raisons diverses et variées : Le "Swamp Thing" de Snyder et la fin de son "Batman", "Shangri-La", le "Green Arrow" du Rebirth, "La Horde du Contrevent", "The Regiment - L'Histoire vraie du SAS", "Shadowman", "Ninja-K", ou encore "Algues vertes, l'histoire interdite".

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    4. Je comprends mieux ta remarque. D'une certaine manière, il y a aussi des séries que je n'ai pas souhaité terminer. Il se trouve que je les lisais en flux tendu par rapport au rythme de parution des recueils, donc je n'ai tout simplement pas acheté le recueil d'après. J'ai arrêté le Batman de Snyder au bout de 2 tomes, et je n'ai lu qu'un seul tome de Swamp Thing. Je n'ai pas poursuivi la lecture des saisons de Ninja après le départ de Matt Kindt.

      Je me souviens que j'avais offert Shangri-La à mon fils, sur la base des critiques dithyrambiques, et il n'avait pas trouvé ça très intéressant.

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