vendredi 19 février 2021

"Le Quatrième Monde" : Tome 2 (Urban Comics ; décembre 2015)

Le deuxième des quatre épais tomes de la série qu'Urban Comics a consacrée au "Quatrième Monde" est sorti en décembre 2015, dans la collection DC Archives. Le recueil, format 19,0 × 28,5 cm à couverture cartonnée, contient approximativement trois cent cinquante-cinq planches. Au sommaire de cet album, les versions françaises des "Forever People" 4-6 (de septembre à novembre 1971), "New Gods" 4-6 (de septembre 1971 à janvier 1972), "Superman's Pal, Jimmy Olsen" 141-145 (de septembre 1971 à janvier 1972) et des "Mister Miracle" 4-6 (d'octobre 1971 à février 1972). 
Jack Kirby (1917-1994) écrit tous les scénarios et produit la partie graphique. Vince Colletta (1923-1991) est l'encreur principal ; il travaille sur "Forever People", et sur "Superman's Pal, Jimmy Olsen" avec la participation de Murphy Anderson (1926-2015), qui doit s'assurer que les visages de Superman et de Jimmy Olsen ne dévient pas du canon DC Comics. Colletta cède néanmoins "The New Gods" et "Mister Miracle" à Mike Royer au bout d'un numéro. 

À l'issue du tome précédent, les Immortels retrouvent Glorius Godfrey grâce à la boîte mère. Ils s'unissent pour devenir l'Homme de l'infini ; Darkseid les neutralise, et DeSaad n'a qu'à les cueillir. 
Plusieurs personnes sont retenues captives à Happyland, le parc d'attractions que DeSaad a bâti sur Terre. Des agents d'Apokolips les surveillent, aux manœuvres derrière des écrans géants. Les visiteurs ou touristes se promènent sans se douter de rien, même si certains aperçoivent un étrange aéroglisseur qui atterrit dans une zone interdite au public. À bord de l'appareil, Darkseid, que DeSaad s'apprête à recevoir. Emprisonnés dans le dédale caché du lieu, les cinq Immortels, Moonrider, Vykin, Nounours, Rêveuse et Serifan réfléchissent à la situation ; ils réalisent qu'ils sont enfermés, dans une "cellule à la structure atomique complexe". La force de Nounours est sans effet ; leur position est donc critique... 

Les lecteurs retrouvent avec plaisir les quatre séries qui constituent le "Quatrième Monde". Il est vrai que cet ensemble d'épisodes présente des numéros toujours aussi captivants. Tout n'est pas du même niveau, cependant : si "The New Gods" et "Mister Miracle" restent au-dessus, et que "Forever People" gagne en qualité, "Superman's Pal, Jimmy Olsen" est un brin en dessous ; commençons par le dernier de ces titres. La farce délirante avec Don Rickles prend fin ; elle cède la place à l'extraordinaire diptyque de Transilvane, qui est d'une créativité folle en plus d'être un hommage au registre horrifique. Mais les deux épisodes qui suivent - en Écosse - sont banals. La frustration du lecteur après le premier tome demeurera vive en examinant les visages de Superman et Jimmy Olsen, refaits par Anderson et tellement éloignés du trait de Kirby. En outre et comme dans les "Forever People", la "méthode Colletta" pourra être soupçonnée de rationalisation d'arrière-plans et de sacrifier divers détails sur l'autel de l'efficacité et du respect des échéances. "Forever People" est captivant, car Darkseid et de DeSaad y sont très présents et c'est là qu'apparaît un protagoniste hors norme, Sonny Sumo. Ces pages sont d'ailleurs émaillées de créations de personnages appelés tôt au tard à jouer un rôle dans la saga, tel Lonar par exemple. Orion évolue en équipe avec des humains courageux, ou en duo avec Lightray, dans des aventures prodigieuses, sur terre et sur mer ; ici, notons ce remarquable effort sur le texte et les dialogues pour le tragique héros. Autre réussite, "Mister Miracle". Le tandem que formait le maître de l'évasion avec Oberon fonctionnait à merveille, mais Kirby a l'idée fabuleuse d'y inviter la sculpturale Big Barda. Ajoutons un vilain brillant - Virman Vundabar - et un agent peu scrupuleux et déjanté - Funky Flashman - et le titre reste au summum avec "New Gods" : un succès renforcé par l'encrage de Royer, qui parfait les planches épiques de Kirby. Et toujours, en fil conducteur, la lutte omniprésente - mais presque invisible, en fin de compte - entre les champions du Bien - qui combattent chacun de leur côté, sans se rencontrer - et Darkseid, dont les lieutenants et les créatures monstrueuses pistent le porteur de l'équation d'anti-vie. 
La traduction est répartie entre Laurent Queyssi, Patrick Marcel, et Jérôme Wicky. Pour un "comic book" en français, elle est d'une qualité inhabituelle et remarquable. Seule une faute de syntaxe a été relevée, "camoufler aux intrus" et pas "des intrus"

Ce deuxième volet comporte d'incroyables moments de brillance pure que certains épisodes de "Superman's Pal, Jimmy Olsen" - moins inspirés - ternissent à peine. Les différences d'encrage - entre Royer d'un côté et Colletta de l'autre - sont flagrantes. 

Mon verdict : ★★★★☆

Barbüz
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2 commentaires:

  1. Depuis ton commentaire sur le tome 1, j'ai également un peu avancé, puisque j'ai lu le tome consacré à Forever People. Il ne me reste plus qu'à lire Mister Miracle. en lisant ton article, je me dis que l'expérience de lecture par série ou par ordre de parution aboutit à un ressenti différent. Même avec quelques informations de Mark Evanier sur les dessous éditoriaux, chaque série présente une unité surprenante, sans donner l'impression que chaque épisode n'est qu'un chapitre dans une grand tout, tel qu'il est présenté dans cette collection VF. En l'occurrence, je ne me suis pas ennuyé dans le tome consacré à Jimmy Olsen.

    La méthode Colletta : finalement c'était moins pire que ce que je craignais dans les épisodes que j'ai lus. :)

    Sonny Sumo : je suis curieux de connaître ton avis sur ce qu'il advient de ce personnage.

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    1. On avait eu ce début de discussion dans le cadre de mon article précédent. Je regrettais le choix d'Urban Comics. Nous étions également tombés d'accord sur notre préférence de lire les titres séparément. Pour tout te dire, ce sentiment a été encore plus marqué avec ce second tome, mais j'ai choisi de ne pas me répéter ; je reviendrai peut-être sur ce point au quatrième tome.

      C'est vrai que je m'attendais à pire concernant Colletta, en tout cas dans l'absolu, car il fait aisément illusion le temps de quelques planches. En revanche, l'arrivée de Royer crée quand même un fossé lorsque ce dernier reprend l'encrage sur les deux titres cités.

      J'ai eu un coup de cœur immédiat pour Sonny Sumo. Mon avis sur ce qu'il en advient ? J'ai trouvé que Kirby s'était permis une pirouette scénaristique un peu facile. Cela dit, peut-être qu'il evait dans l'idée faire intervenir des héros "de passage" qui aident temporairement les champions dans leur lutte contre le mal, et qui ne sont pas censés jouer de rôle plus important.

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