mardi 6 juillet 2021

"The Avengers" : L'Intégrale 1981-1982 (Panini Comics ; décembre 2020)

Sorti en juin 2020, le dix-huitième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre à "The Avengers" est un recueil format 17,7 × 26,7 centimètres, à couverture cartonnée avec jaquette amovible. Il contient trois cent soixante pages, dont les versions françaises des #203 à 216 de "The Avengers" (de janvier 1981 à février 1982) et du "The Avengers Annual" #10 (d'octobre 1981). À ce contenu viennent s'ajouter une préface de Jim Salicrup, le responsable éditorial du titre à l'époque, ainsi qu'une douzaine de pages de bonus variés, et de rapides bios des auteurs principaux. 
Parmi les scénaristes figurent les noms de David Michelinie, James Shooter, Bob Budiansky, Bill Mantlo, Danny Fingeroth, et J. M. DeMatteis ; Chris Claremont écrit l'annuel. Les dessins sont signés Carmine Infantino (1925-2013), Don NewtonAlan Kupperberg (1953-2015), Gene Colan (1926-2011), Bob Hall et Alan Weiss, avec Dan Green à l'encrage. Michael Golden est chargé de l'annuel avec Armando Gil comme encreur. Enfin, la mise en couleur est répartie entre Ben SeanRoger SliferBob Sharen, Don Warfield, et Christie Scheele. Celle de l'annuel a été façonnée par Golden. 

À l'issue du tome précédent, lors d'un combat très dur, les Vengeurs réussissent à neutraliser Ultron en l'expédiant dans une cuve d'adamantium liquide, sur une ruse d'Iron Man et Œil-de-Faucon. 
Manhattan, à l'aube. Le Quinjet ramène les Vengeurs à la maison : Captain America, Iron Man, Œil-de-Faucon, la Sorcière rouge, et Vision. Fourbus après la lutte contre Ultron, ils n'aspirent qu'à un peu de repos. Œil-de-Faucon est aux commandes. Il amorce la descente de l'appareil et le pose dans le hangar conçu à cet effet, dans le manoir que Tony Stark a mis à leur disposition. Iron Man s'inquiète : est-ce prudent d'avoir laissé Ultron à l'aciérie abandonnée ? Cap le rassure. Ultron est scellé dans l'adamantium, il n'ira nulle part. Même Thor est parti vaquer à ses occupations... 

Après deux années moyennes, ce n'est pas encore dans ces pages que la série retrouve les sommets. En cause, le suspect habituel : l'instabilité des équipes artistiques. Six scénaristes et six dessinateurs sur une année, cela fait beaucoup, et cela empêche surtout le développement d'une approche à long terme pour ce titre. La préface de Salicrup - il faut la lire - est particulièrement instructive. Il y affirme, par exemple, que l'exigeant Shooter était déçu des épisodes produits par le duo Mantlo-Colan et qu'il voulait que le dessinateur change de style (Colan finit par quitter Marvel pour DC). Quoi qu'il en soit, le recul semble lui donner raison : il n'y a pas grand-chose de réussi dans ce recueil. Les numéros avec les Rampants (Crawlers en VO), les Météomen (Weathermen en VO ; référence au Weather Underground ?) et Dragon-Lune sont peut-être les pires de tous, mais ceux avec Pyron, Rage (Berserker en VO), ou le Skrull Jaddak, qui présentent une succession d'adversaires sans intérêt, sont bien loin d'être fameux. L'arc avec Griffe jaune relève le niveau, mais c'est l'annuel qui sauve en premier ce recueil de la purge ; une fois n'est pas coutume. Claremont met en scène un remarquable affrontement entre les Vengeurs et la Confrérie des mauvais mutants. Autre grand moment - qui valut à Marvel de nombreuses protestations - est la déchéance de Henry Pym, son procès, et sa descente aux enfers. Shooter revient assez brillamment sur ce qui constitue ce personnage aussi emblématique que problématique. Cela souligne le fait que les auteurs doivent insuffler un minimum de tension et de drame au sein d'une équipe pour qu'elle reste intéressante. La crise que provoque le procès est plus captivante que les départs convenus de certains membres, du déjà-vu, bien que la dernière histoire présente une situation inédite. 
Salicrup peine à trouver des remplaçants après le départ de George Pérez. Colan dessine cinq numéros, mais son style ne plaît pas à Shooter. Il est clair que cet artiste est plus à l'aise dans les registres urbain et fantastique. Les dessinateurs se suivent ; aucun ne sort véritablement du lot, jusqu'à Weiss, dont les deux épisodes révèlent un talent exceptionnel : des visages d'une expressivité supérieure, et un encrage étonnant. Golden produit un très bel annuel, marqué par la richesse de son trait. 
Laurence Belingard traduit. Fautes d'orthographe ("crack" pour "craque", "señors" pour "señores"), constructions bancales, anglicismes ("hex", "Transformer", "délivrer"), faux-sens ("Big Brother"), et deux bulles inversées et une coquille. Un vrai saccage ! 

Cet ouvrage pâtit d'une instabilité des équipes artistiques ainsi que de la qualité moindre d'intrigues plus que banales ; les scénaristes semblent avoir un instant oublié ou abandonné certains fondamentaux, mais l'annuel et le procès relèvent le niveau. 

Mon verdict : ★★★☆☆ 

Barbüz 

3 commentaires:

  1. Pour la petite histoire, j'avais découvert en 1982 que 3 séries mensuelles de comics bénéficiaient d'une distribution dans les librairies-bureaux de tabac en région parisienne : Peter Parker Spectacular Spider-Man, Incredible Hulk, et Avengers. C'est ainsi que j'avais commencé à lire la série Avengers en VO à partir du numéro 212, pendant quelques mois. J'ai donc pu assister à la fameuse gifle donnée par Hank à Janet, et à sa déchéance progressive jusqu'à son procès.

    6 scénaristes en 14 épisodes : comme tu le dis, impossible d'avoir des développements sur le long terme.

    La déchéance d'Henry Pym : effectivement, une terrible tension dramatique, mais je ne suis pas sûr que le personnage ait réussi à s'en remettre 40 ans plus tard, malgré plusieurs entreprises de réhabilitation bien faites, comme celle de Dan Slott dans la série Mighty Avengers. Je ne mesurais pas à quel point ce genre d'histoire peut abîmer durablement un personnage.

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    1. C'est tellement vrai, ce que tu écris concernant Henry Pym. Effectivement, il ne s'en est toujours pas remis. Si mes souvenirs sont bons, Millar exploite cette facette dans "Ultimates". Même ceux qui ont commis les pires catastrophes (je pense à Hal Jordan, par exemple) n'ont pas morflé comme ça. Je n'ai pas d'exemple similaire à l'esprit ; en as-tu ?

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    2. Hal Jordan est un superbe exemple de personnage qu'un scénariste a réussi à réhabiliter, malgré la destruction de toute une ville, et d'autres horreurs après.

      Il ne me vient pas à l'esprit d'exemple de personnage aussi abimé qu'Hank Pym, créé en 1962, et aussi emblématique qu'un membre fondateur des Avengers.

      En ce moment je suis en train de lire Avengers Epic Collection 18, et Maarrina (ex Alpha Flight) est également bien salie, causant la mort de dizaines de soldats dans les épisodes 291 à 293. Je ne crois pas qu'elle soit revenue en bon état, mais ce n'était pas un personnage aussi important et ancien que Pym.

      Je me souviens également de Hawk, transformé en criminel dans Armaggedon 2001 (DC), ou plus récemment de Wally West dans Heroes in Crisis en 2018/2019.

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