mercredi 4 août 2021

"Fantastic Four" : L'Intégrale 1968 (Panini Comics ; juin 2009)

Paru en juin 2009, le septième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre à l'équipe des Quatre Fantastiques contient les versions françaises des douze numéros de la série "Fantastic Four" de 1968, du #70 de janvier au 81 de décembre, ainsi que le "Fantastic Four Annual" #6 du mois de novembre de la même année. Cet ouvrage au format 17,7 × 26,8 centimètres, à couverture cartonnée et jaquette amovible, compte approximativement deux cent quatre-vingt-dix pages en couleurs, sans inclure les douze pages bonus, en fin de recueil (couvertures de la série régulière). 
Stan Lee (1922-2018) écrit les scénarios de tous les numéros y compris celui de l'annuel. Jack Kirby (1917-1994) - le "King" - est le dessinateur attitré ; toutes ses planches sont encrées par Joe Sinnott (1926-2020), un de ses collaborateurs fétiches. Aucun crédit concernant la mise en couleur, une pratique courante à l'époque. 

À l'issue du tome précédent, le Penseur fou, qui a pris l'apparence du Dr José Santini, est parvenu à retourner la Chose contre les trois autres membres de l'équipe. Ceux-ci organisent leur riposte. 
Les Quatre Fantastiques et la police trouvent et investissent le repaire du Penseur fou, dont les androïdes gardent l'endroit. Ils en forcent l'entrée et pénètrent en nombre. Richards appelle à la prudence face aux robots, que le Penseur fou a dotés de "cerveaux ultraperfectionnés". La Torche et lui font le ménage ; les forces de l'ordre ne sont pas en reste et se défendent avec vaillance. Le dernier androïde tombe sous les coups de feu. Cela ouvre la voie à Reed, Johnny et aux agents d'intervention. Mais le Penseur fou est en embuscade, il les attend. Il a l'intention d'inonder la salle afin que ses ennemis y restent ; sauf la Femme invisible, qu'il ne semble point redouter. Il estime que sa manœuvre aura une durée de "2,07 minutes". La Torche caracole en tête, mais réalise, au moment où l'eau se met à jaillir, qu'il aurait dû être plus prudent... 

La fournée de numéros de l'année 1968 est en retrait de celles des deux années précédentes. La qualité des histoires est bancale. Les auteurs ont certainement réalisé le succès de Galactus et son héraut damné, le Surfeur d'argent. Pourquoi ne pas exploiter une recette qui fonctionne ? Dans un arc étonnant (#74-77), les Fantastiques, dans une certaine mesure, œuvrent pour Galactus dans l'espoir de sauver la Terre. Lee et Kirby invitent le lecteur à un grand écart, de l'infiniment grand avec Galactus à l'infiniment petit avec Sub-Atomica. Dans les #78-79, Lee prend soin de jouer sur les ressorts émotionnels liés à la condition de la Chose : Richards trouve un nouveau remède, mais le résultat engendre encore des complications. Susan, enceinte, est la grande absente de ces épisodes, car cette année est aussi celle de la naissance de celui qui deviendra Franklin Richards. C'est - du point de vue historique de publication - l'un des tout premiers enfants nés d'un couple de superhéros. Les Fantastiques confirment ainsi leur statut d'équipe familiale à contrecourant des autres franchises, dont les représentants sont englués dans des relations platoniques. Là encore, les auteurs jouent la corde sensible et font naître chez le lecteur la peur d'un accouchement à haut risque pour Sue ; son dénouement est conté dans un annuel palpitant. Hélas ! Tout n'est pas réussi. La conclusion de l'arc avec le Penseur fou est barbante ; du classique, pas du meilleur. Le #73 - suite du "Daredevil" #38 - invite Daredevil, Spider-Man, et Thor dans un ballet bruyant, lassant et qui ne tient pas ses promesses. Le #80 est une autre histoire de robot géant, décidément fort peu inspirée ; Lee y livre une vision bien naïve des réserves indiennes . Enfin, les Inhumains sont absents, alors que leur participation était centrale dans les volumes précédents. 
Une année complète de numéros rien que par Kirby et Sinnott ! Que demander de plus ? Que dire sinon que le "King" et son brillant acolyte remplissent généreusement leur part du contrat. Les planches sont pétulantes d'énergie et de dynamisme. Le niveau de détail est variable, mais est très satisfaisant dans l'ensemble. Les amateurs retrouvent ce qui fait l'attrait des planches de Kirby, collages, machines futuristes incroyables et novatrices, décors cosmiques... Et quel portrait de Galactus ! 
La traduction a été confiée à Geneviève Coulomb, un nom honni par la communauté des lecteurs de comics. Il y a de bonnes choses. Notons néanmoins les anglicismes ("data" ; "alien"), les coquilles ("Fontainebleu" ; "Assdic"), et une certaine littéralité. 

En 1968, "Fantastic Four" est une série qui alterne le passionnant et l'ordinaire. Les Inhumains manquent à l'appel tandis que les robots n'en finissent plus de proliférer. Cette année est marquée par un jalon important : la naissance de Franklin Richards. 

Mon verdict : ★★★☆☆ 

Barbüz 

2 commentaires:

  1. Sauf erreur, c'est - historiquement et du point de vue publication - le premier enfant d'un couple de superhéros. - J'ai forcément pris cette phrase comme un défi… Non, en fait, je me suis demandé s'il n'y avait pas eu une occurrence précédente, en particulier sur les Terre parallèles du multivers DC avant Crisis. Il se trouve qu'il y a déjà eu au moins un enfant d'un couple avec des superpouvoirs : Arthur Curry junior, fils de Mera & Aquaman, en 1965 sur la Terre principale. Quant aux superhéros de Earth 2, j'ai bien trouvé Helena Wayne, fille de Bruce Wayne & Selina Kyle, mais créée en 1977.

    https://aquaman.fandom.com/wiki/Aquababy

    Les planches sont pétulantes d'énergie et de dynamisme : jolie tournure de phrase.

    Les robots n'en finissent plus de proliférer : c'est un bon indicateur d'une imagination en berne. En 1993, Sergio Aragones et Mark Evanier publient Mighty Magnor, une satire de superhéros et ils ironisent sur le fait que les ennemis les plus génériques possibles sont les extraterrestres (en goguette pour envahir la Terre) et les robots.

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    1. Ah ! Merci, merci d'avoir apporté la lumière sur cette question ! C'était sans doute plus un appel à l'aide inconscient qu'un défi, parce que je ne te cacherai pas que j'avais cherché avec plusieurs combinaisons de mots-clés (en anglais), mais je n'ai pas trouvé la réponse, rien à faire ; j'étais pourtant à peu près sûr de trouver un article sur le premier enfant né d'un coupe de super-héros du point de vue de l'historique de publication.
      Je croyais que le fils d'Aquaman avait été créé dans les années soixante-dix ; au temps pour moi. Franklin est donc le second ; je vais corriger mon article.

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