vendredi 20 août 2021

"X-Men" : L'Intégrale 1967 (Panini Comics ; septembre 2009)

Paru en septembre 2009, ce tome est le dix-septième de l'intégrale que Panini Comics France consacre à la franchise "X-Men", le quatrième à la version historique de l'équipe. Il contient les versions françaises de dix numéros de la série régulière, les "X-Men" #28-37 (janvier à décembre 1967) et de deux épisodes tirés des #38-39, parus en novembre et décembre de la même année. Cet ouvrage, format 17,7 × 26,8 cm à couverture cartonnée avec jaquette amovible, comprend deux cent trente pages en couleurs. Les couvertures originales ont été regroupées à la fin du recueil. 
Roy Thomas écrit les scénarios de tous les numéros. Le poste de dessinateur est divisé entre (surtout) Werner Roth (1921-1973), Jack Sparling (1916-1997), Dan Adkins (1937-2013), Ross Andru (1927-1993), Don Heck (1929-1995). Dick Ayers (1924-2014), John Tartaglione (1921-2003), Adkins, George Bell, alias George Roussos (1915-2000), Heck et Vince Colletta (1923-1991) se partagent l'encrage. Concernant la mise en couleur, il n'y a là aucun crédit. 

À l'issue du tome précédent, les X-Men vainquent le Maître des Maléfices (en version originale : "Puppet Master" ), qui contrôlait Mimic (Cal Rankin) au moyen d'une statuette d'argile radioactive. 
New York City, arrondissement de Manhattan, par une belle matinée d'automne. Soudain un hurlement déchire l'air. Les badauds n'aperçoivent rien ni personne, mais leur tête est comme prise dans un étau ; ce cri étant insupportable, ils s'évanouissent. Une silhouette invisible les survole à toute vitesse, en s'amusant du chaos engendré : c'est le Hurleur. Il fonce vers son objectif : une galerie d'art. Il reconnaît la toile qu'il est venu chercher en vitrine. Il modifie ses vibrations et brise la paroi vitrée, puis reprend son état normal. Il tend la main pour s'emparer de cette peinture, une scène de pêche en montagne. Il s'extasie devant l'œuvre, une "beauté", que ces "misérables humains" ne peuvent "goûter"... 

Cette somme-là débute plutôt bien. Thomas crée tout d'abord le personnage du Hurleur ("Banshee" en version originale), qui reviendra dans les premières aventures de la version 2.0 de la super-équipe mutante (confer le "Giant-Size X-Men" #1 de mai 1975). Il a ensuite l'idée bienvenue de se débarrasser de l'encombrant Mimic, dont la présence au sein de l'équipe n'était source que de tensions inabouties et mal exploitées (toujours seul contre les autres) ; Calvin Rankin sort, mais par la grande porte. Thomas introduit Facteur 3 ("Factor Three"), mystérieuse organisation criminelle aux plans nébuleux (ils le resteront d'ailleurs jusqu'au bout), mais elle a l'avantage de créer un fil conducteur accrocheur d'un épisode à l'autre. Après un combat contre l'incontournable robot géant (l'Adaptoïde, dans le #29), les X-Men affrontent le Devin ("Warlock", un autre) dans le #30, dans l'une des aventures les plus originales et captivantes de cet ouvrage. Puis vient Cobalt Man, un ersatz d'Iron Man : un adversaire peu fascinant. Suit un arc réussi avec le Fléau (#32-33), avant une surprenante histoire plus proche de la science-fiction avec Tyrannus et l'Homme-Taupe (#34). Hélas ! La qualité de la suite dégringole ! Le #35 - avec Spider-Man - ressemble à du remplissage, le #36 est un summum de puérilité, et le dénouement de l'intrigue consacrée à Facteur 3 est un pétard mouillé abscons, même si l'identité du Mutant Master étonne. Encore deux éléments. Au long de ces épisodes, Thomas offre à ses mutants un minimum de vie sociale en phase avec leur époque : le lecteur les voit ainsi sortir avec leurs amies, aller danser le Watusi en boîte de nuit et écouter les poètes avant-gardistes (sans talent ?) à Greenwich Village. Puis il met également un terme au triangle amoureux Scott-Jean-Warren en retirant ce dernier de l'équation. 
Thomas a dit de Roth que son style ne convenait pas aux "X-Men" ; ces propos n'engagent que lui.  Roth livre là un superbe travail, d'une magnifique facture classique ; c'est lisible, élégant, dynamique, et avec un niveau de détail très satisfaisant. Adkins fait au moins aussi bien et dans la même veine, mais la présence de dessinateurs tels que Heck démontre que "X-Men" n'était qu'un titre de seconde catégorie ; quant à Andru, il est loin du sommet de son art (il a pourtant quarante ans). 
La traduction est confiée à Geneviève Coulomb. Hélas, aucune surprise ! Négation maltraitée, anglicismes ("data""alien" comme adjectif, "rocket"), onomatopées non adaptées, argot inadéquat ("plafetard"). Là où Coulomb passe, les séries trépassent. 

Tant que Roth produit les dessins, "X-Men" fait illusion. Mais les changements au poste de dessinateur et une succession d'épisodes peu inspirés ont raison de l'équilibre qualitatif délicat de la production de cette année 1967, nouveaux uniformes ou pas. 

Mon verdict : ★★☆☆☆ 

Barbüz 

4 commentaires:

  1. 2 étoiles pour le tome précédent, 2 étoiles pour celui-ci : la qualité ne baisse pas. :)

    7 dessinateurs pour 12 épisodes : quelle instabilité ! Et il faut attendre le numéro 56 pour que Neal Adams arrive.

    Le lecteur les voit ainsi sortir avec leurs amies, aller danser le Watusi en boîte de nuit et écouter les poètes avant-gardistes (sans talent ?) à Greenwich Village. - Comme pour le tome précédent, je n'ai pas dû lire beaucoup de ces épisodes, mais cette scène en particulier je suis sûr de l'avoir vue.

    Une série qui a l'air d'une mauvaise pioche.

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    1. Le #56 ? De mai 1969 ? Ce n'est pas pour demain ! Cela vaut dire qu'il faudra encore s'enfourner quelques dizaines de planches signées par Don Heck.

      Certains penseront que j'ai peut-être été un peu sévère avec ces épisodes ; à vrai dire, les premiers sont vraiment agréables à lire. J'en suis malheureusement resté à mon sentiment de fin de lecture ; et donc, deux étoiles.

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    2. Il y a également 2 épisodes illustrés par Jim Steranko (50 & 51), et un épisode dessiné par Barry Smith jeune débutant, le numéro 53.

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    3. J'ai vu moi aussi que Steranko illustrait deux épisodes ; j'en salive d'avance.

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