mardi 24 août 2021

"X-Men" : L'Intégrale 1987 (II) (Panini Comics ; mai 2010)

Sorti le 19 mai 2010, ce volume est le dix-huitième de l'intégrale que Panini Comics France consacre à la franchise "X-Men", et le quatorzième aux X-Men "2.0". Il contient les versions françaises de cinq numéros de la série régulière, les "Uncanny X-Men" #220-224 (août-décembre 1987), des quatre de la mini-série "X-Men vs Avengers" (avril-juillet 1987), puis de deux histoires complètes, l'une tirée du "Special Edition X-Men" #1 ("A Day Like Any Other" / "Un jour comme les autres", de février 1983) et l'autre du "The Best of Marvel Comics" #1 ("The Hunter" / "En chasse", de mai 1987). Cet ouvrage, format 17,7 × 26,8 cm à couverture cartonnée et jaquette amovible, inclut deux cent trente pages en couleurs. 
Chris Claremont écrit tous les numéros de "Uncanny X-Men"Roger Stern - scénariste de "The Avengers" en 1987 - est chargé de la minisérie "X-Men vs Avengers", mais Tom DeFalco et Jim Shooter scénarisent son dernier numéro. Marc Silvestri illustre la plupart des épisodes ; Kerry Gammill et Keith Pollard en produisent un chacun, Dave Cockrum dessine le spécial (la seule histoire en noir et blanc), et Marshall Rogers, le récit du "Best of"Dan Green (série) et Josef Rubinstein (mini) sont les encreurs principaux ; Bob Wiacek, Bob McLeod, Al Williamson (1931-2010), Al Milgrom, et Hilary Barta participent également à la tâche. La mise en couleur a été composée par Glynis Oliver, et par Christie et Max Scheele. 

À l'issue du tome précédent, tandis que les X-Men resserrent les rangs, les Maraudeurs tentent d'abattre Lorna Dane, dite Polaris. Malice prend possession de l'esprit et du corps de cette dernière. 
Perdu dans ses pensées, Logan, en position accroupie sur un aplomb rocheux, admire un paysage montagneux ; sa méditation est interrompue par la visite de Tornade. Cette présence non désirée énerve Wolverine ; s'il avait voulu de la compagnie, il lui aurait fait signe ! Mais Ororo prétend qu'elle doit absolument lui parler... 

Ce recueil est découpé en deux parties distinctes. La première est formée par les épisodes de la série régulière. Le lecteur est ravi d'y découvrir la suite des trois sous-intrigues imaginées par Claremont ; en premier lieu, les retrouvailles d'Ororo et Forge, telle une longue quête qui oscille entre hallucinations et réalité, aux côtés d'un Nazé très troublant. Claremont utilise quelques paraboles et ingrédients fantastiques, afin de nimber ces pages de mystère et de mysticisme grand public. Puis la lutte entre X-Men et Maraudeurs ; c'est là, entre deux scènes d'action, que le visage complet de monsieur Sinistre est enfin dévoilé. Hélas, la frustration de ne pas voir cette intrigue de qualité avancer à plus de cinq épisodes par tome commence - car on pressent une menace plus importante en coulisses - à se faire sentir. Quoi qu'il en soit, ces rencontres entre X-Men et Maraudeurs sont, dans tous les cas, très satisfaisantes. Ensuite, Claremont revient - dans une moindre mesure - sur le développement de l'équipe Freedom Force et ses liens avec le gouvernement par l'intermédiaire de Valerie Cooper. Un cocktail constitué de mysticisme et de magie, d'action pure et dure et de complots gouvernementaux, qui s'avère particulièrement efficace. En revanche, la minisérie ne tient pas ses promesses. Trois super-équipes, c'est beaucoup et le format restreint (quatre actes) ne permet pas à Stern de pleinement développer ses arguments. En plus de cela, le second procès de Magneto est en quelque sorte une redite - mais beaucoup moins intéressante - des événements du #200 (ce numéro est repris dans le second volume de l'intégrale de 1985). Au temps pour l'imagination, d'autant que ces va-et-vient, ces palabres et ce dénouement sont peu plausibles. Quel dommage qu'il n'y ait là que cinq "petits" épisodes de la série régulière. 
Les dessins de Silvestri sont l'autre atout de "Uncanny X-Men" ; on retrouve ce trait souvent épuré, ces arrière-plans rationalisés, et cette idée du corps que cultive Jim Lee également : des femmes élégantes et longilignes, des hommes musculeux, sans excès. L'artiste maîtrise pleinement les visages et silhouettes des mutants. Silvestri est moins à l'aise sur les Vengeurs, qu'il pratique moins, surtout les visages (sa Miss Hulk n'est pas une franche réussite). Gammill produit un très beau numéro. 
La traduction a été divisée entre Geneviève Coulomb et Thomas Davier, mais ce dernier ne se charge que du spécial. Côté Coulomb : une faute d'accord, une de mode, une utilisation souvent aléatoire de la négation, ou encore un oubli de ponctuation. 

Le titre régulier, à force de diluer "Uncanny X-Men" entre les miniséries, perd en intensité ; dommage, car les mini sont d'une qualité d'écriture moindre. Un roulement de volumes de la série régulière et de hors-série avec ces mini aurait été approprié. 

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbüz

2 commentaires:

  1. Voilà un article qui répond à une question qui me tarabustait : mais comment les éditeurs français (en l'occurrence Panini) vont pouvoir concilier le principe d'intégrale avec les événements s'étalant sur plusieurs séries, et avec les miniséries satellites ? En particulier pour les titres mutants. La même question s'est posée pour les recueils Epic Collection en VO.

    En plus, le découpage ici est vraiment malheureux coupant en 2 le récit Fall of the Mutants des X-Men. Il ne me semble pas avoir relu la minisérie X-Men vs. Avengers depuis sa parution et ton analyse m'incite à continuer à m'en tenir éloigné, quand en plus Stern n'a pas pu finir son récit. :)

    Quant à Fall of the mutants, j'avais été plutôt déçu à la relecture. Pour les épisodes 220 à 227, cette partie souffre d'une structure artificielle partagée entre Ororo d'un côté, et l'équipe des X-Men de l'autre, d'une narration explicative à foison, et d'un enjeu peu palpitant. Par contre, elle met en évidence la capacité de Claremont à ne pas se contenter d'un statu quo confortable et répétitif, sa volonté de ne pas perdre de vue la métaphore que sont les X-Men, son ambition d'inscrire ces intrigues dans une narration au long cours pour le meilleur (l'évolution psychologique d'Ororo) comme pour le pire (les intrigues secondaires qui n'en finissent jamais). A la relecture, j'avais préféré Inferno.

    Ton lien pour "tome précédent" a sauté.

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    1. Ce saucissonnage est malheureusement en vigueur depuis cinq tomes, et cela va malheureusement continuer ; j'ai vérifié le programme des prochains volumes, et ça ne s'arrange pas.

      Personnellement, j'aime ce que fait Claremont à cette époque-là, même si j'ai souvent l'impression qu'il s'éparpille beaucoup sans vraiment faire avancer ses sous-intrigues. Ça me rappelle cet échange que nous avions eu au sujet de Nemrod. En fait, le saucissonnage de la série régulière accentue ce sentiment.

      Merci pour le lien manquant ; c'est corrigé.

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