Le seizième volume de cette intégrale consacrée aux X-Men par Panini Comics est sorti en avril 2009 ; il contient douze numéros complets, et compte deux cent quatre-vingt-quinze planches approximativement. Cet épais recueil à couverture cartonnée avec jaquette amovible regroupe : les "Uncanny X-Men" #213-219 (janvier à juillet 1987), le "Uncanny X-Men Annual" (novembre 1987), avec les "Fantastic Four vs. the X-Men" #1-4 (février à juin 1987).
Chris Claremont a écrit les "Uncanny X-Men" ainsi que l'annuel et les quatre épisodes de "Fantastic Four vs. the X-Men". Parmi les dessinateurs : Alan Davis, Barry Windsor-Smith, Jackson Guice, Marc Silvestri, Bret Blevins, et Jon Bogdanove. La tâche d'encreur a été répartie entre Paul Neary, Bob Wiacek, Dan Green, Steve Leialoha et Terry Austin. Enfin, la mise en couleur a été confiée à Glynis Oliver, Petra Scotese/Goldberg assiste dans deux numéros.
À l'issue du tome précédent, les combats avec les Maraudeurs laissent des séquelles. Diablo est inconscient, Colossus, paralysé et dans le coma, et Kitty semble condamnée à la dématérialisation.
Une nuit. La télépathe Psylocke (Elizabeth Braddock) est seule ; la Britannique est installée dans un fauteuil et s'est connectée à Cerebro. Elle a été chargée de repérer les mutants dont les facultés se sont manifestées récemment, et de les inviter à s'inscrire à l'école, afin qu'ils apprennent à utiliser leurs pouvoirs. La projection de son "moi" - comme un papillon lumineux, avec un grand œil sur chaque aile - contacte d'abord Malicia, qui patrouille en survolant le domaine. Mais elle n'a rien à signaler : c'est le calme plat. Malicia, se voulant rassurante, croit bon d'ajouter que c'est aux X-Men de protéger leur périmètre ; Elizabeth en déduit que les membres de l'équipe ne la considèrent pas comme l'une des leurs à part entière. Ensuite, son "moi" se dirige vers l'infirmerie, remplie des survivants du massacre perpétré par ces Maraudeurs...
Les numéros de la série régulière de cette année-là sont très intéressants. Après un "Mutant Massacre" indigeste, à force d'être répétitif et dispersé, Claremont revient aux fondamentaux qui contribuèrent au succès du titre : centrer ses épisodes sur les personnages qui ont en besoin - car laissés de côté ou méconnus - en laissant libre cours à leurs introspections. Sa façon de procéder s'avère salvatrice. En plus de Xavier toujours absent, il écarte trois figures-clés, Colossus, Diablo, et Shadowcat, et il abandonne les autres équipes mutantes (les Nouveaux Mutants, Puissance 4). Il peut ainsi se focaliser sur les nouveaux venus (Longshot, Psylocke), et en développer ou en exhumer d'autres (Dazzler, Havok, Polaris). Les objectifs des X-Men, dans ces pages qui précèdent "The Fall of the Mutants", sont simples : guérir Colossus et Diablo et trouver un remède pour Kitty. Claremont sépare ses X-Men dans un ensemble de sous-intrigues claires. Tornade et Wolverine se dirigent vers le nord ; Ororo, ici mise en vedette, y affronte un super-trio dont l'idéal fut exploité en d'autres temps puis qui fut oublié au nom de la realpolitik. Ce numéro, avec ses patriotes désenchantés et sa junkie cynique issue d'un milieu aisé, est captivant de par sa morale et son conservatisme sous-jacent, aussi parce que ce sont les X-Men, pourtant ostracisés par la société des hommes, qui s'assurent que justice soit rendue. Malicia, Psylocke, et Dazzler, elles, partent pour l'Écosse. Elles y rencontreront un vieil adversaire des X-Men, dans un récit plaisant et inattendu. Les femmes sont mises à l'honneur dans des épisodes qui apportent de l'oxygène à une saga qui s'enlisait. L'annuel explore les fantasmes et les angoisses des X-Men : du déjà-vu (conf. L'Intégrale : 1985 (II)). La mini-série, aux antipodes des relations bienveillantes entre groupes de super-héros, tient ses promesses. La partie graphique est réussie, avec une préférence pour le trait de Guice, qui combine noirceur et classicisme, et pour les compositions sombres de Blevins, qui flirtent avec le registre horrifique ; Windsor-Smith façonne des planches évocatrices. Malgré l'encrage d'Austin et la qualité de son expressivité, l'art de Bogdanove, avare en détail et aux finitions insatisfaisantes, est en dessous du reste.
Geneviève Coulomb est - hélas - à nouveau aux commandes de la traduction. Bien qu'elle ait déjà fait largement pire, notons quand même une forme négative presque toujours négligée (c'est pénible à lire), et un chapelet d'onomatopées non traduites.
Ce contenu représente assurément ce que la série a proposé de mieux depuis quelque temps, peut-être depuis le recueil consacré à 1983 avec les Broods. Claremont y résout, avec un certain brio, le problème récurrent de la pléthore de protagonistes.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbüz
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Je m'aperçois en lisant ton commentaire que je n'ai pas relu ces épisodes depuis un petit bout de temps, sauf pour le 214, Barry Windsor Smith oblige.
RépondreSupprimerJe me souviens assez bien de Crimson Commando, StoneWall et Super Sabre, avec cette étrange décision en fin d'épisode 216 : les X-Men décident de devenir pro-actifs, et en fait cette décision semble s'évaporer comme s'il n'en avait jamais été question (dans mon souvenir très lointain).
Parmi les dessinateurs, j'aurais également fait figurer Alan Davis que j'aime bien.
Je ne garde aucun souvenir de la minisérie, si ce n'est que je n'avais pas aimé les dessins non plus.
Centrer ses épisodes sur les personnages : c'est vrai que c'était agréable de souffler un peu entre 2 grands événements. C'était aussi étrange : à l'époque, j'achetais les numéros chaque mois, et il était impossible de savoir sur quoi on allait tomber d'un moi sur l'autre, en termes d'histoire.
Les femmes sont mises à l'honneur. - Cette caractéristique me saute également aux yeux chaque fois que je me replonge dans cette période des X-Men. Il se disait à l'époque qu'à chaque fois qu'il créait un nouveau personnage, Chris Claremont se posait la question : y a-t-il une bonne raison pour que ce ne soit pas une femme ?
J'avais lu certains de ces épisodes il y a des années et j'en avais encore quelques bons souvenirs, surtout les #215 et 216. J'ai été ravi de les relire et d'y trouver à nouveau du plaisir, les épisodes des X-Men depuis 1984 m'ayant déçu. Et puis, quel bonheur de retrouver le Fléau, l'un de mes mutants favoris, dans un arc surprenant.
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