jeudi 16 septembre 2021

Batman et Robin (tome 6) : "À la recherche de Robin" (Urban Comics ; octobre 2016)

Sorti chez Urban Comics le 21 octobre 2016 dans la collection "DC Renaissance""À la recherche de Robin" est le sixième des sept numéros du "Batman & Robin" de la "Renaissance DC" ("The New 52"), démarche de DC Comics lancée en 2011, pour rafraîchir son univers. Cet ouvrage format 17,5 × 26,5 centimètres à couverture cartonnée compte cent soixante planches couvertures incluses (sans les quatorze pages de bonus) ; il contient les versions françaises des "Batman and Robin" #29 à 34 - du volume 2 - (de mai à octobre 2014) ainsi que "Robin Rises: Omega" de septembre 2014. 
Peter Tomasi écrit tous les scénarios. Patrick Gleason dessine tous les "Batman and Robin" à l'exception du #31 (de juillet), confié à Doug Mahnke tandis que "Robin Rises: Omega" est réalisé par Andy Kubert. L'encrage est réparti entre Gleason, Mick GrayMark Irwin et Norm Rapmund (renforts), Christian AlamyKeith Champagne et Jonathan Glapion. Enfin, pour les mises en couleur, John Kalisz ("Batman & Robin"), Brad Anderson ("Robin Rises: Omega"). 

À l'issue du tome précédent, Batman livre un nouveau Bat-Signal au commissariat. Gordon et lui font le point sur la disparition de Dent : ils comprennent qu'ils n'ont pas le moindre début de piste. 
Les profondeurs de l'océan Pacifique. Aux manettes du Bat-Sub, son sous-marin, Batman est en contact radio avec Alfred. Aucune trace de Harvey ; comme s'il avait "disparu de la surface de la Terre". D'après les coordonnées de Damian, Batman devrait arriver à "l'île". Devant son appareil, les restes des cadavres encore enchaînés des précepteurs de Damian, assassinés sur l'ordre de Talia. Alfred déplore que Batman ne l'ait pas laissé l'accompagner. Mais le justicier répond qu'un "passager clandestin" suffit. Entendant Titus grogner dans l'habitacle, Alfred s'excuse. Il ignore comment le chien a pu monter là. Mais l'ordinateur de bord interrompt sa plaidoirie, car il a repéré un des membres de la Ligue de Justice... 

Ceux qui n'ont pas lu "Forever Evil" pourront être déroutés par la présence de Lex Luthor et de Captain Cold dans les rangs de la Ligue de Justice ; ce n'est qu'un détail qui n'entrave aucunement la compréhension des événements. En revanche, s'il est possible de faire l'impasse sur le cinquième, il est nécessaire d'avoir lu le quatrième, car Tomasi utilise la même construction narrative : un chapitre avec Aquaman, un avec Wonder Woman, (encore) un avec le monstre de Frankenstein, puis un avec Ra's Al-Ghul. Bruce Wayne semble prêt pour l'avant-dernière étape du deuil, l'acceptation. Seulement voilà, Ra's Al-Ghul a dérobé les cercueils de Damian et de Talia, et lui complique ainsi la tâche. Dès lors, Wayne ne peut ni enterrer son fils ni aspirer à la reconstruction et la lutte reprend, partout : sous les mers, sur l'île du Paradis, dans l'espace, et en montagne. Plus que jamais, Batman est donc un justicier global qui intervient sous toutes les latitudes. Le scénariste bouscule astucieusement la donne en transformant certains camarades en gêneurs et certains ennemis jurés en alliés temporaires, dans le cadre d'un pacte contre-nature. Ces tandems occasionnels sont captivants et fonctionnent à merveille, car Tomasi parvient à donner de la substance et à insuffler une indéniable justesse à ses caractérisations, par le truchement de dialogues de qualité supérieure. Le lecteur apprécie également la variété des cadres : l'océan Pacifique, l'île du Paradis, la chaîne de l'Himalaya et les ruines de la cité mythique de Nanda Parbat, ou les couloirs de la tour de guet de la Ligue. Enfin, Tomasi rend factuelle la présence de Damian, en le représentant dans son cercueil à la manière d'un gisant. L'histoire - nonobstant la partie graphique qui n'est pas homogène - se déroule, fluide, sans que le poids de la linéarité ou les longueurs se fassent sentir - car Tomasi rompt souvent sa principale ligne narrative avec de brèves séquences - et malgré les concessions aux événements de cet univers partagé. 
Les planches de Gleason sont un régal pour les yeux. C'est avec plaisir que le lecteur retrouvera ce style semi-réaliste, son expressivité marquée sans être outrancière, son encrage abondant en aplats et sa diversité de plans. Gleason, c'est aussi cette clarté dans le découpage et l'enchaînement de l'action, ce quadrillage dynamique et varié (horizontal comme vertical) et cette capacité à exprimer l'émotion sans texte. Terrible, son Ra's Al-Ghul est peut-être l'un des plus impressionnants jamais mis en image. Cela étant, il aurait été apprécié que Gleason illustre tous les numéros. Si le coup de crayon de Mahnke - plus réaliste - est assez proche, celui de Kubert - plus caricatural et plus plastique - dénote trop pour ne pas susciter de désagrément. Riche en atmosphères et en contrastes, la mise en couleur est remarquable. 
La traduction est à nouveau confiée à Alex Nikolavitch, qui est le traducteur attitré de "Batman et Robin" depuis le premier tome. Le résultat est impeccable, le texte est soigné : ni faute, ni coquille, ni anglicisme, mais un indicatif plutôt contestable. 

En dépit d'entraves narratives, Tomasi et Gleason réalisent probablement là l'arc le plus abouti de "Batman et Robin" depuis le premier volet. Certains regretteront que Gleason n'ait pu être en mesure de produire l'intégralité de cette gamme d'épisodes. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz 

4 commentaires:

  1. J'avais trouvé ce 6ème tome extraordinaire. C'est vrai que j'ai découvert Doug Mahnke bien des années auparavant, avec la série The Mask (rééditée récemment par Delirium) et que j'attends autant ses pages que celles de Gleason... non, un peu moins en fait car Gleason est majestueux sur cette série.

    Ces tandems occasionnels sont captivants et fonctionnent à merveille. - Avec un peu de recul, c'est épatant de voir comment Tomasi réalise une série d'épisodes team-up, dans le cadre d'une intrigue au long cours, avec des dialogues de qualité supérieure comme tu le soulignes.

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    1. Généralement, je n'apprécie pas le trait d'Andy Kubert, et j'aime encore moins son travail sur cette série, d'autant que j'ai le sentiment qu'il me spolie d'un chapitre illustré par Gleason. Là, il est clair que ça a coûté sa cinquième étoile à ce tome.

      Sais-tu ce que devient Gleason ? Travaille-t-il toujours pour Marvel ? Encore pour DC ? L'article que Wikipedia lui consacre ne va que jusqu'à 2019.

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    2. Patrick Gleason est passé chez Marvel, pour quelques épisodes épars d'Amazing Spider-Man. C'était assez étrange car l'éditeur l'a présenté comme faisant partie d'un groupe de nouveaux artistes prometteurs. Difficile à avaler quand on a lu ses épisodes de Batman & Robin. A ma connaissance, il ne réalise pas d'épisodes réguliers sur une série mensuelle.

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    3. Marvel, épars, et Spider-Man ; c'est bien ce que j'avais retenu de ma recherche rapide. Merci pour les infos.

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