"Révélations" est un ouvrage format 17,5 × 26,5 cm à couverture cartonnée de cent soixante-dix planches environ publié dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en septembre 2016. Il inclut les versions françaises du "Divergence" #1 (de juin 2015) et des #41-47 (août 2015 à février 2016) du volume 3 de "Superman", celui de la "Renaissance DC" ("The New 52"), une démarche entreprise par DC afin de rafraîchir son univers, en 2011. C'est le dernier "Superman, l'homme de demain", titre lancé par Urban Comics. En version originale, il s'insère dans la série "Superman".
Gene Luen Yang ("American Born Chinese" et "Superman écrase le Klan") écrit tous les numéros. John Romita Jr. dessine l'extrait de "Divergence" et les quatre numéros suivants ; Howard Porter se charge du reste, avec l'aide de Raymund Bermudez et de Tom Derenick dans le #47. L'encrage est confié à Klaus Janson et Scott Hanna. Hi-Fi Design, Dean White, Wil Quintana, Tomeu Morey, Leonardo Olea, Blond et Lee Loughridge pour la mise en couleur.
À l'issue du tome précédent, un Superman blessé est pris en photo par un badaud. L'image est diffusée. Lorsqu'elle voit Clark au Daily Planet le lendemain avec le visage tuméfié, Lois a un choc...
Metropolis, près d'un centre commercial. Clark Kent et Jimmy Olsen dégustent un café ; ils sont attablés en terrasse, espace de fortune aménagé par les propriétaires d'un camion-restaurant. Jimmy demande à Clark si c'est là qu'il prend son petit-déjeuner, désormais, car le café a un goût "pas commun". Kent répond que les propriétaires habitent dans la même rue que lui et qu'ils ne garent jamais leur camion au même endroit. Olsen comprend que c'est "parfait pour ne pas se faire remarquer". Il veut savoir si Clark va bien, s'il a besoin d'argent, mais Kent le rassure. Et ses pouvoirs ? Kent le reconnaît, il n'est pas à 100%. Il a l'impression d'être "entouré d'un film plastique" qu'il ne réussit pas à enlever...
La franchise Superman de la "Renaissance DC" ("The New 52") aura brassé plusieurs auteurs, de Grant Morrison à Geoff Johns, en passant par Greg Pak ou Scott Lobdell. À part Johns, aucun ne semble avoir trouvé le ton juste. Yang ne fait pas exception, hélas ! Il reprend le personnage là où Johns l'avait laissé, avec un nouveau pouvoir, mais convalescent et fortement diminué. Les lecteurs retrouvent un héros qui se cache bien mal et dont les ennemis emploient le contenu des médias, sociaux ou pas, pour le traquer. Yang compose une histoire dans laquelle le journaliste enquête sur un sénateur véreux puis doit affronter un adversaire qui tire ses pouvoirs du monde numérique (et de l'empressement de l'être humain à étaler sa vie en ligne) ; ce dernier s'avère insaisissable en dépit d'une kyrielle de confrontations bavardes au point qu'il engendre une sensation de lassitude chez le lecteur d'autant que le concept est tellement vaste qu'il est difficilement crédible. Yang attaque également le pan de l'identité secrète. Clark n'est pas entièrement démuni pour autant, mais compte dorénavant ses alliés et ses amis sur les doigts de la main. L'auteur en fait un solitaire sans aller jusqu'au paria. En plus d'une narration construire sur deux, voire trois lignes temporelles, il y a ici des idées intéressantes, notamment autour des thèmes de la trahison, de l'enfer pavé de bonnes intentions, et de la nouvelle vie sans que l'on puisse pleinement faire table rase de l'ancienne, mais Yang donne l'impression qu'il multiplie les personnages et les sous-intrigues et surtout qu'il privilégie le spectacle plutôt que les conséquences, échouant ainsi à sortir ce titre de l'ordinaire.
Romita Jr. et Porter présentent deux styles différents. Romita, encore en forme, évolue dans un registre semi-figuratif enrichi d'éléments abstraits qui lui permettent - accompagnés des habituelles onomatopées colorées - de représenter le mouvement (une bande de couleur rectiligne ; des traits de couleur), la vitesse (une multitude de lignes horizontales) ou les impacts (une sphère de couleur claire). La signature derrière ces visages, yeux et bouches est immédiatement identifiable. Porter choisit un trait dynamique, voire explosif, avec une quantité de détail étonnamment dense, et un niveau d'expressivité peu commun : ses planches sont éblouissantes.
La traduction, comme pour le premier tome, a été confiée au Marmandais Laurent Queyssi, du studio bordelais MAKMA. Son travail est tout à fait honorable, et malgré un ou deux passages douteux, ce texte tient la route : il n'y a là ni faute ni coquille.
Un nouveau scénariste sur "Superman", cela ne pouvait se refuser pas à l'époque étant donné l'indigence de la franchise. Pour autant, le lecteur réalise rapidement que Yang ne fera là aucun miracle. Cette histoire se poursuit dans "Le Règne de Savage".
Mon verdict : ★★☆☆☆
Barbüz
J'avais hésité à prendre l'équivalent VO de ce recueil : un peu pour JRjr, franchement pour Howard Porter que je retrouve toujours avec plaisir depuis ses épisodes la JLA avec Grant Morrison, et énormément pour Gene Luen Yang.Je n'ai pas lu American Born Chinese, mais j'avais bien aimé sa série New Superman, avec une déclinaison chinoise du superhéros lors du DC Rebirth (24 épisodes).
RépondreSupprimerDe ce que tu écris, ça donne vraiment l'impression que les responsables éditoriaux avaient beaucoup de mal à gérer leurs séries, peut-être faute d'une visibilité à moyen terme pour l'orientation voulue par dirigeants de DC Comics.
Romita, encore en forme, [...] ses planches sont éblouissantes. J'ai beaucoup aimé cette analyse des caractéristiques de ces deux dessinateurs, car elle m'évoque des cases de ces épisodes, que j'ai pu voir de ci de là : belle évocation parlante.
J'avais entendu parler de ce Superman chinois. Ici, je reste vraiment sur ma faim. Je suis déçu, car j'aurais voulu que Johns continue l'écriture de cette série. Si je ne l'avais pas eu en stock, je n'aurais pas lu "Le Règne de Savage", mais puisqu'il traîne sur mon étagère...
SupprimerPorter m'a épaté. Je n'aimais pas du tout ce qu'il faisait au début, notamment sur la franchise "JLA". J'ai lu qu'il avait quitté le milieu pendant quelques années avant d'y revenir, plus talentueux que jamais. Ce qu'il fait là est admirable.
Pour la JLA de Morrison, Porter donnait l'impression de vouloir dessiner en mode Jack Kirby, des dessins débordant de mouvement et d'énergie.
SupprimerA la fin des années 2010, il revient effectivement aux comics avec Scooby Apocalypse, Justice League 3000, tous les deux écrits par DeMatteis & Giffen, donc forcément je les ai lus.