mercredi 10 février 2021

Superman, l'homme de demain (tome 1) : "Ulysse" (Urban Comics ; novembre 2015)

"Ulysse" est un album format 17,5 × 26,5 cm à couverture cartonnée, d'environ deux cent trente planches, sorti dans la collection "DC Renaissance" d'Urban Comics en novembre 2015. Ce livre inclut les versions françaises des #32-40 du volume 3 de "Superman", celui de la "Renaissance DC" ("The New 52"), démarche prise par DC Comics en 2011 pour rafraîchir son univers. En VO, les nº32-38 (août 2014 à avril 2015) forment un arc intitulé "The Men of Tomorrow" ; curieusement, l'éditeur français, Urban Comics, en a fait une série distincte, "Superman, l'homme de demain", dont il s'agit ici du premier volume. Les #39 et 40 sont des histoires courtes, qui s'inscrivent dans cette continuité et en suivent la chronologie. 
Les scénarios de tous ces numéros sont écrits par Geoff Johns, l'un des scénaristes majeurs de ces vingt dernières années chez DC Comics, et qui avait laissé son empreinte sur le personnage entre 2006 à 2010. John Romita Jr. illustre les six chapitres. L'encrage est confié à Klaus Janson. La mise en couleur, enfin, est composée principalement par Laura Martin, mais aussi par Ulises Arreola, Daniel Brown, Wil Quintana, le studio Hi-Fi Design et Dean White

État du Nebraska, quatre kilomètres et demi sous la ville d'Omaha, il y a vingt-cinq ans... Les meilleurs chercheurs de la Terre ont quitté leur emploi - plusieurs travaillaient pour l'armée - pour rejoindre Ulysse, un centre de recherche. Ils partageaient le même rêve : celui de meilleurs lendemains. Et tous étaient conscients des risques. À l'intérieur du complexe, l'alarme retentit : une voix annonce qu'une "fuite nocive de catégorie cinq a été signalée". Tous les membres du personnel courent dans la même direction et se ruent vers les issues de secours. Un second message précise qu'il y a une brèche dans la dimension deux et ajoute qu'il ne s'agit pas d'un exercice. Peter et Bridget - deux trentenaires - font partie des effectifs ; il porte une valise et elle un couffin. Tous deux regrettent d'être venus là. Ils s'arrêtent devant une double porte... 

Superman : un personnage qui aura bien souffert, pendant cette "Renaissance DC", que ce soit dans "Superman" - la série éponyme - ou dans "Action Comics", malgré la présence de Grant Morrison aux commandes. Mais voilà que revient aux manettes un auteur dont le travail sur l'Homme d'acier avait été reçu de façon très favorable à l'époque : Geoff Jones. Et afin de ne pas faire les choses à moitié, le scénariste vedette s'acoquine avec un dessinateur de légende : John Romita Jr. Alors, simple coup de communication, ou les promesses de ce tandem prestigieux sont-elles tenues ? La balance penche nettement du côté de la seconde question. Ceux qui auront lu "Le Dernier Fils" - Jones encore - auront une impression immédiate de déjà-vu en découvrant un humanoïde venu d'ailleurs et dont les pouvoirs semblent aussi formidables que ceux de Superman. Mais elle prend fin très vite. Jones crée ici l'exact opposé de l'Homme d'acier : un Terrien élevé dans une autre dimension qui a cru toute sa vie que sa planète d'origine avait disparu. S'ensuit la naissance d'une amitié que Jones traite avec intelligence ; elle sera perturbée par un enjeu d'une ampleur démesurée qui dépassera complètement les protagonistes, jusqu'à une tragédie cosmique insoupçonnée et des effets secondaires inattendus sur les pouvoirs du Kryptonien. 
Romita, après plus de trente-cinq ans chez Marvel, passe chez DC au crépuscule de sa carrière ; ceux qui apprécient son travail seront conquis par la partie graphique, même si les plus belles pages de l'artiste - soixante ans à l'époque de ces numéros - sont derrière lui. Ils retrouvent tout de suite ce qui caractérise son style : ce semi-réalisme immédiatement identifiable par la forme des visages, des yeux, ou des bouches ; la transcription du mouvement, de la puissance, et de la vitesse ; et ce sens de la composition spectaculaire. Mais le fini est moins net, et les proportions anatomiques sont parfois insolites. Janson est un encreur expérimenté, bien que lui aussi en fin de carrière (soixante-trois ans au moment de cet arc). Dans l'ensemble, le résultat est convaincant, mais l'application systématique de multiples hachures - pour représenter les zones d'ombre - ne produit pas toujours le meilleur effet. Enfin, la mise en couleur, globalement satisfaisante, crée les contrastes attendus. 
La traduction a été confiée au Marmandais Laurent Queyssidu studio bordelais MAKMA. Elle est tout à fait honorable. Notons quand même trois fautes de mode (entre futur simple et conditionnel), ainsi qu'un anglicisme dans l'éditorial : "en charge de"

"Ulysse" est une aventure souvent captivante et émouvante de Superman, qui se lit avec plaisir, et sans qu'il soit nécessaire de connaître les épisodes précédents. L'arc permet de rendre justice à cette icône que la "Renaissance DC" a parfois malmenée. 

Mon verdict : ★★★★☆ 

Barbüz
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2 commentaires:

  1. Je n'ai pas lu ces épisodes, trop démotivé par le début de New 52 (il faut encore que je termine les épisodes de Morrison) : je découvre donc ton article avec plaisir, me permettant d'entrevoir ce territoire où je n'ai pas souhaité m'aventurer.

    J'en ressors avec une bonne impression, en me disant que si un jour je suis en manque d'homme d'acier, je pourrais toujours me rabattre vers cette histoire.

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    1. J'avais lu les premiers épisodes du "Superman" des "New 52" dans "Superman Saga" ; terrible déception, mais pas autant que ce qu'avait écrit Morrison.
      Ces épisodes sont donc, à mon avis, ce qui a été écrit de meilleur sur Supes lors de cette fameuse "Renaissance DC". Il y a un second et dernier tome que je dois encore lire.

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