"Origines secrètes" est le sixième et donc le dernier des six tomes de la quasi-intégrale consacrée par Urban Comics à la période de Geoff Johns sur le personnage de Superman. Au sommaire, la version française de l'intégralité de "Superman: Secret Origins", une minisérie en six chapitres, publiée - en VO - de novembre 2009 à décembre 2010. Publié dans la collection DC Signatures de l'éditeur en juillet 2015, ce volume au format 17,5 × 26,5 cm et à couverture cartonnée compte deux cent dix planches environ, sans inclure les neuf pages de couvertures alternatives en bonus.
Johns a donc écrit les scénarios. Le Britannique Gary Frank illustre les six numéros qui constituent cette histoire. Son travail est encré par Jon Sibal avec une mise en couleur par Brad Anderson.
Le jeune Clark Kent joue au football américain avec quelques camarades. Son quarterback interrompt sa rêverie : il lui ordonne de bouger afin qu'il puisse jouer sur lui. Clark se met à courir, suit des yeux le ballon qui lui est envoyé, et le capte sans bavure, lui-même surpris par son adresse. Son ami Pete Ross fonce sur lui, et lui lance un défi : si son équipe gagne, Clark lui cèdera ses desserts de la semaine. Clark rétorque que Pete se chargera de ses corvées si la sienne l'emporte. Celui-ci songe à la tourte aux pommes de madame Kent en se précipitant sur son copain, qui serre la balle avec détermination. C'est le choc ! Un craquement sinistre retentit et les deux garçons tombent à terre. Ross pousse un hurlement de douleur en tenant son bras. Leurs camarades accourent et s'enquièrent de ce qui s'est produit. Kent, inquiet, se penche sur son camarade, non sans voir que le ballon de cuir, sous l'impact, s'est entièrement dégonflé. Quelques instants plus tard, une ambulance arrive sur les lieux. Pete Ross repart avec son bras en écharpe. Les parents reviennent chercher leurs fils ; parmi eux, Jonathan, le père adoptif de Clark, à qui son garçon avait affirmé qu'il irait étudier à la bibliothèque après son cours...
Des origines, encore des origines, toujours des origines. D'aucuns croiront qu'il devient difficile de trouver de bons récits de Superman à l'exception des origines - et de sa mort -, ce qui n'est pas tout à fait faux. L'omniprésent Johns applique ici la recette qu'il a déjà utilisée pour d'autres franchises dont "Green Lantern" : condenser les moments-clés de la vie d'un super-héros - depuis ses débuts - en quelques chapitres. Au sommaire de cet album, l'enfance compliquée de Clark à cause de pouvoirs non maîtrisés ; ses premières amours, avec Lana Lang ; les visiteurs de la Légion des Superhéros et la découverte du XXXe siècle ; la rencontre et la tentative d'amitié avec Lex Luthor ; le départ pour Metropolis, l'embauche au Daily Planet, Lois et Jimmy ; et les combats contre ses deux premiers super-vilains, le Parasite et Metallo. Johns maîtrise habilement sa narration ; les événements s'enchaînent rapidement, mais sans heurt ni friction - à l'exception du trou béant du passage de l'adolescence à l'âge adulte - un vide classique dans les récits super-héroïques. Malheureusement, le goût de réchauffé est trop prononcé, sans oublier les autres défauts. Dans les dialogues puérils, d'abord - la grande faiblesse de Johns -, dans lesquels deux antagonistes répètent bêtement l'inverse de ce que dit l'autre avec la provocation pour unique but. Des lacunes dans les caractérisations, aussi : Luthor repousse les limites du cynisme ; John Corben est un véritable sadique ; le général Samuel Lane est un type glacial qui n'éprouve aucun intérêt pour sa progéniture ; Lois Lane prend des risques invraisemblables, est nulle en orthographe (comment a-t-elle pu devenir journaliste ?) et affiche des goûts vestimentaires franchement déplorables et douteux, qui ne rendent pas justice à sa beauté ; Jimmy Olsen est d'une gentillesse désarmante ; quant à Clark Kent, il paraît décidément trop naïf en tant qu'alter ego pour être crédible. Un aspect intéressant est le traitement réservé à Metropolis : ville sale aux habitants égoïstes avant l'arrivée de Superman. La partie graphique est satisfaisante. Le trait réaliste de Frank est idéal, mais ses sourires sont crispés, et ses visages féminins se ressemblent beaucoup. Son découpage est clair. La minutie de l'artiste est évidente.
La traduction de Thomas Davier, qui est - à mon avis - l'un des meilleurs professionnels du circuit. Irréprochable, son texte ne comprend ni faute ni coquille sauf erreur de ma part. Peut-être un choix discutable : "étrange" pour "étranger" (en page 167).
"Origines secrètes" clôt donc le passage de Geoff Johns sur le personnage de Superman. Avec le recul, il s'agit d'un titre globalement moyen, qui ne comporte que deux volets, le premier et le cinquième, qui sont aisément plus captivants que les autres.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Oulah, ça fait mal comme note. A l'époque, j'avais bien aimé cette capacité de reprendre l'essentiel des origines de Superman, avec les dessins toujours soignés de Gary Frank.
RépondreSupprimerMais comme tu le dis : des origines, encore des origines, toujours des origines. En fait le récit m'a bien plu par rapport à d'autres récits d'origine de Superman qui ne m'avaient pas entrainé. Je pense par exemple à Birthright réalisé par Mark Waid & Leinil Yu.
J'avais déjà lu les deux tomes Panini Comics, sortis en 2011. Déjà là, je n'avais pas été entièrement convaincu. Ça n'a pas changé avec le recul, sauf que je préfère la première partie à la seconde, que je trouve trop convenue.
SupprimerPersonnellement, j'ai préféré "Birthright" ; mais peu importe, en fin de compte. À quelques rares exceptions près, dont "La Mort de Superman", tous les grands récits avec Superman évoquent les origines et j'aimerais lire autre chose. J'avais trouvé que les épisodes des "New 52" étaient calamiteux ; je ne sais pas qu'attendre du "Rebirth", dont je n'ai encore rien lu.