Publié en janvier 2010, ce huitième volume de l'intégrale que Panini Comics France consacre aux Quatre Fantastiques comprend les versions françaises des #82-93 - janvier à décembre 1969 - de la série "Fantastic Four". Pas d'annuel : celui de cette année-là est une réédition d'histoires des deux premiers annuels, 1963 et 1964. Cet ouvrage - format 17,7 × 26,8 centimètres, couverture cartonnée, et jaquette amovible - renferme approximativement deux cent quarante pages en couleurs, sans inclure là les douze pages bonus en fin de recueil (couvertures de la série régulière).
Stan Lee (1922-2018) coécrit les scénarios avec Jack Kirby (1917-1994). Le "King" est le dessinateur attitré. Son travail est encré par Joe Sinnott (1926-2020) - l'un de ses collaborateurs fétiches - sauf celui du #93, par Frank Giacoia (1924-1988). Aucun crédit à propos de la mise en couleur : une pratique usuelle à l'époque.
Stan Lee (1922-2018) coécrit les scénarios avec Jack Kirby (1917-1994). Le "King" est le dessinateur attitré. Son travail est encré par Joe Sinnott (1926-2020) - l'un de ses collaborateurs fétiches - sauf celui du #93, par Frank Giacoia (1924-1988). Aucun crédit à propos de la mise en couleur : une pratique usuelle à l'époque.
À l'issue du tome précédent, les Quatre Fantastiques et Crystal défont le Sorcier, qui réussit à fuir, néanmoins. Reed confirme la fougueuse Inhumaine comme membre de l'équipe à part entière.
Crystal annonce son départ à Reed. Richards est surpris. Ben Grimm plaisante : le salaire doit être plus élevé chez les Vengeurs. La jeune femme les rassure : elle ne rentre chez elle que pour obtenir l'autorisation officielle de son souverain. Richards réalise que Crystal est encore mineure. La Chose craint un veto de Flèche noire, mais l'Inhumaine refuse de songer à cette éventualité. Tandis que Richards réfléchit déjà aux aspects logistiques, Grimm s'inquiète pour Johnny : quelle va être sa réaction ? C'est à ce moment que la Torche fait irruption dans la pièce et les supplie de le suivre à la réserve sans attendre, car il s'y produit quelque chose : en effet, un "flash intermittent" vibrant d'une énergie "non identifiée", accompagné d'un grondement. Crystal comprend immédiatement de quoi - ou plutôt de qui il s'agit : Gueule d'or !...
La production de l'année 1969 étant de qualité supérieure, il est regrettable qu'un annuel inédit n'ait pas été réalisé en parallèle aux numéros de la série régulière. Les Inhumains reviennent - ils avaient déserté le volume précédent - dans un récit en deux épisodes où Maximus, assoiffé de pouvoir, aspire à asservir les Terriens. C'est un classique - une prise de pouvoir par un usurpateur tyrannique - dans lequel les Fantastiques aident le monarque spolié et bienaimé à retrouver son trône. Notre équipe est ensuite envoyée en Latvérie par le SHIELD. Richards et ses compagnons passent ainsi de Maximus au docteur Fatalis, d'un despote à l'autre. Lee et Kirby dépeignent le quotidien des habitants de ce micro-État régi par une main de fer dans un gant d'acier. Ils créent un contraste inventif entre science-fiction et technologie d'un côté et atmosphère médiévale (maisons à colombages, château fort, monarchie absolue) de l'autre. L'allégorie au totalitarisme est évidente ; l'occasion de rappeler que les Fantastiques défendent aussi la liberté et les opprimés. C'est l'un des sommets de l'année, malgré ses longueurs et sa fin expédiée. L'arc suivant les oppose à l'Homme-Taupe dans une variation remarquable sur le thème de la maison hantée où Kirby peut laisser libre cours à son imagination. Enfin, les auteurs évoquent le sacrifice des gladiateurs pour le plaisir d'une élite immature, dévoyée, et corrompue et l'amitié dans l'adversité ; d'aucuns, néanmoins, trouveront que prohibition et science-fiction se marient mal. Bien qu'elle soit utilisée comme deus ex machina à un moment critique, Jane/Sue (la jeune mère pouponne) est peu présente ; le lecteur s'interrogera sur la manière dont elle réintégrera le groupe de façon permanente, et ce qu'il adviendra de Crystal. Globalement, si Lee et Kirby n'évitent quelques longueurs - tout à fait supportables - dans leur narration çà et là, il faut admettre que tout cela s'enchaîne sans temps mort et que ces épisodes sont généralement passionnants.
Le "King" et son associé Sinnott composent là certaines des plus belles planches de la série depuis le lancement ; et si Sinnott n'encre pas le dernier numéro, n'oublions pas que Giacoia n'est pas n'importe qui. Fracas, mouvement, énergie, vigueur, et vie : tout Kirby est ici et bien plus encore. L'armure royale de Maximus, par exemple, est éblouissante, presque aveuglante. Les portraits de Fatalis sont saisissants, surtout de par l'expressivité du masque. Les divers engins et machines sont étonnants et très détaillés. Le niveau de soin des arrière-plans, des décors, et des tenues vestimentaires est vraiment satisfaisant. Kirby recourt au collage dans le #89. Il y a là des pleines pages extraordinaires, ainsi qu'une superbe variété dans les perspectives et les plans. Belle contribution de l'équipe de reconstruction à la colorisation.
La traduction a été confiée à Geneviève Coulomb, comme dans les volumes précédents. En vrac, notons une négation largement rudoyée, un faux-sens ("pouvoir" pour "puissance"), ou une onomatopée ("kof") non traduite ; mais il y a de bonnes choses.
"Fantastic Four", en 1969, est une série qui offre des arcs souvent captivants, qui sont servis par une partie graphique particulièrement aboutie ; c'est aussi la dernière année complète que le "King" œuvre sur le titre. Une page s'apprête à être tournée.
Mon verdict : ★★★★★
Barbüz
Copyright © 2014 Les BD de Barbüz
C'est sûr qu'avec un tel commentaire, je mets ces épisodes sur la liste à lire… une fois que j'aurai épuisé mes réserves en Kirby.
RépondreSupprimerLe King et son associé Sinnott composent là certaines des plus belles planches de la série depuis le lancement : carrément ! Dans la foulée, il a dû réaliser la demi-douzaine d'épisodes des Inhumans dans le mensuel Amazing Adventures en 1970. Une autre piste de lecture supplémentaire pour moi. :)
Je remarque que l'appréciation sur la traduction de Geneviève Coulomb est plutôt positive. Je ne connais son travail que par intermédiaire, les commentaires innombrables sur son usage de termes argotiques français.
J'ai sans doute été un poil généreux avec la note, mais je l'assume entièrement, car la qualité de la partie graphique est telle que pour moi elle compense les toutes petites faiblesses de l'écriture.
SupprimerUn poil généreux avec la note : ça ne me choque pas car j'utilise les notes pour mon ressenti, plutôt que pour les qualités techniques.
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