Le deuxième album de la série qu'Urban Comics a consacrée à la Suicide Squad "2.0" est sorti en août 2017 dans la collection "DC Archives" de l'éditeur. Cet ouvrage relié, de dimensions 19,0 × 28,5 cm, comprend un tout petit peu plus de cinq cents planches - couvertures originales incluses. Au sommaire, les versions françaises des "Suicide Squad" (volume 1) #17-30 (de septembre 1988 à juin 1989), du "Suicide Squad Annual" #1 (décembre 1988), des "Checkmate" (volume 1) #15-18 (mai à juin 1989), du "Manhunter" #14 (juin 1989), et du "Firestorm" (vol. 2) #86 (idem : juin 1989).
Les "Suicide Squad" sont écrits par John Ostrander, parfois avec l'aide de son épouse Kim Yale (1953-1997). Au dessin, on retrouve principalement Luke McDonnell et Karl Kesel. Grant Miehm et John K. Snyder III sont suppléants pour deux ou trois épisodes. Bob Lewis et Pablo Marcos se partagent l'encrage. Graham Nolan se charge de l'annuel ; ses planches sont encrées par Tim Dzon. Carl Gafford compose la mise en couleurs. Les "Checkmate" sont écrits par Paul Kupperberg, dessinés par Steve Erwin ou Rick Hoberg, encrés par Al Vey, mis en couleurs par Julianna Ferriter. Le "Manhunter" est scénarisé par Ostrander et Yale (encore), dessiné par Doug Rice, encré par Marcos, et mis en couleurs par Ferriter. Enfin Ostrander écrit aussi le "Firestorm" ; le numéro est dessiné et encré par Tom Mandrake, et mis en couleurs par Nansi Hoolahan.
Précédemment, dans "Les Archives de la Suicide Squad" : Flag abat le Dr ZZ, un renégat métanien. Wizor veut arrêter Rac Shade. Rick Flag enrôle Shade dans la Suicide Squad pour l'en empêcher.
New York City, en journée ; à la gare de Grand Central Terminal, un homme accoste une fillette d'une dizaine d'années qui paraît perdue. A-t-elle besoin d'aide ? Un passant le bouscule. Il exige des excuses, mais l'autre refuse ; le ton monte vite ! La situation dégénère. Elle finit en bagarre générale devant la gamine hilare...
Cela commence avec un second round entre la Suicide Squad et Djihad, ce qui n'est pas pour déplaire au lecteur, car le premier (tome un) était réussi. Bien pensés, les duels sont la force de cet arc court. Les auteurs développent une intrigue secondaire amorcée précédemment (un chantage sur Amanda Waller), avant de lever le voile sur l'énigmatique organisation Argent : deux numéros (dont l'annuel) intéressants, qui évoquent tensions politiques et conflits d'intérêts. Le complément de l'annuel est un joyau centré sur Waller, dont il souligne la pugnacité, le tempérament d'acier, et la force de conviction ; le lecteur adorera la détester, puis détestera l'adorer. C'est ensuite Captain Boomerang qui est la vedette d'un épisode mi-figue, mi-raisin qui allège l'atmosphère. Il est parfait dans ce rôle de petite frappe menteuse, tricheuse, et mesquine. Entre le langage fleuri de Waller, les attitudes infantiles de certains membres, et un mystérieux entarteur qui sévit au fil des numéros, l'humour n'est pas absent. Tant mieux, parce que la tragédie reprend ses droits de façon inattendue, la rétention d'informations ayant des conséquences meurtrières. S'ensuit une mission peu intéressante, qui justifie les opérations américaines sur sol étranger, avant la conclusion surprenante et dramatique du combat de la Suicide Squad contre Djihad ; totalement suicidaire, Flag y incarne la philosophie de l'équipe à lui seul. Le plat de résistance c'est "La Directive Janus" ("Janus Directive"), "cross-over" en dix parties, dans lequel Ostrander et Cie portent à un paroxysme les rivalités entre agences secrètes. Au sommaire (dans le respect du cahier des charges propre au genre), pour le meilleur et pour le pire : soupçons, quiproquos, infiltrations, menace sur l'humanité, bagarres, et batailles rangées. Le meilleur, c'est ce ton globalement uniforme, un bon suspense, et le réalisme (il y a quelques morts), même relatif ; le pire c'est la foultitude de protagonistes, la primauté de l'action sur une dimension psychologique en sourdine (Deadshot, Flag... ; même Waller finit par passer au second plan), et les ellipses faciles, sans oublier la ringardise consommée de Kobra et ses sbires.
La partie graphique jouit d'une certaine homogénéité. Il y a des différences entre les traits des nombreux artistes, mais elles ne sont pas excessivement marquées. Les dessinateurs s'en sortent tous honorablement, sans qu'aucun parvienne à se distinguer des autres par la qualité de son travail. McDonnell soigne les visages (surtout les gros plans) et leur expressivité autant qu'il néglige les arrière-plans. Miehm et Snyder offrent une densité de détail plus élevée, mais les postures sont plus figées, et il y a parfois plus de raideur, chez l'un comme chez l'autre. Erwin, Rice, et Mandrake s'en sortent avec les honneurs (surtout le premier). Hoberg est peut-être en dessous (l'énorme pansement sur la chevelure d'Eiling). Difficile d'évaluer l'encrage, mais les finitions sont perfectibles. La mise en couleurs gagnerait à être retravaillée.
La traduction est de Mathieu Auverdin. Elle tient la route malgré un doute concernant un mode, un faux-sens ("officier" pour "agent") et une onomatopée non traduite.
Novateurs à la fin des années quatre-vingt, ces épisodes de la première période éditoriale de "Suicide Squad" ont assez mal vieilli, autant dans la narration que dans la partie graphique. Cela n'enlève rien aux bons moments que l'on passe à leur lecture.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Suicide Squad, Checkmate, Force de juillet, Projet Atome, Projet Pacification, Amanda Waller, Rick Flag, Deadshot, DC Comics, Urban Comics
Il ne m'a fallu attendre longtemps pour retrouver Amanda Waller. 😄
RépondreSupprimerLa ringardise consommée de Kobra et ses sbires : je me souviens de cette déception en découvrant cet ennemi générique, organisation préfabriquée tout juste bonne à combattre GI Joe et son équipe, avec des costumes ridicules.
Ce tome VF regroupe deux tomes VO. Pour le tome 3, j'avais retrouvé avec plaisir cet assemblage de criminels pas tous très bien dans leur tête, chacun avec une personnalité différente. J'avais apprécié l'inventivité de John Ostrander pour inventer des conflits qui justifie l'existence de cet Escadron et qui fait ressortir leur divergence d'intérêt. Très amusant de voir Amanda Waller tenir la dragée haute à tous ces individus trop sûrs d'eux grâce à leurs superpouvoirs. Les dessins de Luke McDonnell : ils ont le gros avantage de ne pas emprunter à l'esthétique qui prévaut dans les comics de superhéros bon teint, même s'ils sont parfois trop simplistes en ce qui concerne les décors. Des missions inventives et tordues, même si le scénariste doit fournir de gros efforts pour cacher le fait que le succès de la série entraîne sa pérennité, et donc une vie plus longue des personnages, ce qui va à l'encontre du principe même d'une escadre d'individus sacrifiables.
https://www.babelio.com/livres/Ostrander-Suicide-Squad-tome-3--Rogues/895872/critiques/1191107
Le tome 4 : les 11 épisodes de Janus Directive - Au final, cette histoire de grande ampleur repose sur une mécanique bien huilée, mais pesante, plombant le rythme de la narration, empêchant toute expression du caractère des personnages, et n'arrivant pas à se libérer d'une trop grande inertie. - Un avis très similaire au tien.
https://www.babelio.com/livres/Ostrander-Suicide-Squad-tome-4--The-Janus-Directive/899673/critiques/1201056
Pour le moment, cette série - que beaucoup portent pourtant au pinacle - me laisse sur ma faim ; mais j'ai suffisamment apprécié ce "cross-over" de "La Directive Janus" et les autres épisodes (surtout les autres épisodes ; je n'aime pas trop les "cross-over", en fait) pour m'attaquer à la suite lorsque le moment sera venu.
SupprimerA l'époque de la parution mensuelle, j'avais abandonné la lecture de cette série.En y revenant en recueil, je n'ai pas poursuivi au-delà non plus. Je découvrirai donc la suite par tes articles.
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