Paru en mars 2005, le huitième volume de la première série intégrale que Panini Comics France consacre à Spider-Man - il y en a deux autres, "Spider-Man Team-Up" et "Spectacular Spider-Man" ; trois si l'on ajoute "Web of Spider-Man" - comprend les versions françaises des "Amazing Spider-Man" #80-91 (de janvier à décembre 1970). En fin d'ouvrage : dix-huit présentations d'ennemis de Spider-Man, des fiches tirées des "Spider-Man Annual" #1 (octobre 1964) et #2 (octobre 1965). Cet album (dimensions 17,7 × 26,8 cm, avec couverture cartonnée et une jaquette plastifiée amovible) compte approximativement deux cent trente-cinq planches, toutes en couleurs. Les couvertures des épisodes sont reléguées en fin de tome en guise de bonus. C'est la troisième édition.
Stan Lee (1922-2018) écrit tous les épisodes ; parfois avec le concours de John Romita Sr. Ce dernier reprend le crayon après que John Buscema (1927-2002) a produit les deux premiers numéros. Buscema et Romita réalisent les #84-85 ensemble, puis Gil Kane (1926-2000) s'installe pour plusieurs numéros. Jim Mooney (1919-2008) est l'encreur principal ; Romita Sr. et Mike Esposito (1927-2010) participent également à l'effort. Aucun coloriste n'a son nom crédité ici : c'est une pratique habituelle à cette époque.
Précédemment, dans "Amazing Spider-Man" : le Rôdeur acculé est capturé par Spider-Man, qui le démasque et découvre un Afro-Américain de son âge. Après avoir écouté son histoire, Spider-Man décide de le laisser partir et l'incite à ranger son costume.
Dans son laboratoire, Peter Parker, furax, est toujours sous le choc de la vision de Gwen Stacy et Flash Thompson buvant un café ensemble, au Coffee Pot ; il préfère se changer les idées en améliorant des équipements de son costume de Spider-Man, lorsqu'il est interrompu en pleine tâche. C'est Harry Osborn qui vient d'entrer dans leur appartement et qui l'appelle ; Peter répondu qu'il est occupé. Harry est justement accompagné de Flash Thompson. À la vue de celui-ci, Pete voit rouge. Il attrape le militaire par son colback, lorsque Flash explique que Gwen s'inquiète de cette manie qu'a Peter de disparaître lors des moments critiques...
Voici un chapelet d'épisodes plus bancal que d'autres, bien que cela n'ôte rien à la qualité de l'ensemble ; en effet, soyons conscients du niveau général de la série, qui reste élevé. Il n'en demeure pas moins qu'il est ardu de se réinventer en permanence, et de continuer sur la lancée novatrice que connaît "Amazing Spider-Man" depuis ses débuts. En réutilisant le Caméléon et Electro, Lee et Romita Sr. ne rechignent pas à recycler et piochent dans le vivier existant. Le Kangourou, lui, n'a pas l'aura de ses confrères, mais sa personnalité fruste de prolétaire du crime sonne suffisamment juste pour lui éviter le ridicule. Le Caïd est toujours sur le devant de la scène, ici dans un scénario à l'atmosphère baroque, digne d'un opéra ou d'une tragédie antique, mais qui pâtit d'invraisemblances majeures. Malgré des éléments explicatifs, rien de réaliste ne justifie l'excellence technologique et organisationnelle que le Conspirateur (en VO, "Schemer") a développée en si peu de temps. En revanche, l'épilogue de cet arc en trois numéros est phénoménal et inattendu ! Ces pages sont ensuite témoin de la recréation de l'un des personnages féminins les plus sexy que les comics (tous éditeurs confondus) aient jamais inventés : la Veuve noire 2.0. Seulement voilà, son intervention n'est pas exploitée davantage et il n'y a pas de suite immédiate. La seconde moitié de l'année est plus passionnante. D'abord, la grippe s'invite, elle malmène Spider-Man autant qu'un super-méchant de premier plan. Vicieuse, elle le pousse à l'impensable : tomber le masque, et ruiner ainsi tous les efforts de préservation de son identité secrète, mais aussi exposer ses proches. Le suspense est à son comble, mais cela n'est rien à côté du clou du spectacle, un arc en quatre parties avec le docteur Octopus. Plus que jamais, c'est pour Pete Parker la fin de l'innocence et de l'ingénuité. Systématiquement humiliés, les ennemis de Spider-Man ont monté en gamme, gagné en férocité, et ne prennent plus les choses à la légère ; en toute logique, les combats entre le Tisseur et les super-criminels ne peuvent que faire des victimes collatérales ; c'est ce qui se passe ici, et dans la douleur. Captivant !
La partie graphique est l'un des points forts du titre. Il faut reconnaître qu'il accueille une superbe réunion de talents : Romita Sr., Buscema l'aîné, et Kane, désormais. Tout y est impeccable : les planches sont animées par un irrésistible sens du mouvement, la limpidité du découpage permet au lecteur d'enchaîner les planches sans la moindre friction, l'expressivité des personnages est largement satisfaisante, la densité de détail est honorable (certes, il n'en faudrait pas moins) et les dessinateurs se font plaisir en variant les angles de prises de vues et l'utilisation de la perspective pour obtenir ce rendu spectaculaire qui participe à l'identité de la série tout comme ces vues des rues et des bâtiments new-yorkais. Seule la mise en couleurs pâlotte semble avoir souffert des outrages du temps ; est-ce un problème d'impression ?
Traduction de Geneviève Coulomb : on a vu pire. Pourquoi "Coffee Bean" au lieu de "Coffee Pot" ? Cristiano Grassi se prend pour Lee : attention, cartouches blagueurs !
En 1970, la dramaturgie du titre "Amazing Spider-Man" monte d'un cran dans le tragique. Cela et la tension permanente inhérente aux aventures de Parker aideront les lecteurs exigeants à ignorer ces invraisemblances, ainsi que ces quelques nouveaux personnages en dessous de ce à quoi les équipes artistiques nous ont habitués.
Mon verdict : ★★★★☆
Barbüz
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Spider-Man, Le Caméléon, Le Kangourou, Electro, Le Caïd, Le Conspirateur, La Veuve noire, Black Widow, Doctor Octopus, Dr Octopus, New York, Marvel Comics, Panini Comics
Par rapport au tome précédent, j'ai lu plusieurs épisodes : celui avec Kangourou et bien sûr la confrontation avec Octopus avec le décès qui s'en suit, une partie avec la grippe, mais je ne me souviens plus de la 1ère apparition de la Veuve Noire 2.0.
RépondreSupprimerJe n'ai pas gardé grand souvenir de la partie graphique, ce qui montre que je n'étais pas très attentif à l'époque où je les ai lus (c'était au siècle dernier), sauf pour les postures et les expressions de visage dessinées par Gil Kane qui détonnaient par rapport aux autres dessinateurs.
Ces vues des rues et des bâtiments new-yorkais : je me souviens avoir lu que les responsables éditoriaux fournissaient aux artistes, des photographies de toits de New York pour servir de référence.
Le numéro avec la Veuve noire (c'est le #86) m'a fait l'effet d'un authentique pétard mouillé. La belle partagera ensuite l'affiche de la revue "Amazing Adventures" avec les Inhumains ; ces épisodes seront repris dans l'intégrale 1971 de "Daredevil".
RépondreSupprimerJ'attends maintenant le volume consacré à 1973 et la mort de Gwen Stacy.