mercredi 17 mai 2023

"Iron Man" : L'Intégrale 1978-1979 (Panini Comics ; octobre 2021)

Sorti en octobre 2021, le douzième tome de l'intégrale que Panini Comics France consacre au personnage d'Iron Man contient les versions françaises de seize numéros de la série "Iron Man", du #113, d'août 1978, au 128 de novembre 1979, ainsi que le "Marvel Premiere" #44 d'octobre 1978, centré sur le Valet de cœur ("Jack of Hearts" en VO). Cet ouvrage (de dimensions 17,7 × 26,7 cm, avec couverture cartonnée et jaquette amovible) comprend environ deux cent quatre-vingt-dix planches, toutes en couleurs. 
Bill Mantlo écrit les trois premiers numéros avant que David Michelinie lui succède ; une des particularités de Michelinie est qu'il élabore ses scénarios avec l'aide de Bob Layton, qui est aussi encreur. Herb Trimpe (1939-2015), Keith Pollard, et Keith Giffen se partagent les dessins des deux premiers numéros puis laissent le poste à John Romita Jr., qui devient l'artiste attitré de la série, mais John Byrne et Carmine Infantino (1925-2013) réalisent un numéro chacun. Outre Layton, Josef Rubinstein, Bruce Patterson, Dan Green, Bob McLeod et Bob Wiacek sont les autres encreurs. Du côté des coloristes : Phil Rachelson, Ben Sean, Don Warfield, George Roussos (1915-2000), Glynis Wein (Oliver), Carl Gafford et Bob Sharen se sont réparti le travail. Pour terminer, le "Marvel Premiere" est écrit par Mantlo, crayonné par Giffen, embelli par Rudy Nebres et mis en couleurs par Roger Slifer (1954-2015). 

Précédemment, dans "Iron Man" : Après un combat titanesque, Iron Man vient à bout du Punisseur. L'Enregistreur intervient pour mettre fin à la bataille entre Rigelliens et chevaliers de Wundagore, ainsi qu'aux plans de conquête du commandant Arcturus
Le siège social de Stark International, par une journée ensoleillée. Accompagné par Madame Masque, le Valet de cœur et Jasper Sitwell, du SHIELD, Tony Stark s'adresse à la presse depuis une tribune. Il souhaite la bienvenue aux journalistes venus découvrir le nouveau site de son groupe industriel. Le complexe est remarquable : une usine automatisée, un centre de R&D, une centrale de conversion solaire, des logements, un transport express par monorail et un aéroport - entre autres installations modernes... 

Mantlo avait déjà écrit d'excellents numéros, mais c'est véritablement avec Michelinie et Layton que la série décolle. Stark, ici, est autant exposé en tant qu'industriel qu'Iron Man en tant que super-héros. Sérieusement malmené, l'homme est attaqué sur tous les fronts : physique, sentimental, professionnel, psychologique. Physique : Stark est victime de trois tentatives de meurtre. Nombreux, ses ennemis veulent en découdre ; à l'image de Spymaster, l'armure ne les impressionne pas toujours. Cela n'est peut-être que perception, mais Iron Man est plus agressif : le voir dérouiller les Ani-Men ou la triplette composée du FondeurBlizzard et Whiplash est jubilatoire. Le Vengeur doré est également plus fort : il fait presque jeu égal avec Namor. Pour compenser cette montée en puissance, les auteurs appliquent le principe du double tranchant à l'armure, sans qui il ne serait pas Iron Man. Moins infaillible que jamais, la voici qui peut être piratée et victime de bogues ; elle est ainsi retournée contre lui. Sentimental : Madame Masque rompt avec lui (les auteurs font table rase, ils veulent du neuf, Rhodey et Bethany Cabe remplacent Pepper et Happy). Stark l'oublie vite et Bethany Cabe s'invite dans sa vie. Professionnel : Stark International est la cible de bien des convoitises, et pas seulement de celles de ses concurrents. C'est ici qu'est créé le personnage de Justin Hammer. Enfin, psychologique. La descente aux enfers prend une autre dimension avec l'alcoolisme, dont l'introduction est amenée sournoisement et insidieusement. Ajoutons que l'image publique d'Iron Man est sérieusement écornée ; comme l'image privée de Stark, dont certains fidèles choisissent de se détourner. Oui, il y a des touches d'humour inopportun çà et là. Oui, il y a des raccourcis narratifs, comme la facilité et la rapidité avec laquelle Cabe entre dans le cercle des intimes de Stark. Oui, il y a des invraisemblances plus ou moins acceptables (Iron Man restant en liberté après le drame du #124). Mais cet Iron Man est le plus passionnant depuis son lancement, et le plaisir à la (re)découverte de ces numéros - rythmés, énergiques, généreux en action et en surprises - est authentique. 
La préface de Cristiano Grassi rappelle que l'Iron Man de Romita Jr. est souvent considéré comme définitif. C'est vrai (en toute subjectivité) : il s'agit là du plus bel Iron Man jamais dessiné, dans son armure la plus emblématique. Il est parfait, aussi iconique que classique. Soutenu par un encreur qui croit peut-être en ce personnage-là plus que d'autres artistes, Romita creuse aisément l'écart qualitatif avec les collègues, bien que son style soit encore loin d'avoir atteint sa maturité ; le contraste avec Trimpe, par exemple, est rude. Lisibilité de l'action, science du découpage, dosage du détail, régularité supérieure du trait, un heaume expressif comme jamais, et de magnifiques couvertures ! Les coloristes sont peu attentifs, en revanche : Cabe n'a pas moins de trois couleurs d'yeux différentes (il est spécifié qu'ils sont noisette). 
Traduction de Laurence Belingard : une faute d'accentuation, deux d'accord, une de conjugaison, une onomatopée non traduite ("sigh"), et deux références sans notes.

Ce chapelet d'épisodes pleins de punch constitue une superbe évolution qualitative, qui avait déjà été amorcée par Mantlo. Michelinie, Layton et Romita Jr. continuent à tirer ce titre vers le haut, et écrivent certaines des pages les plus magistrales consacrées à Iron Man. Le "Marvel Premiere" avec le Valet de cœur est anecdotique. 

Mon verdict : ★★★★★ 

Barbüz 
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Iron Man, Mme Masque, Ani-Men, Spymaster, Le Fondeur, Blizzard, Whiplash, Justin Hammer, David Michelinie, John Romita Jr., Bob Layton, Panini Comics

2 commentaires:

  1. Plus de deux ans d'écart entre le commentaire du précédent tome et celui-ci, toutefois ça me rajeunit tout autant. Si mes souvenirs sont bons, mon premier Strange fut le numéro 114 et il contenait l'épisode 112 d'Iron Man. Du coup, je me souviens encore de cette tranche du 113 au 128.

    Cet Iron Man est le plus passionnant depuis son lancement : ainsi donc j'ai fait connaissance avec ce personnage lors d'une époque bénie, ce dont je ne pouvais pas avoir conscience car mes possibilités d'accès à des numéros antérieurs de Strange étaient nulles et inexistantes.

    Il s'agit là du plus bel Iron Man jamais dessiné : c'est une question que je me suis souvent posée, en attribuant mon attachement à cette armure, à la nostalgie. Merci pour ce jugement de valeur venant d'un lecteur comme toi qui a le recul avec toute l'antériorité de la série.

    Le contraste avec Trimpe est rude : très rude même. Il m'aura fallu plusieurs décennies avant de pouvoir relire des pages d'Herb Trimpe sans grimacer, après avoir appris qu'il avait été une grande influence de Mike Mignola qui l'avait tiré de sa retraite pour illustrer une poignée d'épisodes de la série BPRD.

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    1. Idéalement, j'aurais mis quatre étoiles et demie, mais bon, ce code ASCII n'existe pas (encore).

      Le premier Strange dont je me souvienne fut le 112 !

      Concernant l'armure : je reviendrai sur la question lorsque je découvrirai des modèles postérieurs au fil des épisodes.

      Mignola apprécie le style de Trimpe ; exact, tu m'avais rapporté cette anecdote. J'aimerais savoir ce qui lui plaisait ; peut-être pourrais-je alors voir ses dessins d'un autre œil.

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