Sorti en septembre 2008, le deuxième numéro de l'intégrale que Panini Comics France consacre à Wolverine inclut (dans l'ordre) les versions françaises des "Wolverine" #6-19 du volume 2 (d'avril à décembre 1989) ; une sélection des couvertures figure en fin d'album, c'est celle du "Wolverine" #8 (de juin 1989) qui a été retenue pour la jaquette. Cet album relié (dimensions 17,7 × 26,8 cm, couverture cartonnée et jaquette plastifiée amovible) compte à peu près trois cent treize planches, toutes en couleurs.
Chris Claremont écrit quatre numéros puis cède la place à Peter David, qui scénarise "Le Diamant de la géhenne" ("The Gehenna Stone Affair!"), un arc en six parties ; Archie Goodwin (1937-1998) s'invite ensuite. John Buscema (1927-2002) est le dessinateur attitré. Gene Colan (1926-2011) se charge du #9 (juillet 1989), et John Byrne reprend le flambeau à l'arrivée de Goodwin. Outre Buscema et Colan, qui encrent parfois leur travail, Al Williamson (1931-2010), Klaus Janson et Bill Sienkiewicz se répartissent la tâche d'encrage. Enfin, Mark Chiarello, Gregory Wright, Mike Rockwitz et Glynis Wein/Oliver composent la mise en couleurs.
Précédemment, dans "Wolverine" : À Madripoor, Jessica Drew, Lindsay McCabe et Jessán Hoan - alias Tyger - sont accueillies par monsieur Chang, mais Bloodsport et Roughouse les retrouvent. Wolverine attaque un site de trafiquants dans le Triangle d'or.
Madripoor, au palais princier, sous la pluie : Karma, la nièce du général vietnamien Nguyen Ngoc Coy, sort un numéro de charme aux trois gardes. Elle prétend s'être perdue "par cet épouvantable orage" et que son véhicule est tombé "en panne" ; elle a donc pensé que l'un de ces gentlemen "aurait peut-être l'amabilité" de l'aider. Étonné par sa démarche, l'officier lui répond qu'elle se trouve "au palais de Son Altesse Royale le prince de Madripoor". Elle feint alors la surprise et continue à jouer son rôle de jeune femme en détresse à la recherche d'une âme charitable, sans se laisser démonter, ni par les titres ni par l'endroit. Le lieutenant finit par se dévouer ; il commande alors à ses deux hommes de rester sur place, provoquant leur insatisfaction (silencieuse)...
Ce tome est composé de trois arcs, avec deux interludes entre les épisodes de Claremont et ceux de David. Le premier arc continue l'intrigue entamée précédemment. Il a la spécificité d'accueillir un invité de marque : Hulk, alors gris et connu sous le nom de monsieur Fixit. Claremont s'éloigne de l'atmosphère de film noir du premier volet, utilise quelques-unes des conventions du buddy movie et imagine un mélange de respect mutuel et de rivalité qui convient parfaitement à ces deux personnages grincheux, qui ont chacun évolué en équipe malgré une nature plutôt solitaire ; faut-il le rappeler ? Voilà donc trois épisodes irrésistibles, plus légers, qui réussissent à conjuguer baston, humour et qualité d'écriture. Les interludes n'offrent rien d'inoubliable. Lorsque David prend le poste de scénariste, l'humour demeure, l'intelligence du texte aussi. Il en est autrement pour l'intrigue et l'atmosphère, en revanche. Le travail de David tranche avec celui de Claremont ; terminé les rivalités territoriales entre bandes des trafiquants de drogue, fini les ruelles sales et inquiétantes de Madripoor, retour à San Francisco - peut-être que David souhaitait s'éloigner de l'ombre de Claremont - pour empêcher des vampires de s'emparer d'une relique magique pour le compte de leur maître : l'entité démoniaque Ba'al-Hadad. Un arc en six parties à la qualité discutable, construit et développé de manière convenue et à la linéarité pesante : une pléthore de scènes d'action qui précèdent un affrontement final. Le méchant de l'histoire est aussitôt vu, aussitôt oublié ; néanmoins, il sera réutilisé quelques années plus tard dans "Blaze" (1994-1995), série de la franchise Ghost Rider. David déconnecte lentement, mais sûrement la série de cette atmosphère de roman noir qui lui allait si bien et "Wolverine" redevient un titre super-héroïque ordinaire (comme Cristiano Grassi le souligne en préface). Arrivé à l'issue du run de David, Goodwin se contente d'enfoncer le clou, bien que son arc, qui évoque entre autres les dictatures d'Amérique centrale, soit indubitablement d'un autre niveau et bénéficie de la création d'un antagoniste nettement plus intéressant : le docteur Geist.
C'est avec plaisir que l'amateur retrouvera les planches de Buscema : plus particulièrement cette expressivité, son sens du mouvement, cette lisibilité du découpage et l'efficacité du dosage du détail, bien que ses arrière-plans et décors soient parfois expédiés, voire inexistants dans le pire des cas. Cette pleine page où Lindsay chante nonchalamment accoudée au piano (confer le #8) rappelle que Buscema savait dessiner les femmes. Concernant l'encrage, on pourra préférer celui de Williamson, plus net et plus fini, à celui de Sienkiewicz, dont le rendu est plus brut. Puis arrive Byrne, pour le plus grand bonheur du lecteur ; mais ses crayonnés sont trop marqués par la patte de Janson, l'encreur. Les finitions sont plus satisfaisantes qu'avec Buscema, cela étant. Enfin, ce n'est pas ici que Colan a réalisé ses plus belles planches.
C'est à Nicole Duclos (ici, à elle seule) qu'a été confiée la traduction. Le résultat est suffisamment convaincant. En outre, son texte est immaculé : ni faute ni coquille.
Si Claremont se retire en beauté, l'arc de David représente le ventre mou de ce recueil, assurément. Le problème est qu'il est long, trop long : six numéros, soit quand même cent vingt pages, environ. Si le lecteur a tenu bon et n'a pas lâché l'affaire en cours, il se réjouira du changement de scénariste avec l'arrivée de Goodwin.
Mon verdict : ★★★☆☆
Barbüz
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Wolverine, Jessica Drew, Lindsay McCabe, Karma, Hulk, Bloodsport, Roughouse, Ba'al-Hadad, Bandera, Dr Nikolaus Geist, Requin Tigre, Nuke, Marvel, Panini Comics
De quatre étoiles pour le tome 1 à trois pour celui-ci, d'un autre côté, il n'y a pas plus d'épisodes de Frank Miller.
RépondreSupprimerJe n'ai gardé aucun souvenir des épisodes Wolverine & Hulk, voire je ne les ai peut-être pas lus, les années ayant passé je ne sais plus. Un rapide tour par le site Marvel Fandom pour regarder les couvertures me permet de constater que j'ai lu jusqu'à l'épisode 10 inclus (celui avec Sabretooth), et que j'ai sauté ceux écrits par Peter David. Intéressant de les découvrir dans ton article.
Retour à San Francisco pour du comics d'action et de superhéros classique de ce que tu en dis, ce qui fait perdre tout originalité à la série.
Les arrière-plans et décors de John Buscema sont parfois expédiés, voire inexistants : pas sûr qu'il fusse très investi dans ces comics de superhéros à ce stade de sa carrière,
J'avais gardé un bon souvenir des épisodes Goodwin, Byrne et Janson, au point d'en proposer un article à Bruce. A noter que Byrne s'encre lui-même pour l'épisode 23. Je leur avais attribué 4 étoiles.
https://www.brucetringale.com/combines-en-amerique-centrale-wolverine-classic-4/
L'épisode avec Sabretooth est bon ; en tout cas, il m'a plus.
SupprimerGoodwin et Byrne - Effectivement, je leur aurais attribué quatre étoiles en tant que tels. Ce sont de très bonnes pages, bien différentes de celles de Claremont, mais j'apprécie beaucoup le Dr Geist, un personnage que je trouve très intéressant, surtout lorsqu'il explique que son métier est devenu purement alimentaire (pour entretenir sa coûteuse armure), sous-entendant qu'il est dénué de toute idéologie (alors qu'il était nazi au départ).