"The Dark Knight Returns" est un album de deux cent quarante pages sorti dans la collection DC Essentiels d'Urban Comics en mars 2013. Il reprend la mini-série VO du même titre, publiée en quatre parties entre février et juin 1986. En France, cette histoire a connu plusieurs éditeurs (BD US, Delcourt, Panini Comics) et éditions, dont une de novembre 2012 avec les DVD et Blu-ray du film animé dans la collection DC Premium d'Urban Comics.
Le scénario et les dessins sont de Frank Miller. L'encrage est de Klaus Janson, qui, à l'époque (1981 à 1983), a déjà travaillé avec Miller sur "Daredevil" ; la mise en couleurs est signée Lynn Varley.
Gotham City. Au trophée Neuman, Bruce Wayne, 55 ans, pilote la Ferris 6000. Il est sur la dernière ligne droite. L'ordinateur de bord se dérègle ; Wayne passe en manuel. Dans les écouteurs, Carol Ferris se plaint que son allure est trop élevée. L'ordinateur étant capricieux, Bruce doit le malmener afin de reprendre les commandes ; il s'aperçoit qu'il apprécie cette situation. Quelques flammes commencent à gagner l'habitacle. Le véhicule fait une embardée ; son pilote sait qu'il n'a qu'un instant bref pour abandonner. Mais la ligne d'arrivée est proche, très proche... Le pneu avant gauche se détache de la voiture, et Wayne doit donner un brusque coup de volante vers la droite. Le véhicule racle le bitume. Le journal télévisé du soir revient sur l'accident ; la Ferris 6000 a pris feu sur la ligne d'arrivée, jusqu'à devenir un véritable cercueil de flammes. Wayne s'est éjecté à la toute dernière seconde et n'a subi que quelques brûlures superficielles.
À Gotham City, c'est la canicule. Le thermomètre indique 36º. La vague de chaleur a entraîné une hausse de la criminalité. La semaine passée, trois religieuses ont été brutalement assassinées ; l'acte a été revendiqué par le gang des Mutants. Gordon, chef de la Police, aura 70 ans dans quatre semaines, date à laquelle il prendra sa retraite. Il lui reste donc un mois pour coincer ceux qui ont voulu l'intimider en envoyant des menaces de mort...
"The Dark Knight Returns", c'est l'appel de la chauve-souris. Wayne, à 55 ans, quitte sa retraite, se pare à nouveau de la cape et du masque, et fait équipe avec le nouveau Robin, une gamine de 13 ans. Miller crée une œuvre urbaine, sombre et violente. Il déploie un mode narratif avec action en continu grâce à des flashs infos télévisés récurrents entre les scènes. Bien plus que le crépuscule d'une légende incontournable du super-héroïsme, ceci est un brûlot, le constat d'une société puérile, suicidaire et inconsciente à bout de souffle, qui vénère des psychologues condescendants à l'ego hypertrophié ou des meurtriers psychopathes. Ici, l'homme "de la rue" n'a guère d'amour pour son prochain, la jeunesse cède à des mentors encouragent la violence et la cruauté qu'ils ont en eux. Les autorités gouvernementales et la fonction présidentielle, caricature cinglante de Ronald Reagan en vieillard cacochyme et paternaliste, se désintéressent des citoyens pour se consacrer à des enjeux géopolitiques et idéologiques après avoir mis ce qu'il reste des super-héros en laisse. Les parents, englués dans les fantasmes sans lendemain de leur jeunesse d'activistes, n'accordent guère d'importance à l'éducation de leurs rejetons ; la justice est confiée à des politicards cyniques qui, depuis les coulisses, manipulent les ficelles de pantins moralement faibles et démagogues. Les médias, pour l'audimat, véhiculent des informations contrôlées, exacerbent les différences d'opinions, encouragent le voyeurisme, et privilégient le sensationnel. Quant à l'armée, elle est corrompue au plus haut niveau (un lien avec "Daredevil : Renaissance" pourra être établi). Dans cette bande dessinée, pamphlet antilibéralisme corrosif, le super-héros est bien plus qu'un être doté de super-pouvoirs dont il devrait chercher le sens ; c'est avant tout un leader, un mentor, un père spirituel. La partie graphique est parfaite. Les illustrations de Miller doivent certainement beaucoup à l'encrage de Janson. Varley pare les dessins d'un halo grisâtre qui convient entièrement à l'œuvre.
La traduction a été réalisée par Nicole Duclos. Son travail est irréprochable. L'album est imprimé sur un beau papier mat. La maquette est soignée, malgré une table des matières et une pagination absentes. Des bonus (script, croquis) ont été ajoutés.
Ce chef-d'œuvre, l'un des plus grands comics, est un brûlot qui dénonce l'égoïsme infantile et le nihilisme irresponsable de nos sociétés modernes, mais l'espoir n'est pas absent. À lire, à relire, avec ouverture d'esprit et volonté de remise en question.
Le scénario et les dessins sont de Frank Miller. L'encrage est de Klaus Janson, qui, à l'époque (1981 à 1983), a déjà travaillé avec Miller sur "Daredevil" ; la mise en couleurs est signée Lynn Varley.
Gotham City. Au trophée Neuman, Bruce Wayne, 55 ans, pilote la Ferris 6000. Il est sur la dernière ligne droite. L'ordinateur de bord se dérègle ; Wayne passe en manuel. Dans les écouteurs, Carol Ferris se plaint que son allure est trop élevée. L'ordinateur étant capricieux, Bruce doit le malmener afin de reprendre les commandes ; il s'aperçoit qu'il apprécie cette situation. Quelques flammes commencent à gagner l'habitacle. Le véhicule fait une embardée ; son pilote sait qu'il n'a qu'un instant bref pour abandonner. Mais la ligne d'arrivée est proche, très proche... Le pneu avant gauche se détache de la voiture, et Wayne doit donner un brusque coup de volante vers la droite. Le véhicule racle le bitume. Le journal télévisé du soir revient sur l'accident ; la Ferris 6000 a pris feu sur la ligne d'arrivée, jusqu'à devenir un véritable cercueil de flammes. Wayne s'est éjecté à la toute dernière seconde et n'a subi que quelques brûlures superficielles.
À Gotham City, c'est la canicule. Le thermomètre indique 36º. La vague de chaleur a entraîné une hausse de la criminalité. La semaine passée, trois religieuses ont été brutalement assassinées ; l'acte a été revendiqué par le gang des Mutants. Gordon, chef de la Police, aura 70 ans dans quatre semaines, date à laquelle il prendra sa retraite. Il lui reste donc un mois pour coincer ceux qui ont voulu l'intimider en envoyant des menaces de mort...
"The Dark Knight Returns", c'est l'appel de la chauve-souris. Wayne, à 55 ans, quitte sa retraite, se pare à nouveau de la cape et du masque, et fait équipe avec le nouveau Robin, une gamine de 13 ans. Miller crée une œuvre urbaine, sombre et violente. Il déploie un mode narratif avec action en continu grâce à des flashs infos télévisés récurrents entre les scènes. Bien plus que le crépuscule d'une légende incontournable du super-héroïsme, ceci est un brûlot, le constat d'une société puérile, suicidaire et inconsciente à bout de souffle, qui vénère des psychologues condescendants à l'ego hypertrophié ou des meurtriers psychopathes. Ici, l'homme "de la rue" n'a guère d'amour pour son prochain, la jeunesse cède à des mentors encouragent la violence et la cruauté qu'ils ont en eux. Les autorités gouvernementales et la fonction présidentielle, caricature cinglante de Ronald Reagan en vieillard cacochyme et paternaliste, se désintéressent des citoyens pour se consacrer à des enjeux géopolitiques et idéologiques après avoir mis ce qu'il reste des super-héros en laisse. Les parents, englués dans les fantasmes sans lendemain de leur jeunesse d'activistes, n'accordent guère d'importance à l'éducation de leurs rejetons ; la justice est confiée à des politicards cyniques qui, depuis les coulisses, manipulent les ficelles de pantins moralement faibles et démagogues. Les médias, pour l'audimat, véhiculent des informations contrôlées, exacerbent les différences d'opinions, encouragent le voyeurisme, et privilégient le sensationnel. Quant à l'armée, elle est corrompue au plus haut niveau (un lien avec "Daredevil : Renaissance" pourra être établi). Dans cette bande dessinée, pamphlet antilibéralisme corrosif, le super-héros est bien plus qu'un être doté de super-pouvoirs dont il devrait chercher le sens ; c'est avant tout un leader, un mentor, un père spirituel. La partie graphique est parfaite. Les illustrations de Miller doivent certainement beaucoup à l'encrage de Janson. Varley pare les dessins d'un halo grisâtre qui convient entièrement à l'œuvre.
La traduction a été réalisée par Nicole Duclos. Son travail est irréprochable. L'album est imprimé sur un beau papier mat. La maquette est soignée, malgré une table des matières et une pagination absentes. Des bonus (script, croquis) ont été ajoutés.
Ce chef-d'œuvre, l'un des plus grands comics, est un brûlot qui dénonce l'égoïsme infantile et le nihilisme irresponsable de nos sociétés modernes, mais l'espoir n'est pas absent. À lire, à relire, avec ouverture d'esprit et volonté de remise en question.
Mon verdict : CHEF-D'ŒUVRE
Barbuz
Pas mieux et 100% d'accord. Une BD qui ne perd rien en efficacité et en charge émotionnelle, relecture après relecture. Chef d’œuvre aussi pour moi.
RépondreSupprimerJe ne sais pas combien de fois je l'ai lue, en tout ; cinq fois, six fois, dix fois ? Toujours est-il que c'est cette dernière lecture qui m'aura le plus marqué.
SupprimerQuand je pense qu'il écrivait, presque en même temps, "Born Again"...