mercredi 7 novembre 2018

The Punisher (tome 6) : "Le Tigre" (Panini Comics ; janvier 2007)

"The Punisher" est une série qui s'étalera sur soixante-quinze numéros, de mars 2004 à octobre 2009 en VO, et d'avril 2004 à janvier 2011 en VF. "Le Tigre" (janvier 2007), le sixième tome des dix-huit de "The Punisher" sortis sous le label adulte MAX chez Panini Comics, est un recueil qui ne contient que des numéros spéciaux. Au programme, "La Cellule" ("The Cell" en VO, juillet 2005), "Noël rouge" ("Red X-Mas", février 2005), "Bloody Valentine" (avril 2006) et "Le Tigre" ("The Tyger", juillet 2006). Depuis 2013, Panini Comics réédite le tout en compilant deux histoires par volume. C'est la première édition que présente ce billet, un album couverture flexible de près de cent soixante-dix planches.
"La Cellule" est écrit par Garth Ennis, dessiné par Lewis LaRosa, encré par Scott Koblish et mis en couleurs par Raul Trevino. "Noël rouge" est réalisé par James Palmiotti et Justin Gray, Mark Texeira (encrage de Palmiotti), et Trevino. "Bloody Valentine", scénarisé par Palmiotti et Gray, est illustré par Paul Gulacy, mis en couleurs par Paul Mounts. "Le Tigre" est signé Ennis, dessiné, encré par John Severin (1921-2012), mis en couleurs par Mounts.

Un matin d'octobre. Son dernier appel ayant été rejeté par la Cour, Francesco Drago, le Capo di tutti i capi ("chef de tous les chefs"), reste enfermé au pénitencier de Ryker's, où il partage une cellule équipée (télévision, radio et gazinière) avec George Apostolo, le "consigliere" du clan, Enzo Gaucci, un tueur à gages, et les frères jumeaux Paulie et Phyllie Germaine, gardes du corps de Drago. Ces cinq-là sont regroupés au même endroit pour la première fois depuis longtemps, et c'est exactement ce que Frank Castle attendait. À la suite de cette décision de justice, le Punisher se livre à la police, sans violence ; il renonce à un avocat et avoue ses crimes. Six mois plus tard, il est incarcéré à la prison de Ryker's, escorté par quatre gardiens. Tandis qu'il est mené vers sa cellule, les taulards le sifflent. Castle a expédié bon nombre de leurs amis six pieds sous terre. Il sait ce qui l'attend ; le gardien-chef Leonard ne donne pas cher de sa peau...

"Le Tigre" est une compilation de quatre numéros spéciaux dont la qualité est aussi disparate que le patchwork de styles graphiques qu'elle présente. "La Cellule", le plus long (une petite cinquantaine de planches) est un récit dans la lignée de la série. Castle choisit d'être enfermé dans un univers clos dont il connaît tous les rouages. Ennis y décrit le monde carcéral comme un véritable enfer sur Terre, dont les occupants sont des bêtes irrécupérables dont aucune ne songe à la rédemption. C'est la lie de l'humanité sous sa pire forme. LaRosa, qui avait déjà œuvré sur le second arc de la série ("Au commencement..."), livre ici avec Koblish et Trevino un travail remarquable ; la totalité des scènes se déroule dans une atmosphère de pénombre, et les dernières planches laissent supposer un hommage au "Halloween" (1978) de John Carpenter. "Noël rouge" est construit sur une idée de départ très intéressante : les épouses de mafieux assassinés veulent se venger de Castle. Hélas, le développement et la conclusion sont bien trop sages et font pâle figure par rapport aux épisodes d'Ennis. Ce récit, de plus, souffre d'une partie graphique originale, mais pas suffisamment soignée, et dont les affrontements physiques pourront parfois rappeler un spectacle de marionnettes désarticulées. "Bloody Valentine", une série B peu imaginative, trop linéaire et prévisible, pourra être rangé parmi les ersatz "James Bond" (les moins bons) ; trop vite, trop d'explosions, "l'émotiomètre" reste à zéro. Il est évident que ce n'est pas là que Gulacy a livré ses meilleures planches. Le dernier épisode, "Le Tigre", est intéressant, car il repose la question des origines du Punisher ; et si elles remontaient à avant le Viêt Nam ? Ennis crée un véritable climat de peur et d'omerta, et montre à quel point le crime organisé peut briser les vies de gens sans histoires. Il faut souligner la performance de Severin, âgé de quatre-vingt-cinq ans à l'époque où il illustre les planches du "Tigre" ; chapeau bas pour un artiste consommé au trait très personnel et pour un résultat surprenant.
La traduction est de Nicole Duclos, à nouveau. Son travail aurait été impeccable s'il n'y avait pas eu deux fautes de conjugaison. Côté maquette, l'éditeur regroupe les couvertures originales à la fin ; elles auraient dû être insérées en début de chapitre.

"Le Tigre", malgré une qualité moyenne acceptable à défaut d'être vraiment satisfaisante, est en décalage par rapport à la série. À l'exception de "La Cellule", aucun des autres épisodes, sauf peut-être "Le Tigre", ne méritait de figurer dans un album.

Mon verdict : ★★★☆☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Je n'ai lu que 2 de ces histoires, celles écrites par Garth Ennis, car pour le coup l'éditeur Marvel n'avait pas fait de mélange entre celles d'Ennis et les autres. Je n'avais pas été entièrement convaincu par ces 2 épisodes. Ce n'est qu'en lisant le commentaire sur The cell que j'ai compris que le dessinateur avait repris le visage de plusieurs acteurs, par exemple Pete Postlethwaite, Danny Trejo. Il installe une tension effectivement à couper au couteau.

    The Tyger - Ennis reprend le thème de Born : les graines du Punisher étaient déjà présentes en Frank Castle dès son plus jeune âge. Les dessins de John Severin sont précis, mais conservent une forme de gentillesse qui mine un peu la tension narrative.

    Je retiens le concept d'Emtionnmètre. :)

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    1. C'est vrai que les dessins de Severin conservent une certaine forme de gentillesse, mais j'ai quand même trouvé que l'artiste parvenait à distiller quelque chose de sinistre dans ses cases et ses planches.

      Tu dois t'en douter, mais le néologisme "d'émotiomètre" ne m'appartient pas. J'avais d'abord pensé à "émotimètre", mais une recherche rapide m'a révélé "qu'émotiomètre" était déjà utilisé - à défaut d'être reconnu.

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    2. À vrai dire, je ne m'en étais pas douté. Par contre, j'ai par la suite été à nouveau confronté à cette problématique des dessins de John Severin, parfois trop simplifiés en degré de précision, parfois pas assez incisifs par rapport à la noirceur du scénario. Je modère mon jugement de valeur en prenant en compte que sa carrière dans les comics a débuté aux environs de 1947/1948, et, qu'il dessinait toujours en 2011.

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