"Kriss de Valnor" est le vingt-huitième volume de "Thorgal". Il est sorti aux éditions Le Lombard en octobre 2004. Il s'agit du second des trois tomes du "Dernier voyage", le huitième cycle.
L'histoire est de Jean Van Hamme, qui reste le scénariste de la série jusqu'en 2007, date à laquelle il se retire. Couverture, dessins, encrage sont réalisés par Grzegorz Rosiński ; il a annoncé son départ du titre en août 2018. La mise en couleurs est signée Graza Kasprzak. L'album compte quarante-six planches.
À l'issue du tome précédent, l'Empereur ordonne que la dépouille de Thorgal soit enterrée afin de rendre honneur à son courage. Mais les légionnaires abandonnent son corps tel quel.
Un port romain, la nuit. Une torche brille sur le quai. Un bateau y est amarré, ses voiles baissées. Jolan, suivi par Aaricia, descend les escaliers, se dirige vers un inconnu qui attend, et lui demande si tout va bien. L'autre répond par l'affirmative, et l'interroge au sujet des bijoux promis. Lorsque le garçon lui paie son dû, l'homme, satisfait, lui confirme qu'ils peuvent embarquer. Ils montent à bord ; le capitaine leur ordonne de se cacher rapidement sous une tente pendant qu'il hisse la voile. Au même moment, l'un des pans de la toile se soulève : c'est l'Empereur, qui patientait sur le bateau. Il récompense le propriétaire du navire d'une bourse, et précise à Aaricia et Jolan que c'est la deuxième fois en un mois qu'ils tentent de s'échapper. Ils ont eu tort de s'imaginer que ses marins oseraient le trahir - surtout payés en bijoux volés à son épouse. Aaricia rétorque que c'est justement cette dernière qui les lui a offerts, par affection. Le monarque doute de la véracité de cette histoire. Lui aussi a de l'affection pour Aaricia et Jolan, mais le destin a voulu qu'ils soient esclaves, donc privés de liberté. Aaricia réplique qu'elle est née princesse du Northland, comme son interlocuteur est né prince de l'Empire d'Orient. S'il était à sa place, n'essaierait-il pas de recouvrer sa liberté ?...
Thorgal est séparé de sa famille, une fois de plus. Les Ægirsson ne se retrouvent-ils ainsi à chaque fois que pour mieux se perdre et se reperdre ? Le scénario repose sur deux intrigues parallèles. La principale est le retour de Kriss, qu'Aaricia, Jolan, et Louve rencontrent dans un camp d'esclaves pour leur plus grand malheur, pensent-ils, en réalisant avec stupéfaction que l'antihéroïne est de l'autre côté du fouet. Le lecteur sera étonné de voir une figure aussi fière, libre, ambitieuse et orgueilleuse être à l'œuvre en un tel lieu, mais les explications sont plus ou moins satisfaisantes, même si d'aucuns pourront faire remarquer que le "hasard" fait décidément bien les choses. Après en avoir fait un personnage impitoyable, manipulateur et égoïste au possible, Van Hamme offre ainsi une rédemption à l'archère, dont le nouveau comportement pourra surprendre ; Kriss de Valnor, devenue mère (c'est dans ces pages qu'apparaît Aniel pour la première fois), s'est-elle finalement découvert un cœur ? Ce revirement abrupt ne convaincra pas entièrement. L'autre intrigue est centrée autour de Thorgal ; les parents des jeunes nobles qui ont péri à la chasse à l'homme organisée par le gouverneur de la province du Ponant (dans "Le Barbare") veulent s'assurer que le Viking est bien enterré (et peut-être profaner sa sépulture ?). Arrivés sur les lieux, ils se rendent à l'évidence : celui qui est responsable de la mort de leurs fils est toujours en vie, et il est introuvable. L'officier qui les accompagne estime qu'il n'a pu quitter l'île. S'engage une nouvelle traque, dans laquelle Van Hamme fait de son personnage une véritable machine à tuer insaisissable, concept utilisé dans plusieurs tomes (voir notamment "La Cage"), ce qui pourra faire naître une sensation de déjà-vu. Les deux lignes narratives finiront évidemment par se rejoindre pour former un ensemble captivant, rythmé, et qui comporte son lot de surprises. La partie graphique est superbe. Si la diversité des physionomies et l'expressivité des visages (Aaricia apprenant qu'Aniel est le fils de Thorgal) étonnent encore, la variété des ambiances, le travail sur l'ombre et la lumière, et les couleurs de Graza suscitent l'admiration (la nuit sur le port, le camp d'esclaves, la fuite par les sous-terrains, la scène du bain). Enfin, il s'agit d'un album particulier puisque Rosiński passera à la couleur directe dans le tome suivant.
Thorgal est séparé de sa famille, une fois de plus. Les Ægirsson ne se retrouvent-ils ainsi à chaque fois que pour mieux se perdre et se reperdre ? Le scénario repose sur deux intrigues parallèles. La principale est le retour de Kriss, qu'Aaricia, Jolan, et Louve rencontrent dans un camp d'esclaves pour leur plus grand malheur, pensent-ils, en réalisant avec stupéfaction que l'antihéroïne est de l'autre côté du fouet. Le lecteur sera étonné de voir une figure aussi fière, libre, ambitieuse et orgueilleuse être à l'œuvre en un tel lieu, mais les explications sont plus ou moins satisfaisantes, même si d'aucuns pourront faire remarquer que le "hasard" fait décidément bien les choses. Après en avoir fait un personnage impitoyable, manipulateur et égoïste au possible, Van Hamme offre ainsi une rédemption à l'archère, dont le nouveau comportement pourra surprendre ; Kriss de Valnor, devenue mère (c'est dans ces pages qu'apparaît Aniel pour la première fois), s'est-elle finalement découvert un cœur ? Ce revirement abrupt ne convaincra pas entièrement. L'autre intrigue est centrée autour de Thorgal ; les parents des jeunes nobles qui ont péri à la chasse à l'homme organisée par le gouverneur de la province du Ponant (dans "Le Barbare") veulent s'assurer que le Viking est bien enterré (et peut-être profaner sa sépulture ?). Arrivés sur les lieux, ils se rendent à l'évidence : celui qui est responsable de la mort de leurs fils est toujours en vie, et il est introuvable. L'officier qui les accompagne estime qu'il n'a pu quitter l'île. S'engage une nouvelle traque, dans laquelle Van Hamme fait de son personnage une véritable machine à tuer insaisissable, concept utilisé dans plusieurs tomes (voir notamment "La Cage"), ce qui pourra faire naître une sensation de déjà-vu. Les deux lignes narratives finiront évidemment par se rejoindre pour former un ensemble captivant, rythmé, et qui comporte son lot de surprises. La partie graphique est superbe. Si la diversité des physionomies et l'expressivité des visages (Aaricia apprenant qu'Aniel est le fils de Thorgal) étonnent encore, la variété des ambiances, le travail sur l'ombre et la lumière, et les couleurs de Graza suscitent l'admiration (la nuit sur le port, le camp d'esclaves, la fuite par les sous-terrains, la scène du bain). Enfin, il s'agit d'un album particulier puisque Rosiński passera à la couleur directe dans le tome suivant.
"Kriss de Valnor" offre une rédemption à celle qui aura été à l'origine de bien des drames pour les Ægirsson. Si ce revirement peut laisser le lecteur perplexe, ce tome est plutôt satisfaisant, dans l'ensemble, et propose une partie visuelle remarquable.
Le hasard fait décidément bien les choses. - C'est souvent le cas dans les récits d'aventure, où les personnages qui s'opposent arrivent de manière bien pratique au même moment et au même endroit. C'est le moment où le lecteur doit accepter de donner sa dose de suspension consentie d'incrédulité pour pouvoir bénéficier d'un récit divertissant. C'est le prix à payer. :) En te lisant, j'ai également l'impression que Jean Van Hamme a fait de la séparation de la famille des Ægirsson une sorte de leitmotiv dont la récurrence ou le systématisme demande également un peu de suspension consentie d'incrédulité.
RépondreSupprimerJe suppose que ce qui coûte sa 5ème étoile à cet album est le revirement de Kriss de Valnor ?
Oui, mais ce n'est peut-être pas la première fois que Van Hamme en abuse un peu, de ce hasard. Après, comme tu le soulignes si bien, c'est le prix à payer.
SupprimerLa cinquième étoile perdue, c'est en effet pour ce revirement pas assez progressif de Kriss de Valnor, pour ces scènes de déjà-vu où Thorgal, tapi dans l'ombre, zigouille tous ses adversaires, et pour ces séparations incessantes.