dimanche 28 avril 2019

"Fantastic Four" : L'Intégrale 1963 (Panini Comics ; janvier 2005)

Le second volume de l'intégrale consacrée aux Quatre Fantastiques par Panini Comics est sorti en janvier 2005. Ce recueil cartonné avec jaquette de près de trois cent dix planches environ compile les numéros 10 à 21 de la série régulière (de janvier à décembre 1963) ainsi que le "Fantastic Four Annual" #1 de juillet.
Le titre "Fantastic Four" est créé en 1961 par Stan Lee (1922-2018) et Jack Kirby (1917-1994), ici au scénario et aux illustrations. L'encrage est partagé entre Dick Ayers (1924-2014), Steve Ditko (1927-2018), et George Roussos (1915-2000). Stan Goldberg (1932-2014) réalise la mise en couleur (sans crédit dans l'annuel).

À l'issue du tome précédent, les Quatre Fantastiques sont ruinés. Namor veut en profiter, et élabore un plan pour se débarrasser d'eux, en leur faisant miroiter les sirènes d'Hollywood : un échec.
Au quartier général des Quatre Fantastiques, le Baxter Building, Reed Richards procède à quelques expérimentations sur Jane ; il la photographie avec un appareil à rayons X équipé d'un film radioactif, afin de découvrir des éléments encore inconnus sur sa faculté à devenir invisible. Johnny prend des notes. Jane, incommodée par la flamme de la Torche, commence à étouffer et leur demande de faire vite. Tandis que Reed et Johnny examinent le cliché, Jane attire leur attention ; le signal d'urgence des Quatre Fantastiques vient d'apparaître dans le ciel. Cela ne peut être que Ben Grimm, puisqu'il est le seul à l'extérieur. Les deux Storm s'enthousiasment déjà à l'idée d'une nouvelle aventure, mais Reed ne parvient pas à ouvrir la porte du laboratoire ; le verrou nucléaire est bloqué. Johnny active sa flamme, mais Reed l'arrête immédiatement ; le dispositif est extrêmement sensible à la chaleur. Il allonge son bras au maximum, le fait passer par tous les interstices disponibles, à tâtons, mais ne peut aller plus loin, l'exercice étant douloureux. Johnny concentre son pouvoir sur le verrou et réussit à ouvrir la porte. Ils se ruent à l'extérieur du bâtiment sans prendre le Fantasticar, l'alarme venant du quartier...

Ces épisodes sont conçus dans le même moule que les premiers. Lee propose ici des intrigues avec des caractérisations caricaturales ou manichéennes qui rappellent que si l'homme était un créateur hors pair à l'imagination débordante, ses qualités d'auteur n'étaient pas convaincantes. Ces numéros remplis d'idées sont néanmoins un tantinet plus aboutis que ceux des deux années précédentes. Les Quatre Fantastiques retrouvent le Docteur Fantalis dans ce qui pourra être perçu comme une réinterprétation du thème du Dr Jekyll et M. Hyde (1886), de Robert Louis Stevenson (1850-1894), dans laquelle Lee et Kirby ne résistent pas à l'envie de se mettre en scène. C'est dans ces pages qu'est créé l'Homme impossible, extraterrestre au comique répétitif terriblement ennuyeux qui ne sera plus réutilisé avant 1976, d'ailleurs. Puis viennent les premiers face-à-face avec Hulk ("né" l'année précédente), avec Ivan Kragoff, le Fantôme rouge (inventé ici), dans un récit propagandiste, le type d'exercice qui affectera plusieurs séries Marvel de l'époque, enfin avec le Penseur fou (idem). Parmi les autres personnages : le Super-Skrull, Rama-Tut (qui deviendra Kang le Conquérant), Nick Fury, ou encore l'Homme-Molécule, sans compter les multiples interventions du Gardien en deus ex machina. L'épisode le plus abouti, au niveau du scénario comme des dessins, est le tout dernier ; les Fantastiques y affrontent le Maître de la Haine dans un chapitre qui fait écho aux troubles sociaux que connaît le pays. Côté graphique, Kirby ne propose rien d'époustouflant. Son découpage est systématique ; trois bandes horizontales dans la plupart des cas, chacune divisée en deux à trois vignettes, jamais plus. Les enchaînements sont d'une lisibilité irréprochable, mais les arrière-plans sont souvent réduits à leur plus simple expression. L'artiste soigne toujours la toute première planche de chaque aventure, qui lui offre l'occasion de mieux exploiter son talent en sortant du carcan du maillage standard ; notons la variété des physionomies des différents protagonistes.
La traduction de Geneviève Coulomb est honorable, mais toutes les onomatopées n'ont pas été adaptées. Dommage que l'éditeur ait conçu ces intégrales avec des couvertures originales en fin du volume plutôt que de les insérer entre les épisodes.

Les numéros des Quatre Fantastiques de cette année-là ne sont guère plus captivants que les premiers de la série. L'ensemble se lit néanmoins sans déplaisir, d'autant que certains récits sortent du lot, dont le dernier (nº21), avec le Maître de la Haine.

Mon verdict : ★★★☆

Barbuz

3 commentaires:

  1. Lee et Kirby ne résistent pas à l'envie de se mettre en scène : ça m'avait surpris la première fois que j'avais découvert cette façon de briser le 4ème mur. Je n'aurais jamais imaginé que les auteurs de comics se livrent à cette facétie. Depuis, j'ai cru comprendre qu'il s'agissait surtout de personnaliser les créateurs pour susciter un lien affectif avec les lecteurs.

    Impossible Man : avec le recul, j'ai l'impression que Stan Lee devait tenter de décliner Mister Mxyzptlk (créé en 1944), une sorte de tradition comique, puisque Batman avait eu droit au sien : Bat-Mite créé en 1959.

    Kirby ne propose rien d'époustouflant : c'est l'impression sur laquelle j'étais resté, ce qui ne me motive pas pour alle relire ces épisodes.

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    1. Bah. Je sais déjà à quoi m’attendre, mais je vais continuer la lecture de cette intégrale malgré tout. A priori, ça ne peut que s’améliorer.

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  2. Je suivrais tes articles avec attention, car je suis curieux de voir si l'importance grandissante de Jack Kirby dans les scénarios se fait ressentir, et à partir de quel moment le duo Kirby/Sinnott atteint sa maturité.

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